FLAMMARION
(Paris, France), coll. Imagine n° (13) Dépôt légal : avril 2000 Première édition 322 pages, catégorie / prix : 104 FF ISBN : 2-08-067824-8 Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Pour John Justin Mallory, détective privé en pleine déconfiture, la nuit de la Saint-Sylvestre s'annonce mal. D'autant plus mal qu'au moment où il vient de faire un sort à sa dernière bouteille de bourbon, un elfe fait irruption dans son bureau. Un effet dévastateur de l'alcool ? Non. Les dix mille dollars que son étrange visiteur est prêt à payer pour une affaire où il y va de sa vie sont bien réels. Comme est bien réel le monde d'où il vient, ce Manhattan parallèle, double fantastique du « vrai », que l'on aperçoit parfois du coin de l'œil, mais qui disparaît dès que l'on tourne la tête... Mallory croit n'avoir pas grand chose à perdre à aller y faire un tour. Après tout, il en a déjà vu de toutes les couleurs.
Sauf qu'il n'a jamais affronté des gnomes affamés, des farfadets malveillants, des démons cruels et des magies surpuissantes...
Entre Raymond Chandler et Lewis Carroll, une « fantasy » où la malice le dispute à l'invention la plus débridée.
Mike Resnick, né en 1942, s'est imposé au cours des dernières années comme un des grands de la science-fiction américaine grâce à des fables humanistes inspirées de sa découverte émerveillée de l'Afrique. Son thème préféré : le choc des cultures et des civilisations. Le cycle de Kirinyaga (Denoël), que l'on a pu comparer aux célèbres Chroniques martiennes de Ray Bradbury, lui a valu tous les prix spécialisés.
Critiques
Un détective privé « typique » alcoolique, fauché et vaguement dépressif… , reçoit la visite d’un elfe libidineux qui l’embarque à la poursuite d’une licorne dans un Manhattan fantastique, sorte de pendant américain au Neverwhere londonien de Neil Gaiman.
Même si une quête est encore au centre de l’intrigue, comme souvent chez Resnick (par exemple, dans La Belle Ténébreuse, paru dans la même collection), le ton du récit est très différent de celui des autres romans de l’auteur : il s’agit cette fois d’une pure fantaisie, voire d’une farce, qui se veut aussi libre et débridée que possible.
Tout y suit une logique absurde, les créatures rencontrées appartiennent au domaine de la fantasy ou du conte de fées, et on peut changer d’univers en traversant miroirs magiques et tableaux enchantés…
Mais en réalité rien de tout ceci n’est magique ! Même lorsqu’il fige le temps, l’elfe affirme : « La magie n’a aucun effet ici. Ce que je viens de faire respecte complètement les lois de la nature. » Cette tentative de rationalisation n’est cependant pas détaillée plus avant et elle n’est destinée qu’à faire sourire : l’auteur nous demande ainsi d’accepter les événements les plus invraisemblables comme parfaitement naturels, sans réellement chercher à nous convaincre.
La balade est amusante, admirablement racontée, et l’on passe un bon moment à savourer cette fable où Resnick déploie beaucoup d’humour et de bonne humeur, multipliant les clins d’œil aux monuments de la littérature dite enfantine comme Alice au pays des merveilles, Peter Pan ou Pinocchio.
Ce n’est certes pas son meilleur roman, ni le plus ambitieux, mais la légèreté et la malice compensent largement le côté superficiel de l’intrigue. Il s’agit d’un pur divertissement, suffisamment rapide et varié pour faire sourire tout au long de la lecture, ce qui est en soi une réussite remarquable et digne d’estime.
John Justin Mallory est un détective privé au bout du rouleau. Sa femme est partie avec son associé et il croule sous les dettes. Alors qu’il noie son malheur dans l’alcool, un elfe apparaît dans son bureau et lui demande son aide afin de retrouver une licorne dont il avait la garde, et ce avant la fin de la nuit, sinon il risque la mort. D’abord sceptique, le privé suit l’elfe et se retrouve dans un Manhattan parallèle où les taxis sont des éléphants jaunes, où les Trolls se nourrissent des jetons utilisés pour payer le métro et où, d’une manière plus générale, le bon sens et la logique sont mis à rude épreuve. Mallory va donc de surprise en surprise mais en bon privé qu’il est, il essaye contre vents et marées de conclure son enquête, et pour cela, il lui faut s’adapter à cet univers étrange.
Les habitués de l’œuvre de Mike Resnick risquent d’être quelque peu surpris par ce roman très différent de ceux que l’on a eu l’occasion de lire en France jusqu’à présent. Il s’agit d’une histoire de fantasy qui fait un peu penser à Neverwhere de Neil Gaiman, le héros se retrouvant dans une version parallèle et magique de son propre univers. On sourit souvent devant l’absurdité des situations, née du décalage entre le monde que nous connaissons et le monde imaginaire du roman. Au passage, l’auteur égratigne, mine de rien, les petits travers de notre société.
Le sens du dialogue de l’auteur fait mouche et contribue grandement à la tonalité du roman, à la fois humoristique et ironique, avec une pincée de noirceur. Mais, si les dialogues sont le point fort de Mike Resnick, ils peuvent aussi se révéler un peu trop envahissants, au détriment du décor et des personnages qui restent trop peu développés. Le roman prend ainsi l’allure d’une pochade certes sympathique, mais vite oubliée ; bref, c’est à mon sens un Resnick mineur.