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La Brève et merveilleuse vie d'Oscar Wao

Junot DÍAZ

Titre original : The brief wondrous life of Oscar Wao, 2007   ISFDB
Traduction de Laurence VIALLET
Illustration de Luderik JAREN

UGE (Union Générale d'Éditions) - 10/18 (Paris, France), coll. 10/18 - Domaine étranger précédent dans la collection n° 4366 suivant dans la collection
Dépôt légal : août 2010
Roman, 352 pages, catégorie / prix : 7
ISBN : 978-2-264-04999-5
Genre : Imaginaire


Quatrième de couverture
     « Peu importe en quoi vous croyez, le fukú, lui, croit en vous. » Le fukú, c'est la malédiction qui frappe la famille d'Oscar, une très ancienne légende dominicaine. Oscar, lui, rêve de mondes fantastiques, s'imagine en Casanova ou Tolkien... au lieu de quoi il grandit au fond de sa classe et de son New Jersey, binoclard fou de SF, obèse et solitaire.
     Ses seuls superpouvoirs sont ses voyages dans l'histoire de sa famille. Nourie des destins de ses aïeux brisés par la torture, la prison et l'exil, la vie d'Oscar s'écrit, fulgurante et désastreuse. Et rejoint la grande Histoire, celle de la dictature de Trujillo, de la diaspora dominicaine aux Etats-Unis, des promesses avortées du rêve américain.

     « Un roman qui se lit les cheveux dressés sur la tête, les yeux hallucinés par un style qui vous saute à la figure come un fasceau de pétards. »
Astrid Ellard, Le Figaro littéraire
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition PLON, Feux Croisés (2009)

     « Que pouvait dire Oscar ? Que c’était la faute de Sauron ? Merde, quoi, il faisait 140 kilos, le mec. Tchachait comme un ordinateur dans Star Trek ! Le plus cruel, c’est qu’il y en avait pas deux qu’avaient aussi grave envie que lui de pécho de la meuf. »

     Oscar Wao, jeune fils d’une immigrée dominicaine dans le New Jersey, est un geek. Ses rares tentatives de relations sociales ou sentimentales se soldant par des échecs, il comble ce déficit en se réfugiant dans la fantasy et la science-fiction, aussi bien comme lecteur que comme apprenti écrivain. Descendant d’une grande famille, c’est en retournant dans son pays d’origine que sa vie basculera.

     Plus que la description de la courte existence de ce jeune frustré, La Brève et merveilleuse vie d’Oscar Wao est avant tout un récit axé autour des trente années de dictature sanglante de Rafael Leónidas Trujillo Molina en république Dominicaine, un Trujillo vu par le narrateur comme un Sauron local. A travers Oscar, c’est à une véritable déroute familiale que nous assistons : de son grand père mis en prison pour avoir fait une allusion déplacée sur le dictateur, à sa mère abandonnée pendant sa petite-enfance et gravement brulée dans le dos avant de devenir l’amante d’un brigand bras-droit (Nazgul) de Trujillo, en passant par ses tantes décédées avant l’âge adulte, toute la famille est marquée par le fuku, le mauvais sort dominicain.

     Récompensé par le prix Pulitzer de la fiction 2008 (juste après La Route de Cormac McCarthy en 2007), le roman de Junot Diaz frappe avant tout par sa langue : le récit scandé par un jeune immigré est un mélange de « parler jeune » direct et grossier, de vocabulaire geek et d’espagnol. Si ce ton peut surprendre à la première approche, on en capte bien vite le rythme et la poésie donnant à la narration un dynamisme rare. De ce phrasé surgit alors une beauté dans le malheur permettant de supporter les pires exactions de la dictature. Car si tous les personnages souffrent dans ce roman, aucune complaisance envers les violences physiques et morales ne trouve place, même dans les scènes les plus dures, et les nombreuses alternances entre rires et douleurs se font naturellement, au fil des problèmes tombant sur les épaules d’Oscar.

     Roman (terriblement) réaliste, description détaillée des rouages d’une dictature latino-américaine, œuvre en partie autobiographique (Junot Diaz, emigré dominicain, a lu beaucoup de SF étant adolescent, tout comme Oscar), La Brève et merveilleuse vie d’Oscar Wao, par ses multiples références à la SF et à la fantasy, réjouira les lecteurs les plus ouverts de nooSFere. Pour finir, on notera l’excellent travail de traduction de Laurence Viallet dont la tâche n’a pas dû être facile avec ces phrases mêlant geekeries et espagnol ; si quelques tournures du parler jeune peuvent prêter à discussion, le « spanglish » est extrêmement bien rendu et tout à fait compréhensible, même sans connaître un mot d’espagnol.

René-Marc DOLHEN
Première parution : 30/11/2009
nooSFere

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