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Skin Trade

George R. R. MARTIN

Titre original : The Skin Trade, 1988
Traduction de Annaïg HOUESNARD
Illustration de Andrew BRASE

ActuSF (Chambéry, France), coll. Perles d'Épice
Dépôt légal : janvier 2012, Achevé d'imprimer : janvier 2012
Première édition
Recueil de nouvelles, 232 pages, catégorie / prix : 15 €
ISBN : 978-2-917689-34-9
Format : 12,8 x 18,0 cm
Genre : Fantastique


Autres éditions
   ActuSF, 2019
   J'AI LU, 2014
   in R.R.Étrospective, PYGMALION, 2017

Quatrième de couverture
     Il fût un temps où cette ville était au centre du monde. Un temps où sa puissance se nourrissait du sang et du fer. Mais aujourd’hui elle n’est plus que rouille et elle attend la ruine. C’est un territoire parfait pour Willie Flambeaux et Randi Wade. Lui est agent de recouvrement, elle, détective. Mais lorsqu’une série de meurtres particulièrement atroces ensanglante cette ville qu’ils croyaient si bien connaitre, ce n’est plus dans le labyrinthe des rues qu’ils auront à mener l’enquête, mais dans les recoins les plus sombres de leurs propres passés. Là où se cachent leurs plus grandes peurs.
 
     Auteur du Trône de Fer, George R. R. Martin signe avec Skin Trade un roman policier dans lequel se mélange flics, fantastique et loups garous. Un suspens haletant et grandiose, qui a reçu le World Fantasy Award. Et pour aller plus loin, ce livre contient un dossier sur l’auteur.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Emmanuel CHASTELLIÈRE, Préface, pages 9 à 16, préface
2 - (non mentionné), Dossier George R. R. Martin, pages 187 à 227, dossier
Critiques
 
     En mai 2010, d'abord, puis en février 2012, les éditions ActuSF ont eu la bonne idée, commercialement parlant, de publier deux novellas de George R. R. Martin, Le Volcryn d'abord, puis Skin Trade.
     Le premier texte, Le Volcryn (qu'on nous assure révisé par Ayerdhal — on frémit à l'idée de ce que ça devait être à l'origine, parce qu'en l'état, c'est loin d'être glorieux...) est un huis-clos, un survival horror dans un vaisseau lancé à la rencontre d'une énigmatique civilisation extraterrestre. Cette novella datant de 1980, et qui a connu une adaptation cinématographique de bien triste réputation, s'avère très étrange : incroyablement datée par certains aspects (on pense à des classiques de Robert Heinlein, notamment), et assez moderne par ailleurs. Il y est pas mal question de psychanalyse et (donc) de sexe. De nos jours, après Alien au cinéma, Vision aveugle en librairie, il est très difficile de trouver beaucoup d'intérêt à ce jeu de massacre poussif dont les ressorts scénaristiques sont usés depuis au moins deux, sinon trois décennies. Ni l'écriture ni la construction de ce Volcryn n'évoquent le George R. R. Martin des grandes heures, et l'aventure ressemble avant tout à un de ces sympathiques films d'horreur de série B où une bande d'ados se fait trucider, un par un, œuvre d'un inconnu qui, au final, se révèle pas si inconnu que ça. Lisible, sans aucun doute, mais déjà sans grande originalité au moment de sa prime parution, Le Volcryn est anecdotique, surtout si on le compare à « Une chanson pour Lya » ou « Les Rois des sables », qui font sensiblement la même longueur. Quant au choix du titre français : tout faux... il spoile la révélation finale et passe à côté des véritables enjeux du texte promettant un « premier contact » que l'auteur évite, ou presque.
     Relevant purement et simplement de la littérature de divertissement, Skin Trade se révèle tout de suite plus intéressant, même si l'ensemble est un colosse aux pieds d'argile ne résistant guère à une étude attentive de son scénario (sans parler de la fin, qui, justement, n'en est pas une, le curseur narratif semble s'être arrêté aux deux tiers de l'histoire). Mais peu importe, le plaisir est ailleurs.
     Willie, agent de recouvrement et loup-garou tueur d'écureuils, apprend la mort violente de son amie Joan, handicapée, mais loup-garou elle aussi (louve-garou ?). Il engage alors une de ses connaissances, Randi, pour mener l'enquête. Mais la détective privée a un lourd secret : son père policier a été mutilé par une bête féroce sur laquelle il a vidé son chargeur sans succès...
     Skin Trade est un pulp (ce que n'a visiblement pas bien compris la traductrice), un pulp sincère, malin, plein de clichés contournés, assumés, détournés. Comme dit précédemment, cette lecture ne tient pas des masses d'un point de vue scénaristique, mais qu'importe, on se laisse prendre par l'aventure qui évoque un classique du genre : le sous-estimé Wolfen de Whitley Strieber (auteur qui n'a pas écrit que des idioties sur les enlèvements extraterrestres). Skin Trade aurait pu être un bon roman de série B. Allons plus loin : ça aurait dû être un vrai roman. En l'état, ce n'est qu'un chouette divertissement inabouti.

Thomas DAY
Première parution : 1/7/2012 dans Bifrost 67
Mise en ligne le : 5/12/2015


     Succès de la série télévisée Le Trône de Fer oblige, il était inévitable que cela rejaillisse sur l’œuvre littéraire de son créateur, George R.R. Martin. Et, donc, que l'on assiste à une publication assez massive de ses romans et nouvelles. Il n'est ainsi pas surprenant que paraissent quasi-simultanément en France Armageddon Rag (chez Denoël Lunes d'Encre, une réédition d'un roman parue jadis chez La Découverte) et ce Skin Trade paru chez ActuSF, qu'on ne peut accuser d'exploiter le filon, puisqu'ils ont entamé leur politique de republication un an avant l'arrivée de la série sur HBO. On pourrait par ailleurs craindre que le succès du Trône ne permette la (re)parution de textes mineurs, de fonds de tiroirs ; qu'on se rassure, ce temps n'est pas encore venu : Armageddon Rag est un classique de l'auteur, et Skin Trade eut le prix Wolrd Fantasy en 1989, catégorie novella. Du reste, la taille relativement faible du texte permet à l'éditeur de nous offrir une préface et un dossier sur Martin, dont le principal intérêt est de montrer à ceux qui ne le sauraient pas que l'auteur a pas mal de cordes à son arc, entre fantasy, fantastique, SF, romans, nouvelles...
     Willie Flambeaux est un agent de recouvrement. Mais sans doute un peu plus, comme nous le montre la scène inaugurale, qui le voit courir dans les bois, puis attraper et dévorer un écureuil. Malheureusement, cette séquence le voit aussi découvrir qu'une jeune femme de sa connaissance est morte dans des circonstances atroces. Il décide alors de confier l'affaire à Randi Wade, une de ses amies, avec qui il entretient des rapports ambigus. Ensemble, ils vont mener l'enquête, une enquête qui ne se contentera pas de les opposer à certains des habitants présents de leur ville, mais les confrontera également à leurs souvenirs et leurs vies passées.
     Le but de George R.R. Martin est assez clair ici : réussir le mariage entre récits policier et fantastique. Il ne lui suffit pas de juxtaposer les deux motifs, il souhaite aussi que l'un se nourrisse de l'autre, et vice versa, afin de devenir indissociables. Aussi, la figure centrale du fantastique convoquée ici (et qu'on aura sans peine identifiée dès cette fameuse scène d'ouverture) n'est réellement nommée qu'au moment où elle devient nécessaire pour faire progresser l'enquête policière. De même, cette dernière fait rejaillir chez Willie quelque chose qu'il essaye de refouler, dont il a honte : sa vraie nature fantastique. Avec une vraie maestria, l'auteur atteint ainsi le but qu'il s'était fixé, et entraîne le lecteur dans une plongée de plus en plus angoissante dans les zones d'ombre de l'âme humaine, en distillant savamment les révélations et les scènes-chocs.
     On pourra toutefois trouver quelques défauts, comme cette impression de décor en carton-pâte (peut-être liée au fait que ce texte fleure bon les années 80 dans lesquelles il a été écrit ?), ou cette scène des miroirs qui ne fonctionne pas vraiment, mais cela ne saurait réellement gêner la lecture, d'autant plus que cette novella bénéficie d'atouts tels que deux protagonistes intéressants et aux rapports complexes ou son humour (qui vire rapidement à l'humour noir).
     Skin Trade, dont on se demande bien pourquoi il était resté inédit depuis vingt ans, est donc un texte qu'on recommandera aux amateurs de mélange des genres, une réussite avérée, mais qu'on estimera néanmoins relativement mineure dans l’œuvre de celui qui nous a donné par le passé le Trône de fer, Armageddon Rag ou les recueils de nouvelles Chansons pour Lya et Des astres et des ombres (J'ai Lu). Et, par dessus tout, la preuve du talent polymorphe de son auteur, George R.R. Martin.

Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 25/3/2012 nooSFere

Prix obtenus
World Fantasy, Novella / Court roman, 1989


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