Nul ne sait pourquoi et comment les dragons apparaissent. Ce que l'on sait c'est que leur seule présence suffit à déclencher des désastres. Leur influence maléfique croît peu à peu de façon concentrique autour de leur repaire, effrayant les bêtes, transformant les hommes en monstres, amenant le chaos et la destruction. Seules capables d'échapper à ce maléfice, les jeunes vierges ont le don d'approcher les dragons sans éveiller leur attention. Ceci explique l'existence de l'ordre des Chevalier Dragons, constitué uniquement de jeunes filles, pures et féroces guerrières entraînées dans le but d'éradiquer ces grosses bestioles à écailles. La geste des Chevaliers Dragons nous conte l'histoire du chevalier Jaïna et de son écuyère Ellÿs, parties occire un dragon dont le pouvoir maléfique menace une grande cité. Mais pourquoi les dirigeants de la cité ont-ils attendu si longtemps avant de faire appel à l'ordre des Chevaliers Dragons ? Qu'est devenue la soeur aînée de Jaïna partie avant elle affronter le monstre ? Autant de questions qui se dresseront sur la route des deux jeunes filles. Une route qui s'annonce parsemée d'embûches, dans un monde où les hommes ont bien souvent du mal à admettre que leur sort repose entre les mains de pucelles armées d'épées. (Mais bon, à en croire la tendance, les guerrières pulpeuses à seins nus sont devenues indispensables à tout album de Fantasy digne de ce nom, il faudra que les Conans et autres mâles musclés s'y fassent). Le couple Varanda/Ange est une association qui a déjà fait ses preuves avec Reflets d'écume et Bloodline parus chez vents d'Ouest. Varanda est un jeune dessinateur (les lecteurs de Bifrost vont finir par croire que les vieux dessinateurs n'existent pas) qui a commencé dans l'illustration de jeu de rôle. Ses progrès d'un album à l'autre sont flagrants. Le dessin de La geste des Chevalier Dragons confirme un style qui s'appuie sur un noir et blanc énergique et efficace, manifestement influencé par le dessin américain. Un grand sens du détail et une construction intelligente donnent toute sa cohérence graphique à l'album ; dommage que les visages soient trop stéréotypés, ne serait-ce que pour les deux héroïnes, même corps-même gueule déclinés sur le mode brune/blonde. Sous la signature Ange se dissimule un couple d'écrivains/scénaristes/traducteurs qui a travaillé pour le jeu de rôle sous le pseudo G.E. Rane. Deux personnes qui ont beaucoup écrit et qui, on peut le supposer, maîtrisent sans mal les règles des récits d'heroic fantasy. Pas étonnant donc que l'on se retrouve avec un récit très (trop ?) classique : dragons, chevaliers, monstres, cité merveilleuse, et tutti quanti. L'histoire est bien menée et on regrettera simplement de ne pas avoir eu dix pages de plus, histoire d'installer mieux l'ambiance et de développer plus avant quelques pistes simplement évoquées dans le scénario. En tous cas le cadre et les personnages mis en place peuvent appeler de nouveau récits. Alors à quand un nouvel album ?
Eteyas Bifrost n°9 01/07/1998
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