Bien avant la venue au monde du premier bébé-éprouvette, Christine Renard imagine le bébé-bocal qui va donner naissance à une race de mutants. Des mutants supérieurs en tous points aux humains : plus intelligents, plus forts, capables de tuer d’un seul regard. Anne se rend compte que tous les amis parmi lesquels elle évolue depuis son enfance sont des mutants. Même démunie de leurs dons, elle a sa place parmi eux. Leur supériorité la fascine. Elle ne peut envisager d’autre compagnon que l’un d’entre d’eux. Mais qui est-elle, elle-même, pour se désintéresser à ce point des humains ? et où donc cette prééminence va t-elle les conduire ?
Après une jeunesse studieuse à Clermont-Ferrand où elle poursuit des études d’anglais, Christine Renard (1929 – 1979) s’installe à Paris et se lance résolument dans l’écriture. En 1961, la revue Fiction lui publie une première nouvelle. Elle sera suivie de beaucoup d’autres. En 1963 paraît chez Hachette, dans la collection Le Rayon Fantastique À contre-temps. Parallèlement à une carrière scientifique brillante, (elle est entrée au CNRS en 1956), elle ne cesse d’écrire. La Planète des poupées (1972) invente un genre nouveau, « l’utopie érotique ». Elle s’oriente vers le fantastique avec La Mante au fil des jours (1977), roman d’un amour étrangement quotidien avec un vampire. Disparue trop tôt, « Elle aurait dû être le plus populaire des auteurs de SF ; il a fallu tout son mépris du marketing pour la maintenir dans une solitude imméritée », diront à son propos Michel Jeury et Jacques Goimard.
Un apparat critique d’Éric Vial nous éclaire sur les avatars de L’Enfance des dieux, qui, après avoir été couronnée du Grand Prix international du Roman d'Anticipation et de Science-Fiction en 1960, puis originellement publiée dans une traduction italienne en 1961, rééditée en 2006, est demeurée totalement inédite en français.