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« C'était durant une de ces périodes obscures et sauvages, marquées par le sang et le feu mélangés, que Balder, Leedia-Lel et le baron Ingram Dale allaient vivre leur plus grande aventure.
Trois destinées hantées par le souvenir brûlant d'une guerre sombre comme la nuit, qui les emporterait des portes de Siccatris aux lumières étincelantes de Bakhine-la-Belle… fief du grand roi Selenius, leur seigneur à tous. » | |
Entièrement centré sur la guerre qui oppose Selenius à son beau-frère Pirus Ascona, l'argument de cette nouvelle série pourrait paraître trop simple pour retenir l'attention. Erreur !... Une fois plongé dans la lecture, nous sommes entraînés par un texte abondant et littéraire qui se révèle tout à fait convaincant et qui dresse le tableau crédible d'un affrontement terrible où les forces en jeu sont multiples.
L'un des points forts du scénario est que la guerre principale s'est déroulée quinze ans plus tôt, aboutissant à la victoire totale de Selenius. Cet artifice permet de doter les personnages d'un passé complexe, puisqu'ils ont participé de diverses manières à cette guerre effroyable, tissant entre eux des relations tortueuses. Ils se connaissent, s'apprécient ou se détestent, en fonction de leurs antécédents qui nous seront peu à peu dévoilés, dans de nombreux retours en arrière. Le passé pèse fortement sur les protagonistes, qui acquièrent ainsi une intensité dramatique presque dès leur présentation.
Balder ou Leedia, présentés comme de simple vagabonds, sont justement de ces personnages très forts. Balder, qui dans les premières pages ressemble à un héros solitaire comme Conan, se révèle ainsi être un personnage bien plus important qu'on ne l'imagine : il est le Serpent de Salamönn, réputé mort à l'issue de la guerre dont il changea le cours… De même, la belle Leedia est une sorcière-aux-longs-couteaux, capitaine de la garde personnelle du roi Selenius.
Tout ne nous est pas dévoilé dans ce premier album - nous ignorons par exemple pourquoi Balder et Leedia ont choisi le camp de Selenius -, mais nous sommes déjà captivé par l'épaisseur des caractères et la richesse de l'Histoire de ces royaumes barbares. En outre, aucune des deux forces en présence n'apparaît sympathique, ce qui laisse totalement ouvert l'issue des combats : Selenius et Pirus étant de parfaits dictateurs, y'aura-t-il un troisième parti plus humain ?
Le dessin peut paraître initialement un peu confus, mais de la même façon que le texte nous captive, il se révèle très efficace dès que nous avons pénétré dans l'histoire.
Les scènes historiques du passé, peintes en noir et or, en jeu d'ombres et de lumières, sont précises et illustrent parfaitement la dimension héroïque du propos.
L'histoire présente est au contraire riche en couleurs et fourmillante de détails, le dessin apportant beaucoup d'éléments en supplément du texte. Il représente par exemple de nombreuses créatures fantastiques qui n'ont aucun rôle dans l"histoire, ce qui accentue habilement la richesse de l'univers décrit, et ouvre de multiples possibilités pour les albums suivants.
Au total, ce premier album de Franck Poua, fantasy héroïque sombre et violente, au ton tragique et volontairement denué d'humour, est la révélation d'un nouveau talent. A suivre de très près…
Pascal Patoz nooSFere
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