Cité les Ruisseaux. Surveillance de nuit. Eva Svärta et Erwan Leroy espèrent enfin faire tomber Ismaël Constantin. Mais le feu ravage son appartement et le caïd meurt brûlé vif.
Neuilly-sur-Seine. L'argent, le pouvoir, la beauté... Madeleine Reich avait presque oublié qu'il y avait un prix à payer. Ce soir, les anciennes blessures se rouvrent, et l'heure est venue d'affronter sa peur.
Eva, la policière albinos, ne le sait que trop bien : le temps n'a pas de prise sur les liens tissés dans le sang. Surgis de l'ombre, les fantômes du passé réclament leur dû.
Après L'enfant des cimetières et De fièvre et de sang, on retrouve les flics Alexandre Vauvert et Eva Svärta. Tandis que le commandant habitant Toulouse enquête sur la disparition d'un homme d'affaires de la région, l'inspectrice parisienne doit comprendre les causes de l'incendie qui a ravagé l'appartement d'un dealer et chef de gang d'une cité. D'autant plus qu'elle fait à cette occasion une bien macabre découverte : le corps d'un bébé dans un congélateur, avec un bout de bois peint à côté... Voilà les deux anciens amants lancés sur leurs deux enquêtes, aux forts relents de sorcellerie, et qui vont finalement, et de manière surprenante, s'avérer liées...
Dans les précédents tomes, on devait reconnaître à Sire Cédric, sinon une originalité certaine, au moins une réelle vigueur. Ses thrillers sont conçus pour emporter le lecteur dans un rythme sans faille, qui l'oblige à tourner les pages de manière quasi-compulsive et obsessionnelle. On retrouve ici cette formidable énergie, qui réussit à perdurer sur les cinq cents pages de ce roman survitaminé. Mission donc pleinement accomplie, d'autant plus qu'elle est loin d'être vaine : elle sert en effet à merveille un découpage particulièrement bien conçu et malin. Sire Cédric maîtrise désormais parfaitement les codes du thriller : les différentes révélations sont bien agencées, le lecteur comprenant progressivement – avec un temps d'avance sur les deux inspecteurs – la teneur des relations entre les différents éléments. J'avais gardé en mémoire de ma lecture des tomes précédents quelques incohérences et grosses ficelles ; même si celles-ci n'ont pas totalement disparu, le roman peut néanmoins se lire sans que l'on perde réellement le fil suite à une scène incohérente, une action aberrante ou à un raisonnement capillotracté (ce qui est le propre de nombreux thrillers, et constitue ainsi un motif d'énervement). Si l'intrigue reste relativement classique et basique, le principal point sur lequel Sire Cédric a encore une marge de progression significative concerne les personnages, qui sont au mieux archétypaux, au pire caricaturaux. Il a beau les travailler, notamment ses deux protagonistes flics, tout cela manque de finesse. On me rétorquera que l'approche psychologique n'est pas le plus important dans un thriller, et l'on aura raison, mais il n'empêche que camper des personnages crédibles ne saurait nuire à l'intrigue.
Quoi qu'il en soit, malgré ces menus défauts – qui, comme on l'a déjà dit, ont tendance à être de moins en moins nombreux au fil des romans –, Le premier sang se révèle un thriller particulièrement efficace, de la même eau que ceux auxquels Sire Cédric nous a habitués ces derniers temps. On en redemande bien évidemment !