Avec ses cent quarante aventures dont une bonne moitié relevaient du fantastique ou de la science fiction, Bob Morane fut longtemps une étape incontournable des lectures de jeunesses des amateurs de SF. Sa récente réapparition en tant que héros d'une série de logiciels, son élévation au rang de personnage de chanson à succès il y a quelques années, montrent que le mythe n'est pas mort même si le personnage puisait ses racines dans l'immédiat après-guerre ; et après un passage chez Hachette, le voici chez un éditeur populaire lui-même mythique : le Fleuve Noir.

     Pour cet unique inédit de la livraison de quatre romans proposés par le Fleuve, Henri Vernes n'a pas fait d'étincelles ; le roman est court, l'intrigue simpliste et la conclusion bâclée. En guise d'Ombre Jaune, Bob Morane combat l'Ordre Noir, des Nazis qui — n'étant pas, eux, dotés de l'éternelle jeunesse implicite du héros de cette aventure — se sont renouvelés grâce à leur implantation en Amérique du Sud. Pourquoi pas. La nature de la civilisation perdue que retrouvent Morane et ses compagnons retient plus l'intérêt : des Juifs dans l'Himalaya, défendus par une escouade de golems. L'utilisation franche et hardie du folklore et de l'histoire juifs est ce qui donne à ce roman un parfum d'actualité — en sus de son contenu fantastique. Les habitués savent à quoi s'en tenir ; je ne pense pas que cet ouvrage gagne de nouvelles générations au culte moranien, mais qui sait...