Critiques
C'était une planète aride, désolée. Peuplée de ruines muettes et de quelques vieux indigènes à moitié fous. Les fontaines étaient taries, l'herbe rase, le vent brûlant. Et puis un jour, un homme débarqué on ne sait quand d'une nef stellaire de peuplement — vous savez : un de ces vaisseaux brillants et rebondis qui déposent sur des mondes lointains des contingents d'immigrants — décida de se retrousser les manches. Toute sa vie durant, Elzéard Bouffier (puisque c'est son nom), s'employa donc à terraformer le monde ingrat sur lequel il avait échoué. Sa méthode à lui consistait à faire des trous dans la terre sèche, à l'aide d'une longue tige de métal récupérée sur une épave. Des trous par millions ! Et à déposer dans chacun d'eux une graine choisie avec le plus grand soin. Le jour de sa mort, Elzéard Bouffïer avait planté des millions d'arbres, les plus anciens âgés de presque quarante ans. Et le désert de sable qu'il avait trouvé en arrivant avait cédé la place à un monde humide et verdoyant. Les éditions Gallimard viennent de rééditer, sous la forme d'un beau petit livre, L'homme qui plantait des arbres, cette nouvelle rare écrite par Jean Giono en 1953. Certes, j'avoue en avoir peut-être fait une lecture un rien... « orientée ». Mais qu'y puis-je ? Est-ce ma faute à moi si ce texte est, pour son esthétique et son idéologie pionnière, parfaitement en phase avec la Science-Fiction de l'époque — celle signée Clifford Simak, Robert Heinlein ou Chad Oliver ? Francis VALÉRY Première parution : 1/7/1996 dans Cyberdreams 7 Mise en ligne le : 4/3/2004
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