Né aux Etats-Unis. Sa profession de journaliste lui laisse suffisamment de loisirs pour se consacrer à son oeuvre romanesque.
«Regardez un peu ce qu'ils m'ont fait.
»Sans blague. Ils m'ont bourré d'un tas de petits machins et je n'arrive pas à m'y habituer. Je suis passé quinze fois, non, seize, sur le billard et je commence à en avoir jusque-là. Coupe. Taille. Recoupe. Ajoute et retranche. Rapièce. Raccommode...
»Notez bien : ma peau est en plastique premier choix. Un article d'excellente qualité, agréable au toucher, à la fois souple et résistant, et tout ça. J'ai deux caries dentaires, du cérumen dans les oreilles et même un pouls. Vous aurez du mal à croire que je ne suis pas des vôtres. »
J'ai enquêté : ce livre, tous ceux qui farfouillent dans les rayonnages ou les caissettes des bouquinistes l'ont vu au moins une fois, et parfois même par paquets de cinq. Presque tous l'ont déjà pris en main, beaucoup l'ont manipulé, quelquefois feuilleté. Puis presque tous l'ont reposé, découragés par le nom de l'auteur (un illustre inconnu), par une illustration sans rapport avec la quatrième de couverture, voire par le titre de l'ouvrage lui-même. Eh bien ! disons-le, tous ceux-là ont commis une belle erreur, qu'il n'est peut-être pas trop tard pour corriger.
J'ai eu un peu plus de chance que la moyenne des chineurs, puisque j'ai toujours connu ce bouquin dans la bibliothèque familiale, bien calé entre un Jean Ray et un Sturgeon, si ma mémoire est bonne. Pourtant, j'ai quand même mis des années avant de me décider à l'ouvrir. Et il faut préciser que rarement une illustration de couverture (Siudmak se prenant pour un Dali qui se prendrait pour Magritte) a aussi peu suscité l'envie d'entamer un ouvrage. Bien sûr, son parti pris « sexuellement explicite » pourrait à la rigueur racoler quelques lecteurs potentiels, et encore : les rééditions de l'ouvrage ont adopté un cadrage nettement moins pubien susceptible de décevoir les amateurs de full frontal nudity. Quant au titre — pas facile à traduire en français, il est vrai — , il n'a pas grand-chose à voir avec l'histoire non plus (All right, everybody off the planet ! serait par exemple le cri poussé par un pirate arraisonnant une planète, pour sommer ses occupants de débarrasser le plancher : Okay, maintenant, tout le monde descend de cette planète !). Mais passons.
L'histoire, en quelques mots : un extraterrestre est envoyé en service commandé sur Terre afin d'y préparer l'opinion à l'arrivée massive de ses congénères. Sa mission, puisqu'il l'accepte : infiltrer la rédaction d'un grand news magazine américain (Time, pour ne pas le nommer) dans le but de cornaquer un numéro spécial annonçant le débarquement prochain de son peuple. À cet effet, notre alien a subi la bagatelle de seize opérations de chirurgie plastique destinées à faire de lui (si l'on n'y regarde pas de trop près) un Terrien plus vrai que nature, et il est gratifié d'un nom bien de chez nous (Bing Walter !). Mais le plus dur reste à faire...
Hi-la-rant ! Avec ce roman (le seul qu'il écrivit dans le domaine de la SF) Bob Ottum a frappé un grand coup dans le mille de la science-fiction humoristique, coiffant au poteau Brown, Sheckley ou Adams. Opinion toute personnelle : là où ces trois auteurs ont provoqué chez moi de sincères sourires et nombre de ricanements intérieurs, Pardon, vous n'avez pas vu ma planète ? reste le seul roman à m'avoir secoué d'un rire si franc qu'il m'a forcé plus d'une fois à interrompe ma lecture pour reprendre mon souffle. J'exagère un peu, mais si ce texte m'a semblé plus drôle que les autres, c'est peut-être avant tout parce qu'il est l'œuvre d'un humoriste traitant un thème de SF, et non celle d'un auteur de SF désireux de s'illustrer dans l'humour... Tout est réussi : les personnages, tous plus idiots ou calamiteux les uns que les autres (mention spéciale à l'ordinateur RUFUS), la confrontation de notre héros venu d'ailleurs avec les vices terriens (sexe et drogue, surtout), la description du petit monde de la presse américaine (que l'auteur, rédacteur en chef de profession, a pu observer de l'intérieur mieux que quiconque), et les situations rocambolesques qui se succèdent à un rythme soutenu.
En bref, voilà un roman que tous ceux qui aiment rire devraient se procurer d'urgence. Mais avant de vous précipiter chez votre bouquiniste favori, vérifiez quand même qu'il ne traîne pas déjà sur un rayon oublié de votre propre bibliothèque !