|
« Dans chaque camp le jeu a commencé, et sur l'échiquier les fous se sont élancés. Chacun sur son champion, son héraut a misé. De tous ceux-là, qui saura le mieux tricher ? » | |
Christophe Gibelin est décidément un scénariste étonnant, qui n'a pas son pareil pour mettre en scène des univers étranges, envoûtants et inquiétants. Ses intrigues sont intéressantes et rigoureuses, mais il excelle avant tout dans la création d'ambiances insolites qui ajoutent une véritable touche d'originalité à chacune de ses histoires.
Le Bateau Feu n'échappe pas à cette règle. Nous y découvrons la Bretagne d'avant-guerre, où s'échoue un sous-marin mystérieux, puis l'île d'Is, peuplée de morts. Ce lieu morbide est contrôlée par le Malin qui a usurpé le pouvoir il y a des siècles, après en avoir dépossédé la princesse Ahez, guère plus sympathique que lui. En parallèle, des moines gris complotent pour détruire cette île démoniaque et sauver leurs âmes.
Les clés des écluses, de nature magique, deviennent ainsi l'enjeu d'une partie complexe.
Les personnages sont nombreux dans ce récit peu banal, et nous suivons alternativement le parcours de plusieurs d'entre eux, ce qui évite la platitude d'une narration linéaire et d'un récit centré sur un seul héros. Certains sont particulièrement touchants , comme la petite Mathilde qui refuse l'idée de faire partie des morts...
Comme nous l'avons souligné plus haut, c'est surtout l'atmosphère iréelle qui constitue l'attrait principal de cette œuvre fantastique. La silhouette de l'imposant cargo dans la baie d'Is forme une sorte de contraste anachronique qui accentue l'impression d'étrangeté et le climat onirique de l'album.
Classique, le dessin d'Heloret sait s'adapter aux différentes séquences et au changements de tonalités imposés par le récit. Bien qu'inégal, il est toujours agréable et chaleureux.
L'ensemble forme donc une belle série fantastique, qui devrait encore nous surprendre.
Pascal Patoz nooSFere
| |
|
.
|