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A la croisée des parallèles

Claude-François CHEINISSE & Christine RENARD


Illustration de Catherine LECHIEN

DENOËL (Paris, France), coll. Présence du futur n° 318
Dépôt légal : 2ème trimestre 1981
Première édition
Recueil de nouvelles, 288 pages, catégorie / prix : 3
ISBN : néant
Format : 11,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     Quand Christine Renard est morte, le 7 novembre 1979, je dirigeais Présence du Futur depuis quatre ans et j'ai profondément regretté de ne pas avoir, hormis une ou deux nouvelles, trouvé la possibilité de publier la seule romancière française de science-fiction qui supportait la comparaison avec ses grandes homologues américaines. Et puis, je me suis souvenue de certains textes d'elle et d'autres, de son mari, Claude Cheinisse, que j'avais eu l'occasion de lire. J'ai été frappée par l'extraordinaire coïncidence des thèmes traités par eux, déjà présente avant même qu'ils ne se fussent connus, et puis de plus en plus évidente au fur et à mesure de leur vie commune. Comme si, chacun d'eux gardant sa personnalité propre (Christine sa tendresse, sa poésie, mais sa sauvagerie aussi, Claude sa fidélité à certaines causes, sa férocité parfois, sa sensibilité toujours), ils étaient parvenus à une espèce d'osmose littéraire. De là est née l'idée de ces textes croisés, de ce recueil à quatre mains dont les résultats déspassent mes espérances.
E.G. (Elisabeth Gille)
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Claude-François CHEINISSE, La Lumière de ses yeux, ou Comment les parallèles se croisèrent, pages 9 à 25, introduction
2 - Christine RENARD, À la croisée des parallèles, pages 27 à 32, nouvelle
3 - Claude-François CHEINISSE, Pas d'ici, pages 33 à 39, nouvelle
4 - Claude-François CHEINISSE, Juliette, pages 43 à 51, nouvelle
5 - Christine RENARD, Mark, pages 53 à 62, nouvelle
6 - Christine RENARD, Transistoires, pages 65 à 83, nouvelle
7 - Claude-François CHEINISSE, Odeur du temps, pages 85 à 99, nouvelle
8 - Christine RENARD, Pour une gerbe de roses, pages 101 à 114, nouvelle
9 - Claude-François CHEINISSE, Catharsis, pages 115 à 126, nouvelle
10 - Christine RENARD, Les Narcisses poussent le soir, pages 129 à 145, nouvelle
11 - Claude-François CHEINISSE, La Fenêtre, pages 147 à 154, nouvelle
12 - Christine RENARD, La Nuit des albiens, pages 157 à 167, nouvelle
13 - Claude-François CHEINISSE, Le Jardin d'Eden, pages 169 à 181, nouvelle
14 - Christine RENARD, Le Fond de la bouteille, pages 183 à 190, nouvelle
15 - Claude-François CHEINISSE, Le Voyage contre l'espace, pages 191 à 198, nouvelle
16 - Christine RENARD, L'Exilé, pages 201 à 207, nouvelle
17 - Claude-François CHEINISSE, L'Exilé, pages 209 à 212, nouvelle
18 - Christine RENARD, Dansons la capucine, pages 215 à 238, nouvelle
19 - Claude-François CHEINISSE, Les Engins, pages 239 à 245, nouvelle
20 - Christine RENARD, La Longue marche, pages 247 à 259, nouvelle
21 - Claude-François CHEINISSE, Le Bruit et la fureur, pages 261 à 280, nouvelle
Critiques
 
     Christine Renard et Claude Cheinisse, je vous remercie d'écrire. Ces remerciements, ils tombent à point aujourd'hui, puisque vous vous êtes enfin décidés à publier ensemble... Mais vous savez bien tous les deux que cela fait longtemps que, pour moi-même, en lecteur puis en ami, je me réjouis de vous lire. Nous sommes de la même génération (ou peu s'en faut), et j'ai commencé à te lire, Claude, dès la fin des années 50, et toi, Christine, dès le début de la décennie suivante, dans Fiction, dont nous étions tous les trois des fidèles depuis le numéro un.
     Et moi qui n'ai vu publier mes premières lignes dans la revue qu'en 1968, je vous sais gré de m'y avoir précédés. Ton humour, Claude, dès Juliette en 1959 (cette histoire d'une automobile intelligente amoureuse de son conducteur), ta sensibilité, Christine, dès Le signe des Gémeaux en 1962 (un portrait de jeune fille troublante et troublée, qui est toi sans l'être, et dont on retrouvera la trace dans tous tes écrits ultérieurs), m'avaient accroché quelque part, comme on dit aujourd'hui.
     Je n'aurais pas l'audace d'écrire que vous étiez « faits pour vous rencontrer ». L'essentiel est que vous vous soyez rencontrés, pour le meilleur, pour seize ans de vie placés sous les signes conjugués de la science-fiction (qui, jusque dans ses anti-utopies les plus noires, reste une recherche du bonheur) et du bonheur, justement, qui a des fois un petit air de science-fiction. Donc vous vous êtes rencontrés, par la science-fiction, précisément, et par Fiction puisque, comme tu le rappelles dans ta préface (La lumière de ses yeux), Claude, c'est après avoir lu la nouvelle de Christine A la croisée des parallèles (1963) que tu as cherché à la rencontrer, que tu l'as rencontrée.
     Et te connaissant, Claude, connaissant ta haine toujours présente et brûlante pour le nazisme et le génocide des Juifs, il me paraît tout naturel qu'après avoir lu A la croisée des parallèles, tu te sois précipité sur les traces de Christine. Ce qui m'émerveille, moi, dans ce court texte, c'est que sans rien abandonner de ta sensibilité de jeune fille aux grands yeux et aux longues tresses, tu aies su si bien, Christine, évoquer ce génocide et les traces laissées par lui dans une conscience en éveil.
     Finalement oui, vous ne pouviez que vous rencontrer. Avez-vous toujours gardé chacun un œil sur les écrits de l'autre ? Je l'ignore. Tu es sans doute trop pressé, Claude, et toi trop secrète, Christine, pour que cela se soit fait toujours. Mais alors je vous remercie d'avoir tout de même eu le temps et l'impudeur (à l'époque : 1967, l'impudence) d'écrire ensemble Delta, qu'Alain Dorémieux publia dans le quatrième Fiction Spécial consacré à la SF française. Ensemble ? J'imagine l'œil de l'un sur la plume de l'autre, car le style est bien le tien, Christine, dans cette histoire où tu décris si bien le trouble d'un de tes doubles devant la découverte d'une sexualité autre, dont l'évocation à la fois pudique et directe va bien plus loin et plus profond que chez Farmer. Dans ce vieux Fiction Spécial d'il y a quatorze ans, je retrouve avec émotion les quatre étoiles que j'avais placées à la suite du titre de votre œuvre, à la page du sommaire : chef-d'œuvre !
     Bien sur, des chefs-d'œuvre, on n'en pond pas un tous les jours, ni même tous les ans Ce serait trop simple. Alors celui-là, il était nécessaire, Claude, que tu en fasses une édition spéciale, pour trois cents amis. De cela aussi on peut te remercier.
     Et votre « carrière », discrète, trop discrète, a continué. Je vous remercie de l'avoir voulue tout entière vouée à la chasse au racisme, à l'intolérance, au totalitarisme (même si toi, Claude, tu n'es pas toujours très tolérant dans la vie !). Mais La Fenêtre, dont tu es si fier qu'elle soit traduite en russe (sur la rencontre avec l'Etranger), mais Le jardin d'Eden (sur l'antisémitisme poursuivi dans un avenir galactique), sont de ces pierres noires qui marquent. Quant à toi, Christine, il faudrait tout citer : La nuit des Albiens (où la terreur cache de la tendresse), Dansons la capucine (où se lit ton amour pour les enfants et ton acceptation de la différence), bien d'autres textes...
     Et si je vous suis moins dans votre célébration de la médecine-persécutée-dans-l'avenir-proche (ta Longue marche, Christine, ton Le bruit et la fureur, Claude), je vous laisse néanmoins la responsabilité de vos hantises : mais vous ne pensiez pas que j'étais un inconditionnel, tout de même ? Par contre, c'est avec une empathie particulière que j'accroche à votre deuxième thème de prédilection : les manipulations du temps et de l'espace, qui aboutissent au truquage de la réalité. Est-ce que tu avais senti que la réalité se détraquerait si tôt pour toi, Christine ? Transitoires, où un autre de tes doubles se glisse dans les dimensions pour se retrouver à l'aube d'une vie incertaine mais riche d'espoir, me résonne drôlement dans la tête :
     « C'est sans tristesse que je songe au temps perdu, marécages torpides où j'ai enlisé mon enfance et ma belle jeunesse. J'y pense sans colère, sans larmes, sans rancœur non plus. Mes manuscrits impubliables au fond d'un tiroir, mes amours mutilées, mes petites filles que j'ai tuées un 14 juillet il faut oublier tout cela. Un jour j'aurai fait de grandes choses, j'aurai écrit de grandes choses, je serai aimée de l'homme que j'aurai préféré, j'aurai des enfants, et je serai belle comme toutes les Cécile. » Ou les Christine ? Tu vois bien que tu l'as fait, que c'est arrivé. Et ça fait drôle aussi de lire sous ta plume, Claude, cette Odeur de temps que tu as écrite pour Christine, pour boucler le recueil mais aussi pour lui répondre à travers le temps, pour lui crier à travers le temps : « Attends-moi ! »
     Le bonheur, vous voyez, c'est de la science-fiction, trop souvent. Mais enfin il y a ce recueil, qu'Elisabeth Gille t'a poussé à composer, Claude. Je te remercie de l'avoir fait, il me permet de vous retrouver ensemble, encore un moment. Et puis il paraît que tu as des manuscrits inédits plein tes tiroirs, Christine ? Ça va faire du boulot pour les éditeurs. Déjà ton ami Michel Jeury est en train de travailler à ton « Livre d'Or », et Presses Pocket va ressortir sous son titre original Tendres statues, un bien joli roman de toi publié jadis (mais je devrais dire enterré) par Galiéra sous le titre La planète des poupées. C'est un bon début... Mais continue aussi à écrire, Claude ; ainsi vous resterez ensemble longtemps encore.

Jean-Pierre ANDREVON (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/7/1981 dans Fiction 320
Mise en ligne le : 26/5/2007

Prix obtenus par des textes au sommaire
La Nuit des Albiens : Rosny aîné nouvelle / Short story, 1982

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