Blanche-Neige est l'un des écrits décisifs de Robert Walser (né en 1878 à Bienne et mort en 1956 près de l'établissement psychiatrique d'Herisau), comme le souligne Walter Benjamin, dès 1929 :
« (...) Blanche-Neige, l'une des œuvres les plus profondément significatives de la poésie récente. Elle suffit à elle seule à faire comprendre pourquoi cet écrivain, apparemment le plus fantaisiste de tous, fut un auteur de prédilection pour l'inflexible Kafka. »
« Cendrillon et Blanche-Neige, écrit l'auteur à l'éditeur Ernst Rowoht, sont entièrement Poésie... Elles visent le style et la beauté ; l'essentiel dans ce cas est le plaisir qu'on prend au livre... Elles sont accordées pour la parole et la langue, pour la mesure et le plaisir du rythme. »
Mais, alors, que reste-t-il du conte éponyme ?
« C'est un mensonge noir et fou,
dur à entendre, bon à faire
peur aux enfants. Va-t'en mensonge ! »répond Blanche-Neige.
Soit, mais pas seulement, car la Blanche-Neige des Grimm sert de prologue implicite à cette œuvre poétique-dramatique où tout se joue une fois « qu'ils furent heureux » entre une Belle-mère équivoque et bien vivante, un chasseur viril et un prince fuyant.