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Tupinilândia

Samir MACHADO DE MACHADO

Titre original : Tupinilândia, 2018   ISFDB
Traduction de Hubert TÉZENAS

MÉTAILIÉ (Paris, France), coll. Suites précédent dans la collection n° 222 suivant dans la collection
Date de parution : 15 mars 2024
Dépôt légal : mars 2024, Achevé d'imprimer : décembre 2023
Réédition
Roman, 608 pages, catégorie / prix : 14 €
ISBN : 979-10-226-1356-9
Format : 12,5 x 18,9 cm
Genre : Imaginaire

Suite brésilienne. Design de couverture : avecbrio.


Quatrième de couverture

Un blockbuster littéraire entre Orwell et Jurassic Park.

Au cœur de l’Amazonie, dans les années 80, un industriel admirateur de Walt Disney décide de construire Tupinilândia, un parc d’attractions consacré au Brésil. Mais le jour de l’inauguration, rien ne se passe comme prévu. Silence radio et télévision.

Trente ans plus tard, un archéologue qui ne cesse de répéter à ses étudiants qu’ils ne seront jamais Indiana Jones revient sur ces lieux et découvre une situation impensable. Commence alors une aventure jouissive où l’auteur renverse les clichés des romans d’aventures et des films d’action avec humour et une imagination foisonnante, tout en réfléchissant sur l’ambiguïté de la nostalgie, l’importance de la mémoire et les dangers du nationalisme.

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition MÉTAILIÉ, (2020)

[Critique parue exclusivement dans la version numérique de la revue]

 

    Saviez-vous que le Brésil a eu, lui aussi, un parc d’attraction égal au Dysneyland américain ? Tupinilândia : un gigantesque complexe niché au fin fond de la forêt amazonienne, un lieu de loisir pensé et conçu sur le modèle de son voisin, mais en mieux, bien sûr, et surtout totalement brésilien – les personnages fétiches, les boissons, le matériel. Tout, ou presque, est brésilien. C’est là une ode à la gloire d’un pays, voulue par un homme, le riche et puissant João Amadeus Flynguer. Fils d’un entrepreneur, il a la chance, à dix-huit ans, de rencontrer le grand Walt Disney et son équipe. D’où l’idée du parc – fondé en 1984. Mais lors de la visite préouverture, les choses dégénèrent : une troupe d’hommes armés, déguisés en journalistes, prend possession des lieux, semant le chaos dans cet univers idéalisé.

    Tupinilândia pourrait être une dystopie grinçante. D’ailleurs, Orwell est cité plusieurs fois (y compris sur le bandeau de couverture), mais il n’est finalement présent dans ces pages qu’en filigrane. Certes, la société brésilienne décrite, par moments, y ressemble, avec cette dictature surveillant tout et tout le monde. Certes, la société créée dans Tupinilândia peut y faire penser, avec ses règles ubuesques, son langage formaté. Mais tout cela est un arrière-plan. Davantage un décor qu’un élément essentiel. On est plus près du roman d’action, lorgnant vers les films à grand spectacle. D’ailleurs, l’esprit de Michael Crichton et de Steven Spielberg font de rapides apparition à travers les clins d’œil légers à Jurassic Park : quelques dinosaures animés tiennent un petit rôle.

    L’ambiance, légère malgré le propos grinçant, est soutenue par des personnages en décalage avec la réalité, à des degrés divers. Simple difficulté à accepter l’âge adulte et le vieillissement pour Artur, le professeur d’archéologie attiré par le mythe de Tupinilândia, rappel de sa jeunesse passée (comme les héros des romans de Fabrice Caro, pleins d’autodérision et d’une certaine mélancolie pour un temps qui s’écoule sans qu’ils s’en aperçoivent vraiment). Volonté de revivre un âge d’or, pour d’autres, nostalgiques d’une dictature plus forte, plus affirmée.

    Le ton est volontiers au burlesque. Les scènes de violence sont émaillées de traits d’humour tarantinesque, à base de coups de feu involontaires. Les méchants de l’histoire, sombres abrutis appartenant à un parti nationaliste brésilien, font penser aux nazis des livres et films de série B, légèrement caricaturaux, mais merveilleusement détestables. Dans les scènes d’action, il est difficile de vraiment s’inquiéter pour les personnages tant l’auteur ne semble pas prendre réellement au sérieux cette dimension. Il est là pour distraire son lecteur, pas pour l’effrayer. Et cela fonctionne au mieux.

    « Petit » pavé de cinq cents pages, Tupinilândia est un roman érudit où l’on apprend énormément sur le Brésil et son histoire, et où l’auteur se fait un immense plaisir à dézinguer les tenants d’une certaine façon de penser, pleine d’uniformes et d’interdits, encore bien présente dans son pays. Mais c’est avant tout un roman qu’on lit avec délectation et jubilation. Quand bien même, au début, on se demande où nous entraîne l’auteur, on est vite pris dans le tourbillon. Et on se surprend, à la fin, à regarder une carte pour repérer la localisation des ruines de ce parc – des fois qu’il en reste un petit quelque chose…

Raphaël GAUDIN
Première parution : 1/10/2020
Bifrost 100
Mise en ligne le : 26/4/2024

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