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(Chambéry, France), coll. Les Trois Souhaits Date de parution : 24 janvier 2020 Dépôt légal : janvier 2020 Réédition Roman, 502 pages, catégorie / prix : 19,90 € ISBN : 978-2-37686-235-2 Format : 14,0 x 20,0 cm Genre : Science-Fiction
— En toi, deux mondes ennemis confluent, ne l’oublie jamais, dit Noah.
— Le monstre qui a envahi ton rêve… a bercé l’histoire de la Terre, et ton histoire aussi. Sur Terre, cela s’appelle un « arbre ».
Arbre… Horn connaissait ce mot. Mais rien ne lui avait suggéré toute la vie dont il était porteur. C’était le frémissement même de cette vie qui l’avait arraché à son sommeil. Cette intrusion en lui d’une Terre qu’il n’avait jamais vue, il la ressentait comme une réalité à la fois attirante et repoussante.
Qu’y avait-il encore au fond de sa tête ?… Quel âge avait vraiment sa mémoire ?
Ce jour-là, Horn prit conscience de la confluence qui l’habitait.
Avec ce roman culte, revu et corrigé à l’occasion de cette réédition, Hugo Verlomme nous entraîne dans les méandres d’un monde océanique débordant d’aventures et de merveilles. Une fable écologique qui n’a rien perdu de sa force, ni de sa poésie ; une ode à notre mère la mer, à la tolérance et au respect de chacun.
Hugo Verlomme fait partie des rares écrivains ayant consacré tous ses livres, romans et documents à l’univers marin. Très impliqué dans la défense des océans, il passe son temps sur les terres et les mers pour initier ses semblables aux mystères et beautés du monde aquatique.
Un inconnu, qui produit un livre bizarre et que la prière d'insérer badigeonne en « prospective-fiction écologiste ». Méfiance ! De plus c'est un gros pavé de 390 p., et comme le temps passe vite, on se dit : holà ! Eh bien non. On ne s'ennuie pas. Sous ce pavé, à défaut de plage (hé !) tout un monde de noés, ex-terriens vivant dans l'eau, sous l'eau, font l'amour comme des marsouins, la course avec les dauphins. Ce monde là est mis en place d'entrée, un effet de « déjà-là » superbe : un enfant, Horn, est en proie à un cauchemar : un monstre rugueux, vert, l'enserre — l'enfant hurle, sa mère nage vers lui, il raconte, elle en suggère la clé : l'enfant a rêvé d'un arbre — chose qu'il n'a jamais vue. Toute une première partie de 5 à 6 chapitres extraordinaires, qui nous donne à voir ce monde où la liberté c'est le jeu avec/dans/par l'eau (ces descriptions jaillissantes d'océan, de tempête, de ciel avant/pendant/après les orages valent toutes les fantaisies inspirées sur les lichens rosés et les champignons hexagonaux qu'on trouve dans les planètes neuves, pour donner un goût étrange venu d'ailleurs (pub gratuite !)). Parallèlement, par bribes, l'histoire des noés, leurs rapports avec les terriens, leurs lunes dans une trame d'apocalypse. En fait, rien de très neuf là-dedans : comment se forme une secte ? En s'éloignant comme Abraham d'Ur, comme les puritains sur le Mayflower. Ce qui change ici, c'est que grâce à l'okam (du japonais Claude Okamoto, responsable des jolies lettrines qui ouvrent chaque chapitre ! démasqued ! ! !) ce n'est pas une utopie rigide et totalitaire. Ils peuvent vivre dans l'eau, en symbiose avec la mer, par bandes plus ou moins patriarcales, à chercher des algues, attraper les poissons, jouer avec les baleines et discuter avec les cétacés. Par rapport aux Utopies, c'est un changement qualitatif important. Comme celui de Brunner dans sa Planète folie.Reste qu'ils sont dépendants des Terriens, et en lutte contre eux. Ceux-ci envoient leurs déchets dans l'espace, mais ça revient cher — vont-ils les déverser comme avant dans les océans ? Oui mais alors les noés ? Cette articulation Espace/Mer/Terre est au centre du roman : elle passe par la nécessité d'une réconciliation. On en voit les prémices : la mère de Horn est une astronaute qui a amerri et qui est restée, Horn sera prisonnier sur terre, s'évadera... Au-delà de la scission, un avenir est suggéré, mais pas donné. Moins que ces aventures et l'aspect allégorique, ce qui m'a embarqué c'est cette présence d'un quotidien marin, la place du jeu dans l'eau, à la manière des dauphins (dont on sait qu'ils ont précédé les hommes dans le domaine du développement cervical, et que leur choix de retourner à la mer d'où leur race — comme la nôtre — sortait est peut-être la preuve de leur avance intellectuelle !) La mer, source de tout plaisir, liquide amniotique, bonheur parfait, accord avec l'univers fœtal. Plus presque celui trouvé par les semi-phoques jupitériens de Simak dans Demain les chiens.A lire en vacance, bercé par le bruit des pompes à purin qui tentent de ramasser la marée noire, l'œil fixé sur le cimetière des dinosaures de mer que sont l'Amoco Cadiz, le Bolhen, l'Olympic Bravery, le Torrey Canyon d'où les pétrels englués tentent un envol impossible vers le soleil écœuré. L'auteur est un journaliste qui vit dans une île en Bretagne.