Le vaisseau Star Road revient sur Terre après deux cent cinquante ans d'errance. Zoya Kundara, la « Mère Vaisseau », a guidé et conseillé les générations successives qui ont vécu à bord, fuyant une épidémie terrestre dont ils étaient les survivants, sans trouver une planète où se poser pour vivre en paix. Zoya est presque immortelle grâce à la cryogénie et elle doit cette fois se réveiller pour conduire son peuple sur leur planète d'origine. Mais ce qu'ils voient en arrivant est terrifiant : la Terre est presque entièrement recouverte d'une substance cristalline qui ressemble à de la glace...
Zoya, envoyée en émissaire, découvre ce qu'il reste de la civilisation : quelques communautés qui vivent de manière archaïque et souterraine, un ordre athéiste qui détient le pouvoir et la technologie, les Nonnes de Glace, et à la surface, quelques êtres étranges, appelés « sorciers des neiges »...
Alors que l'équipage, impatient, fomente une mutinerie à l'intérieur du vaisseau, Zoya se retrouve seule pour affronter les Nonnes et découvrir avant elles le secret de la Glace...
Kay Kenyon est une des nouvelles voix de la SF américaine. Elle vit à Wenatchee, Washington, et a commencé sa carrière d'auteur comme rédactrice publicitaire. Son premier titre, The Seeds of Time, est paru en 1997. Le Sacre de glace est son cinquième roman, nommé en 2003 pour le Philip K. Dick Award. Kay Kenyon aborde ici le thème du retour aux origines et mêle écologie, aventure humaine et suspense.
Critiques
Au cours du XXIe siècle, la Terre est ravagée par un virus qui s'en prend à toutes les populations du globe. Toutes, exception faite des Gitans qui, curieusement, semblent être immunisés. Une immunité qui focalise la haine et son cortège de massacres. Sept mille Roms cherchent refuge dans l'espace, en quête d'une planète où ils pourraient vivre en paix. Mais deux cent cinquante ans plus tard, cet Eden n'a pas été trouvé et les descendants des premiers colons, démoralisés, fatigués, stériles, retournent finalement sur Terre. Zoya Kundara, leur leader, leur mémoire, baptisée Mère Vaisseau, seule et unique survivante des temps anciens du fait des miracles de la cryogénisation, va de nouveau être réveillée afin de mener son peuple sur Terre. Là, ils découvrent que les neuf dixièmes du globe sont couverts d'une substance cristalline qui ressemble à de la glace. Pourtant, la Terre n'est pas déserte et ce qui reste de la civilisation se décline en trois groupes : d'une part les Nones des Glaces, détentrices de la technologie ; un certain nombre de communautés souterraines ; et enfin des êtres mystérieux, appelé Sorciers des Neiges, fous et cannibales qui vivent à la surface. Bientôt, Zoya découvre que l'origine de la « glace » date d'à peine cent cinquante ans après leur départ, qu'elle n'est pas vraiment l'objet inanimé qu'elle paraît et qu'il est peut-être possible de communiquer avec elle. La Mère Vaisseau devra batailler pour faire accepter l'arrivée de son peuple et découvrir avant les Nones le secret qui gît au cœur de la « glace »...
Le Sacre de glace est bien un Fleuve Noir, pas de doute. Léger, pas compliqué, intéressant sans être palpitant. Rien d'extraordinaire, pas de signe distinctif : pas de batailles apocalyptiques dans l'espace, pas de races alien ni de voyages intersidéraux. Pas beaucoup d'action, en fait : Le Sacre de glace est un roman qui s'intéresse davantage à l'aspect politique, l'interaction entre les personnes : désirs de pouvoir, de puissance et de domination. Comment on fait le mal en croyant faire le bien, toutes ces sortes de choses... Par contre, côté scientifique, on s'abstiendra d'y regarder de trop prêt : ce n'est visiblement pas le fort de Kenyon. Pas de temps mort, un rythme nerveux, des personnages équilibrés même si l'écrivain a une tendance à la mièvrerie lorsqu'elle aborde les problèmes et les sentiments personnels de ses héros. Kenyon a une vision personnelle de la religion, et elle évite la lourdeur et la solennité que beaucoup d'autres écrivains tendent à développer dans ces cas-là. En fait, à bien y regarder, ce roman n'est ni trop de ceci, ni trop de cela. Pas d'envolée lyrique ni d'idée nouvelle, ce qui en fait une histoire sympathique mais en rien mémorable. Un peu comme un verre d'eau froide en plein été : incolore et inodore, mais agréable et rafraîchissant, bon sur le coup, mais qu'on oublie immédiatement. A mon sens, rien qui justifie une nomination au Philip K. Dick Award...
À la suite d'une épidémie virale mondiale, les Roms, génétiquement immunisés, ont dû fuir la haine des autres peuples et ont quitté la Terre à bord d'un vaisseau spatial. Deux cent cinquante ans plus tard, leur quête d'une nouvelle terre d'accueil n'a toujours pas abouti et, comme ils ne parviennent plus à concevoir d'enfants dans l'espace, ils décident de revenir sur la Terre, où dix mille ans se sont écoulés.
À leur arrivée, ils constatent que la planète est recouverte d'une couche de pseudo-glace aux propriétés physiques inhabituelles. En son sein survivent quelques communautés, dont un ordre de nonnes qui a conservé les structures hiérarchiques de l'Église, mais a écarté l'idée de Dieu pour remplacer la religion par la philosophie. La surface est parcourue par des meutes de rats ainsi que par quelques humains sauvages et cannibales, les « sorciers des neiges », qui, étrangement, semblent capables de communiquer avec la « Glace ».
Mais quelle est l'origine de cette « glace » ? A-t-elle été créée par l'homme ? Est-elle une sorte d'ordinateur géant ? Sa progression sans fin est-elle le fruit d'une erreur ? A-t-elle conscience de son existence ?
Le Sacre de glace est de ces romans qui ont fait les belles heures de la SF et qui de nos jours se font trop rares, de ces romans fondés sur une idée science-fictive simple mais astucieuse, qui en font allègrement le tour en trois cents pages d'aventures rondement menées, et qui réussissent pourtant à y intégrer en bonus diverses thématiques classiques comme l'arche stellaire, la découverte d'une planète totalement étrangère — notre propre Terre en l'occurrence — , la survie dans un monde post-cataclysmique, les luttes de pouvoir, l'intelligence artificielle, l'immortalité... C'est assez dire qu'il n'y a pas de graisse superflue : toutes les péripéties sont destinées à faire progresser l'intrigue, sans une once de remplissage.
Le texte en est-il pour autant sec et dénué d'émotion ? Bien au contraire. L'aventure est distrayante, peuplée de personnages intéressants et bien campés, plutôt moins stéréotypés qu'à l'ordinaire. Citons par exemple Zoya, la « Mère Vaisseau », la seule femme qui soit à bord depuis le début du périple et qui vit de façon discontinue, réveillée seulement dans les moments de crise, pour rappeler à tous leur origine et le sens de leur voyage.
Bref, Le Sacre de glace est un roman épatant qui, par sa concision, marque beaucoup plus que bien des sagas. Il ne révolutionne sans doute pas le genre, mais, outre le plaisir de lecture qu'il procure sur le moment, c'est un livre dont le postulat restera en mémoire et qu'on citera spontanément en référence lorsqu'on parlera d'intelligence artificielle et de planète consciente. Des livres comme ça... on en voudrait plus souvent.