Martin Humphries, un industriel milliardaire tout-puissant, ne s'est jamais remis de la disparition de son fils Alex lors d'une mission sur Vénus. Quand il décide d'offrir plusieurs milliards de dollars à qui ramènera son corps, Van Humphries relève ce pari insensé. En mémoire de son frère aîné mais aussi pour prendre sa revanche sur ce père qui ne lui pardonne pas d'être encore vivant. Il n'est cependant pas seul à prendre le départ : un adversaire de taille, ennemi farouche de son père, s'est déjà lancé dans la course.
Quand les deux vaisseaux s'engouffrent dans les tempêtes empoisonnées de cette planète inconnue, ils découvrent quelque chose de si surprenant, si invraisemblable, que toute leur expédition en sera bouleversée.
Né à Philadelphie, Ben Bova a participé au projet Vanguard de lancement du premier satellite artificiel américain. Auteur de plus de 70 romans, il a succédé à John. W. Campbell à la tête de la prestigieuse revue Analog, avant de devenir rédacteur en chef d'Omni, un travail qui sera salué par six Prix Hugo : II vit aujourd'hui en Floride, avec son épouse Barbara, où il se consacre à sa série sur l'exploration du système solaire dont Mars, le premier volet, a été suivi de Retour sur Mars, Vénus, Jupiter, Saturn et tout récemment de Mercury.
Critiques
Van est le fils mal aimé du puissant industriel Martin Humphries, centenaire dépravé et sans état d'âme, qui lui a toujours préféré son frère Alex, même après la disparition de celui-ci à la surface de Vénus. Le père offre un milliard de dollars à qui ramènera son corps. Scientifique dilettante, peu doué pour l'aventure, handicapé en outre par une maladie du sang nécessitant des soins constants, Van relève pourtant le défi, ne serait-ce que parce que son père lui coupera bientôt les vivres. Mais il a un concurrent de taille, Fuchs, exploitant minier de la ceinture d'astéroïdes, capitaine sévère et farouche ennemi du milliardaire qui l'a jadis ruiné et lui a ravi sa femme.
À ces intrigues humaines, il faut ajouter l'aventure proprement dite, à savoir les dangers qui guettent les deux expéditions dans une atmosphère d'autant plus inhospitalière qu'elle contient des micro-organismes particulièrement agressifs pour les vaisseaux.
Ex-employé de la NASA, Ben Bova est naturellement bien placé pour donner à cette expédition un cadre scientifique crédible et délivrer sur la planète des explications claires et accessibles. Mais il les fait parfois passer de façon dommageable pour la crédibilité des personnages : Van a beau être médiocre planétologue, on s'étonne quand même que des scientifiques puissent lui demander s'il connaît la tectonique des plaques. La psychologie des personnages est le principal défaut de ce livre, leur comportement allant jusqu'à se contredire d'un passage à l'autre. Les coups de théâtre sont parfois énormes, rappelant les révélations finales dans une pièce de Molière. Le capitaine Fuchs, qui n'est pas sans rappeler le capitaine Nemo de Jules Verne, reste encore le personnage le mieux campé.
Malgré ces défauts, et une écriture faite de nombreux dialogues, il faut cependant reconnaître à Ben Bova un art de la narration qui parvient à rendre captivante son histoire, multipliant les rebondissements de façon parfois artificielle mais efficace. La dimension écologique du récit, l'expédition servant également à déterminer si le réchauffement climatique risque de rendre la Terre semblable à Vénus, lui donne également une portée qui dépasse celle d'un banal roman d'aventure.
Parce qu'il est richissime, fou furieux, passablement taré et mégalomane, Martin Humphries, magnat de l'industrie spatiale, décide d'offrir dix milliards de dollars à qui rapportera le corps de son fils aîné, mort au cours de la première mission d'exploration habitée de Vénus, l'une des planètes les plus hostiles du Système Solaire. Et parce que, décidément, Humphries est vraiment grave, il fait en sorte de contraindre son second fils, Van, qu'il a toujours considéré comme un mouton galeux, d'accepter cette mission pour le moins hasardeuse. D'autant que Van, qui n'a rien d'un aventurier, n'est pas seul sur le coup : Fuchs, mineur dans la Ceinture d'Astéroïdes, personnage énigmatique à mi-chemin entre les capitaines Achab et Némo, ruiné par Humphries et, de fait, ennemi acharné de ce dernier, compte bien remporter le gros lot. La course peut commencer, course qui, comme il se doit, réservera au lecteur son pesant de surprises et d'émotions.
Avec Vénus, Ben Bova, aussi connu outre-Atlantique pour son travail d'éditeur à la tête des revues aux couleurs hard scienceOmni et Analog, poursuit l'immense œuvre littéraire qu'il s'est fixée et qu'il a baptisée « Grand Tour », à savoir consacrer un roman (voire un cycle de romans) à chaque planète de notre système solaire. Ainsi, après Mars et Retour sur Mars (même éditeur et réédités en poche chez Pocket), voici que nous arrive Vénus, en attendant Jupiter, Saturne et Mercury (tous trois déjà publiés aux USA).
S'il fallait définir Ben Bova, le terme de « faiseur » lui conviendrait parfaitement. De fait, ouvrir l'un de ses bouquins, c'est presque toujours l'assurance de passer un bon moment de lecture au cœur d'une science-fiction efficace, scientifiquement étayée (l'auteur a un très sérieux bagage scientifique) mais pas rébarbative pour deux ronds. En revanche, ses personnages sont souvent d'une épaisseur proche du papier à rouler et ses intrigues, quoique bien menées, d'une simplicité au mieux redoutable, au pire transparente. Vénus ne déroge pas. Ce roman de pur divertissement fonctionne fort bien et se lit sans déplaisir (en dépit d'une traduction douteuse, pas rédhibitoire mais parfois lourdingue et empruntée). Pas un chef-d'œuvre du genre, loin de là, mais une science-fiction rythmée, imagée et dépaysante. C'est déjà pas si mal, aussi gageons que le livre devrait ravir l'amateur, pour peu que ce dernier aille au-delà de son caractère un tantinet caricatural.
ORG Première parution : 1/1/2006 dans Bifrost 41 Mise en ligne le : 9/4/2007