Cette fois ça y est : Musky, débarrassée de ses oripeaux de clown asexué et de son bonnet de bain, nous montre ses bouclettes et son dos. Mieux, elle a droit à deux étreintes avec le bel Axel ! Hélas, la première tourne court et la seconde se présente sous la forme d'un flash forward qui ne s'imprime pas dans le crâne du vagabond des limbes. Pourtant il y a du mieux, surtout que les auteurs, conscients sans doute de la lassitude que peut entraîner cette quête sans fin, nous laissent entrevoir que le bel Axel a sans doute sous la main celle qu'il cherche à l'autre bout du rêve.. Le corps de l'aventure est un cerveau géant qui absorbe l'univers : il y a quelques belles vues de cette amibe cosmique (plus viscérale que cérébrale), et deux superbes planches sur une planète en feu (rendons ici grâce au coloriste, en général oublié dans les critiques : Chagnaud). Mais les péripéties avec les robots chamailleurs qui gardent le supercerveau sont un peu lassantes, et prennent trop de place : le problème avec cette série, c'est nettement l'inadéquation entre la tragédie épique (Axel pourrait être une sorte de Silver Surfer « français ») et la tentation de Godard de tirer l'aventure vers le second degré, quand ce n'est pas le burlesque. Mais c'est toujours intéressant, charmant, charmeur — toujours cette même réussite en mineur.
Jean-Pierre Andrevon Fiction n°346 01/12/1983
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