Une nuit de 1940, un sous-marin aborde les côtes américaines. A son bord, John Ridgeforth, un agent britannique qui s'apprête à débarquer dans le plus grand secret.
Alors que la guerre déchire l'Europe, un régime de terreur s'est peu à peu installé aux Etats-Unis. Chasse aux juifs, aux Noirs, aux communistes... Une chasse orchestrée par les Allemands et exécutée par le Klan et l'Alliance Aryenne, qui ont porté Lindbergh au pouvoir.
Les ordres reçus par John sont clairs : assassiner le président des Etats-Unis et en rendre responsable l'Allemagne pour renverser le gouvernement américain.
Daniel Easterman est né en 1949 en Irlande. Après avoir vécu en Iran, il a enseigné à l'université de Newcastle. Il se consacre désormais à la littérature, avec un succès qui, de roman en roman, ne se dément pas et lui vaut d'être reconnu comme un maître du thriller international.
Egalement chez Pocket : « Le nom de la bête » et « Le testament de Judas ».
Critiques
L'auteur cogne fort, et au plexus. Ses États-Unis de 1940, sous la coupe du Klan et d'une « Alliance aryenne », avec lynchages et camps de concentration, font froid dans le dos. Et on suit les aventures haletantes d'un agent anglais mis en situation de pénétrer à la Maison-Blanche pour tuer le président Lindbergh et compromettre l'entente avec l'Allemagne nazie. Fort bien. L'amateur de thrillers sera comblé. Côté uchronie pure, on peut être plus réservé. Le cauchemar historique est un peu en trompe-l'œil, la façon dont la dictature des rednecks (les beaufs) s'est imposée, même petit à petit, reste floue, tant par exemple les exclus explicites sont nombreux — Irlandais, l'auteur n'oublie pas d'ajouter aux juifs et aux Noirs les catholiques, effectivement haïs par le KKK. Attaché aux ficelles du suspense, à la production de l'angoisse, et aux relations personnelles entre son héros et son contact très haut placé à Washington, il s'intéresse sans doute plus à l'histoire qu'à l'Histoire, comme le suggèrent ses listes parallèles de camps de part et d'autre de l'Atlantique, destinées à prouver qu'il y en a plus encore dans « son » Amérique, mais qui, pour s'en tenir à la France, incluent Gurs ou Les Milles en oubliant Drancy, Noé, Le Vernet d'Ariège, Pithiviers, Beaune la Rolande, Royallieu et autres noms tous sinistres, même si c'est à des titres divers — on pourrait allonger la liste, et y ajouter hélas bien d'autres lieux en Europe centrale. Est-ce ratiociner que de le noter ? Sans doute pas, même si la narration est efficace, et le roman captivant.
Dès les premières pages, Daniel Easterman nous plonge dans l'horreur d'un camp de concentration, en 1940. Ce n'est qu'un peu plus tard que nous comprendrons que ce camp se situe aux Etats-Unis, dans une effrayante Amérique dirigée par le Ku-Klux-Klan, porté au pouvoir en 1932 par l'élection de Charles Lindbergh à la présidence. L'uchronie sert ici de décor à un thriller haletant et remarquablement ficelé. Cette fiction est d'autant plus terrifiante que l'auteur, en présentant des situations impressionnantes de réalisme, parvient sans peine à nous convaincre que l'Histoire aurait aisément pu suivre ce chemin alternatif. L'intrigue, basée sur l'espionnage et la résistance durant la seconde guerre mondiale, est classique, obéissant aux règles du genre. Si son déroulement n'a pas d'originalité majeure, le rythme en est parfait, et ce roman de pur suspense fonctionne à merveille, grâce à des personnages attachants, à de nombreuses péripéties, à une angoisse permanente… K se dévore donc à toute allure, comme tout thriller pleinement réussi.