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(Nancy, France) n° (5) Dépôt légal : novembre 2017, Achevé d'imprimer : novembre 2017 Première édition Recueil de nouvelles, 394 pages, catégorie / prix : 20 € ISBN : 978-2-84958-022-6 Format : 15,0 x 21,0 cm✅ Genre : Fantastique
Quatrième de couverture
DES SPECTRES HANTENT LE BLACK COUNTRY...
Dans les ruines de la civilisation industrielle, passées, présentes et à venir, dans les recoins obscurs des usines désaffectées, des chantiers en jachère et des grands ensembles désertés, se cachent vampires, goules et autres créatures fabuleuses. Mais on y croise aussi des amants égarés, des enfants délaissés, des hommes et des femmes désemparés qui cherchent à recoller les morceaux de leur humanité.
Du souvenir d’une plate-forme pétrolière en flammes à une descente aux enfers du système hospitalier, de la course éperdue d’un animal-totem fuyant les ravages de la guerre à la vengeance sans cesse renouvelée d’un adolescent assassiné, trente voyages dans le cauchemar par un écrivain visionnaire, qui n’hésite pas à convoquer les ombres d’Edgar Poe, de Lovecraft et autres maîtres du macabre.
En trente ans de carrière, Joel Lane (1963-2013) s’est imposé comme un des plus brillants écrivains de fantastique britanniques. Couronné par le World Fantasy Award et le British Fantasy Award, mais aussi poète reconnu, il est mort prématurément à cinquante ans, laissant une œuvre de premier plan dans son domaine de prédilection.
1 - Jean-Daniel BRÈQUE, Préface, pages 9 à 13, nouvelle 2 - Certains ont disparu (And Some Are Missing, 1992), pages 15 à 26, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 3 - Albert Ross (Albert Ross, 1989), pages 27 à 39, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 4 - Le Fil de terre (The Earth Wire, 1989), pages 41 à 58, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 5 - La Grille de la douleur (The Pain Barrier, 1994), pages 59 à 73, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 6 - Les Belles endormies (All Beauty Sleeps, 2006), pages 75 à 87, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 7 - Le Monde extérieur (The Outside World, 1995), pages 89 à 98, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 8 - Griffures (Scratch, 1996), pages 99 à 118, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE rév. Jean-Daniel BRÈQUE 9 - Vitrea (The Country of Glass, 1998), pages 119 à 137, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 10 - Le Dernier cri (The Last Cry, 2001), pages 139 à 148, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 11 - Ma voix déjà se meurt (My Voice Is Dead, 2012), pages 149 à 164, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 12 - Cette nuit la dernière femme (This Night Last Woman, 2002), pages 165 à 175, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 13 - Black Country (Black Country, 2010), pages 177 à 190, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 14 - Parmi les morts (Among the Dead, 2005), pages 191 à 201, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 15 - Sans esprit (Without a Mind, 2012), pages 203 à 215, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 16 - La Nuit qui gagne (The Night That Wins, 2006), pages 217 à 228, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 17 - Le Seul jeu (The Only Game, 2006), pages 229 à 236, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 18 - Réservoir (Reservoir, 2006), pages 237 à 244, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 19 - Derrière le rideau (Behind the Curtain, 2008), pages 245 à 251, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 20 - Un Voyage en hiver (Winter Journey, 2008), pages 253 à 262, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 21 - Droit de regard (Sight Unseen, 2006), pages 263 à 277, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 22 - La Dernière galerie (The Last Gallery, 2009), pages 279 à 288, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 23 - Toutes les ombres (All the Shadows, 2010), pages 289 à 298, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 24 - Réveil dans Moloch (Wake Up in Moloch, 2005), pages 299 à 307, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 25 - Ceux qui se souviennent (Those Who Remember, 2011), pages 309 à 320, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 26 - Sur un vent de granit (Upon a Granite Wind, 2012), pages 321 à 330, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 27 - Pour leurs propres fins (For Their Own Ends, 2011), pages 331 à 338, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 28 - Le Chagrin des goélands (The Grief of Seagulls, 2012), pages 339 à 346, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 29 - Face au mur (Facing the Wall, 2004), pages 347 à 357, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 30 - Un Chant d’hiver (A Long Winter / Winter Song, 2015), pages 359 à 364, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 31 - Et d’autres sont tombés (Some of Them Fell, 2009), pages 365 à 386, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 32 - Jean-Daniel BRÈQUE, Notes, pages 387 à 390, notes 33 - Jean-Daniel BRÈQUE, Bibliographie de Joel Lane, pages 391 à 392, bibliographie
Critiques
Joël Lane (1962-2013) est un auteur peu connu par chez nous – deux nouvelles et un article traduits, article qui plus est paru dans Phénix, une revue belge (et réduite à l’état de webzine depuis longtemps)… Il n’en est pas moins un écrivain reconnu par ses pairs, poète et critique, auteur de deux seuls romans mais de quelques deux cents nouvelles, lauréat d’un prix World Fantasy et de deux British Fantasy. Jean-Daniel Brèque, qui n’est pas seulement le traducteur, mais le compilateur de ce recueil, dit que ses connaissances appréciaient son intelligence, sa sincérité, sa générosité et son intégrité, qualités qu’on retrouve dans cette trentaine de nouvelles.
On y relève un sens certain du macabre et de l’horreur urbaine. Il est indéniable que l’auteur écrit en direction des opprimés et des défavorisés, ceux dont on n’entend jamais la voix. Ce n’est pas seulement l’ère de Margaret Thatcher qu’il met en scène, mais celle, bien contemporaine, de l’Angleterre des friches industrielles abandonnées, des licenciements, des enfants des rues et des hôpitaux sans moyens ( « Pour leurs propres fins »).
Les symboles jouent un grand rôle dans ces récits, ils suffisent à donner une coloration fantastique ou mythologique avec des versions contemporaines de Moloch ou du Minotaure. Symbole d’enfants imprudents, les papillons de nuit se précipitant dans la bouche d’un jeune homme ( « D’autres sont tombés »), mutilations volontaires, cicatrices des ailes d’un ange (« Albert Ross ») ou marques de reconnaissance de gens à la dérive, coupures de rasoir contre brûlures de cigarettes, qui voient dans la scarification «autant de raisons que de cicatrices » et dans la peau «le lieu où se rejoignent monde intérieur et monde extérieur » ( « La Dernière Galerie »).
La souffrance est omniprésente, essentiellement psychologique, causée par des disparitions tragiques génératrices de fantômes, mais surtout par un mal de vivre faite d’errances et de rencontres sans lendemain, d’addictions multiples, alcool notamment, vodka souvent, drogue également, avec son pourcentage de prostitution, de délinquance et d’avilissement, qui expriment une lassitude de la vie, la désespérance sur fond de crise économique. La cruauté n’est plus l’apanage des créatures fantastiques, comme l’exprime si justement un des derniers vampires : «La nuit n’est plus à nous, la nuit c’est vous » ( « Derrière le rideau »). De même, quand un nécrophage assumé apprend que sa collègue de bureau s’est suicidée en raison de la pression au travail, il observe que lui, au moins, ne se nourrit pas de vivants. Le Moloch contemporain est la grande machine broyant les ouvriers nus qui, sur fond de fermetures d’usine, lui vouent à présent un culte («Réveil dans Moloch »). Image forte de ce grignotage des chairs humaines, les antigens, créatures récurrentes qui arrachent aux plus faibles l’organe, poumon, foie, qui les emportera ( « Sans Esprit : toujours la dépression »). Les policiers plusieurs fois mis en scène ne sont pas des redresseurs de torts mais les témoins de la nécrose urbaine. « Certains ont disparu » indique clairement la cause de ce marasme : « Le contraire de l’amour, c’est l’indifférence. » Souvent, le suicide est la porte de sortie que choisissent ceux qui ne savent comment lutter (« Un Chant d’hiver »).
Joël Lane est un auteur engagé dont les récits sordides sont autant de dénonciations d’une société sans âme ni dignité, seule responsable des cruautés et des drames qu’elle suscite chez les plus fragiles. On trouve, derrière ce lot de misères humaines, de la tendresse et de poignantes étreintes, comme ce marin qui retrouve, pour une nuit, son amant disparu en mer. Si l’auteur n’a jamais caché son homosexualité, comme en témoignent nombre de récits, il met en scène avec la même subtilité et une égale justesse tous ses personnages, un talent qui est d’abord la preuve de sa grande humanité. Des titres comme « Le Dernier Cri », « Ma voix déjà se meurt » illustrent son désir d’offrir sa plume à tous les déshérités.
C’est une plume riche, par la densité du récit et la concision de la phrase. La narration est parfois âpre, jamais dénuée de poésie, même si cette grande qualité d’écriture est volontiers mise au service d’un récit aussi efficace et brutal que la colère qu’il exprime. Il faut remercier Jean-Daniel Brèque qui a su, à travers ce recueil, faire entendre la voix de cet auteur disparu pour qu’il ne tombe pas dans l’oubli. Chapeau bas — et un accessit spécial au (micro)éditeur Deampress. com, auprès duquel on commandera directement le présent ouvrage sur son site internet, faute de le trouver en librairie