Joseph ALTAIRAC Première parution : Amiens, France : Encrage, collection Références n° 7, avril 1998
Illustration de (non mentionné)
ENCRAGE
(Amiens, France), coll. Références n° 7 Dépôt légal : avril 1998, Achevé d'imprimer : avril 1998 Première édition Biographie, 208 pages, catégorie / prix : 65 FF ISBN : 2-906389-88-9 Format : 13,0 x 20,0 cm Genre : Science-Fiction
Dédicace : Pour André Ruellan, rescapé à quel prix de "La Guerre des mondes".
La collection « Références » propose de mettre à la portée de tous, dans une présentation claire, l'essentiel des connaissances sur un auteur et son oeuvre.
Père de la science-fiction, précurseur de la prospective, utopiste, réformateur et romancier social, l'écrivain britannique Herbert George Wells (1866-1946) apparaît comme l'homme-orchestre de la modernité. Malgré la célébrité de l'auteur de La Machine à explorer le Temps, on ne trouve plus aujourd'hui d'ouvrage en langue française qui lui soit consacré. Cette monographie est donc un événement au moment où l'on fête le centième anniversaire de la publication en volume de La Guerre des mondes.
Secrétaire du Prix Rosny-Aîné, responsable des Cahiers d'études lovecraftiennes et de Scientifictions, la revue de l'imaginaire scientifique, Joseph Altairac est considéré comme l'un des meilleurs spécialistes de la science-fiction.
1 - Bibliographie commentée, pages 133 à 194, bibliographie 2 - Index des titres, pages 195 à 197, index 3 - Bibliographie critique, pages 198 à 199, bibliographie 4 - Adaptations, pages 200 à 203, filmographie 5 - Chronologie de H. G. Wells, pages 204 à 207, notes
Critiques
S'il ne fallait retirer qu'un seul enseignement de ce livre, s'il ne fallait donner qu'une seule raison de l'acheter et de le lire, elle nous serait fournie par l'auteur dans sa préface : exception faite d'un essai universitaire datant de 1971 et d'un numéro d'Europe datant de 1986 et consacré à l'auteur de La Guerre des mondes et à celui de La Guerre du feu, il n'existe en France aucun ouvrage sur H. G. Wells qui soit disponible en librairie. « Il se peut donc que, dans ce contexte, cette petite monographie ne soit pas entièrement inutile » , conclut Joseph Altairac.
Qu'on nous permette de taxer l'auteur d'une modestie excessive.
La question des origines de la SF est loin d'être réglée. Certains, tels Brian Aldiss, considèrent Mary Shelley comme la mère fondatrice du genre ; d'autres font remonter celui-ci à Verne, tandis qu'une majorité se dégage en faveur de Wells. Et il faut bien avouer que les arguments en faveur de ce dernier sont plutôt convaincants ; en l'espace d'une dizaine d'années, Wells a littéralement jeté les bases du genre, donnant à celui-ci des templets tels que La Guerre des mondes, La Machine à explorer le temps et L'Ile du docteur Moreau qui n'ont depuis lors cessé d'inspirer les écrivains de SF — et qui ont aussi suscité quantité de plagiats et de lamentables imitations sur grand écran.
Avec la rigueur et l'intelligence qu'on lui connaît, Joseph Altairac retrace dans ce volume l'évolution de Wells, sur le plan de la littérature comme sur celui des idées. L'auteur des Premiers Hommes dans la Lune n'était pas seulement le premier grand écrivain de SF mais aussi un auteur féru de sociologie, qui ne vivait pas à l'écart du monde mais bien au contraire se colletait sans cesse avec lui, et Altairac se garde bien de négliger cet aspect de sa personnalité, conservant toutefois vis-à-vis de certaines de ses idées une lucidité salutaire. L'impression que l'on retire de cet essai critique et biographique est celle d'un homme en prise directe sur son époque, qui a le plus souvent su marier réalisme et spéculation.
Si cet ouvrage vient à point, ce n'est pas seulement parce qu'il comble un vide dans notre pays. La science-fiction traverse aujourd'hui une crise pour le moins inattendue : ses principaux thèmes sont en effet suffisamment connus du grand public pour que les médias de masse puissent les aborder, mais ils le font toujours de façon superficielle ; les univers créés par la SF anglo-saxonne classique sont devenus si codifiés, si statiques qu'ils ne servent plus à présent que de maquettes pour des films et des romans dont la stratégie est celle de la fantasy — exception faite des créateurs adoptant une démarche que l'on pourrait qualifier de post-moderne, pour lesquels la SF est un réservoir de thèmes, d'images et de métaphores, bref un langage dont ils tirent des oeuvres brillantes et personnelles (je pense entre autres à Iain M. Banks avec son cycle de la Culture et à Dan Simmons avec la tétralogie d'Hypérion).
Ce n'est pas un hasard si certains des auteurs britanniques les plus passionnants d'aujourd'hui (Stephen Baxter, Brian Stableford...) font référence à Wells de façon implicite ou explicite. L'auteur de L'Homme invisible est à leurs yeux le père fondateur du genre, et face à la déliquescence de la SF dite classique, face à la relative impasse du courant cyberpunk, ils sont en train d'effectuer — du moins il me le semble — un retour aux sources wellsiennes qui leur permettra bientôt de nous offrir une SF revigorée.
La SF, c'est notre culture, et il est salubre de se replonger de temps à autre dans les sources de sa culture. La « petite monographie » de Joseph Altairac nous offre une occasion de le faire, et il faut l'en remercier et l'en féliciter. Cela ne peut que nous inciter à dépolluer le fleuve SF, qui en a bien besoin en ce moment — mais ceci est une autre histoire, comme disait un contemporain de Wells qui a lui aussi tâté de la spéculation.