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Histoire zéro

William GIBSON

Titre original : Zero History, 2010
Première parution : Putnam, 2010
Cycle : The Blue Ant Trilogy  vol. 3

Traduction de Jean ESCH & Doug HEADLINE
Illustration de Olivier FONTVIEILLE & Jean-Marc GOURDON

AU DIABLE VAUVERT (Vauvert, France)
Dépôt légal : août 2013
Première édition
Roman, 500 pages, catégorie / prix : 23 €
ISBN : 978-2-84626-314-6
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     Un blouson hors mode conçu par le designer inconnu d'une ligne de vêtements connue pour ne pas être célèbre... Dans un temps où tout change à chaque nouvelle collection, cette permanence en fait un objet quasiment mythique. Engagée par le tout-puissant Bigend, qui « identifie les schémas » comme un chaman le labyrinthe sémantique du monde, l’ex-rockeuse Hollis va, de Londres à Paris, mener son enquête dans l’univers de la mode et des secrets militaires...
     Dans la continuité d’Identification des schémas et Code Source, Gibson poursuit avec Histoire zéro son exploration des sub-cultures nées des objets et des marques, et les mythologies qu’ils engendrent.

     « Gibson donne à lire le présent comme si c'était le futur. »
     Scarlett Thomas, New-York Times

     William Gibson vit à Vancouver. Écrivain visionnaire traduit dans le monde entier, lauréat des plus grands prix littéraires, il compose depuis son premier roman, Neuromancien, un tableau saisissant de notre XXIe siècle.
Critiques

            Il est bien loin, le temps de la trilogie de « Neuromancien » ; William Gibson s’était déjà rapproché de notre époque avec sa trilogie suivante, dite du « Pont », et ses romans ultérieurs ne font que confirmer cette évolution, en s’attardant sur notre époque pour en analyser les tenants et aboutissants sans plus guère utiliser de prétexte SF. En dehors de quelques éléments sur le tard, Histoire zéro ne relève en effet pas vraiment de la science-fiction (pas au sens strict, du moins), mais il continue cependant d’interroger le monde selon une grille de lecture bel et bien héritée du cyberpunk. Ce qui, disons-le, est à la fois passionnant et un brin frustrant pour qui a découvert l’auteur avec ses premiers romans. Il est en tout cas certain que ce n’est pas avec Histoire zéro, qui vient clore une nouvelle trilogie entamée avec Identification des schémas, et poursuivie avec Code source (cf. les critiques de Xavier Mauméjean dans nos n°37 et 50), que l’on pourra apprécier au mieux la production SF de l’auteur… même si, comme le dit une critique reprise en quatrième de couverture, Gibson donne ici « à lire le présent comme si c’était le futur ». Une évolution certes pas innocente, et qui a pu lancer des pistes de recherches intéressantes dans les deux précédents romans, consacrés aux marques et aux sous-cultures, mais Histoire zéro, en poursuivant sur cette problématique, pousse le bouchon très loin… et sans doute trop. Jusqu’à l’absurde, en fait, en prenant pour sujet-prétexte (un McGuffin, assurément) ce que l’on peut concevoir de plus superficiel au monde : la mode.

            Le roman alterne entre les points de vue de l’ancienne chanteuse de rock Hollis Henry et du paumé ex-camé Milgrim, deux des « héros » de Code source. Ils sont à nouveau amenés à travailler pour le curieux magnat Hubertus Bigend, qui a foi en leurs capacités respectives. Ainsi les lance-t-il sur les traces d’une mystérieuse marque (ou anti-marque ?) de jeans, appelée les Chiens de Gabriel, avec potentiellement de juteux marchés militaires à la clé. Ce qui fait l’originalité des Chiens, en effet, outre leur finition impeccable, c’est l’absence quasi totale de communication les concernant ; ils n’ont pas pignon sur rue, et personne ou presque ne sait de qui il s’agit (même si le lecteur se fait rapidement sa petite idée…) : « une ligne de vêtements connue pour ne pas être célèbre »… Nos deux investigateurs se lancent de fait dans la plus futile des quêtes, dans un milieu brillant par sa vacuité. L’histoire, dès lors ? Eh bien, il n’y en a pas vraiment, comme le titre le laisse assez entendre… Il s’agit bien d’une Histoire zéro. Ce qui, en soi, ne pose pas vraiment problème, n’en déplaise à certains critiques amateurs de bon (mauvais) mots ; à vrai dire, il y a même quelque chose de fascinant dans cette étude approfondie du néant…

            Mais on ne se fera pas d’illusions pour autant, même dans un monde où tout est factice : Histoire zéro, avec tout son potentiel, est un roman raté. Gibson pousse en effet le vice très loin, et si son roman n’est pas totalement exempt de qualités – il est à coup sûr bien pensé, et les personnages d’Hollis et (surtout) de Milgrim sont bien campés et plutôt attachants –, il n’en reste pas moins qu’on s’y ennuie profondément. Il a même quelque chose d’un pensum… notamment du fait de sa longueur indubitablement excessive. Avec cette thématique, William Gibson tenait probablement le matériau d’une très bonne nouvelle ou novella ; en l’étirant artificiellement sur 550 pages, il met trop en lumière son dispositif, son propos, et lasse bien vite. La forme ne rattrapant pas le fond – Gibson n’a jamais vraiment eu de chance avec ses traducteurs –, ne subsiste plus de cette Histoire zéro qu’un profond ennui. Faux roman de science-fiction empruntant l’allure et les méthodes d’un faux thriller, ce dernier roman de William Gibson se révèle ainsi une triste déception, un livre qui, malgré une intelligence indéniable, laisse le lecteur, au mieux, parfaitement froid et indifférent.

Bertrand BONNET
Première parution : 1/4/2014 dans Bifrost 74
Mise en ligne le : 24/3/2020

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