Connaissez-vous ceux que l'on appelait les forçats de la machine à écrire d'après-guerre, ces auteurs de romans noir français, interdits sous de Gaulle — et Malraux — , écorchés vifs comme le héros de Monitor Man, et qui avaient pour nom Héléna, Maxwell, Ferny et Tachet ?

     Le nouveau roman d'Alain Venisse, coupant net avec ses livres précédents, nous entraîne dans ce monde de petits truands, à la manière de ces auteurs maudits des années cinquante. Hold-up foireux, règlements de compte cruels, tout y est. Et voici que soudain, au détour d'une page, dans cet univers traditionnel, surgit l'homme du XXi^ème siècle : l'homme-machine, l'esprit computeur vivant, Monitor Man. Cette entité sera plus cruelle et plus folle que tous les truands réunis en un sanglant ballet.

     Et si Monitor Man était le trait d'union entre les grands romans noirs que l'on découvre aujourd'hui, et le fantastique science-fictionnel des temps modernes ?

     Un trait d'union rouge. Chaque fois que vous allumerez votre ordinateur, vous aurez, un bref instant, la peur d'en voir surgir, écorché et hurlant, Monitor Man lui-même. Ce bref instant, c'est celui du fantastique.

     Cinéphile impénitent, ancien photographe de plateau de Truffaut ou Boisset, Alain Venisse a déjà publié six romans au Fleuve noir, don Le clown de minuit. Il vient également de sortir Le caméscope fantôme, un livre pour les plus jeunes, paru chez Magnard.