Le GRAND LIVRE DU MOIS
(Paris, France) Dépôt légal : janvier 2002, Achevé d'imprimer : 2002 Réédition Roman, 530 pages, catégorie / prix : 21,00 € ISBN : 2-7028-6933-5 Format : 14,4 x 21,5 cm✅ Genre : Fantastique
Couverture : extrait de « La promenade » de Chagall (1917). Extrait de la fiche Wikipedia :
1°) « Boulgakov ne cesse de peaufiner une quatrième version avec l'aide de sa femme, jusqu'à ce qu'il soit contraint de s'arrêter quatre semaines avant sa mort en 1940. C'est sa femme, Elena Sergueïevna, qui achève son œuvre en 1940 et 1941. »
2°) Une version censurée du livre (12 % du texte y est omis et une part plus grande encore altérée) est d'abord publiée dans le magazine Moscou (n° 11, 1966, et n° 1, 1967).
RELIURE CARTONNÉE, ISBN à 13 chiffres : 978-2-7028-6933-8
La version finale du manuscrit a été achevée en 1940.
Écrit sous la Terreur par un homme malade et désespéré, le Maître et Marguerite a mis vingt-cinq ans pour s'imposer comme l'un des chefs-d'œuvre de la littérature russe et devenir un livre culte dont la construction diabolique n'a pas fini d'enchanter les lecteurs. Comment définir un mythe ? Les personnages de ce roman fantastique sont le diable, un écrivain suicidaire, un chat géant, Jésus et Ponce Pilate, la plus belle femme du monde... On y trouve des martyres atroces et des crucifixions. C'est une satire acerbe, une comédie burlesque, une parodie politique, un poème philosophique dévastateur avec des fantômes et des transformations magiques.
Mais cette fantasmagorie baroque, ce film noir, cette vision d'apocalypse est aussi l'une des plus belles histoires d'amour jamais écrites.
Réduit au silence dès la fin des années 1920, mais épargné par Staline, Mikhaïl Boulgakov, médecin et journaliste, est l'auteur d'une œuvre immense restée inédite de son vivant. Les dix dernières années de sa vie sont consacrées à la rédaction du roman Le Maître et Marguerite.
Il meurt en écrivant le mot fin.
La parution de ce livre était une joie, et un événement longtemps attendu. L'œuvre romanesque de Boulgakov nous est en effet fort mal connue en traduction française, comme elle a d'ailleurs été occultée dans son pays, sa vie durant, par une censure difficilement dupe des travestissements fictionnels dont l'auteur enrobait la réalité sociale du régime stalinien. Le Maître et Marguerite, roman multiple et inachevé, auquel Boulgakov a travaillé plus de dix années, jusqu'à sa mort misérable de 1940, c'est donc la voie royale pour pénétrer l'œuvre imposante d'un écrivain qu'on imagine, la réputation russe aidant, de la lignée sulfureuse des Gogol et Pouchkine.
Surprise, Le Maître et Marguerite est un livre à l'écriture bâclée, charriant tant d'à peu près et de répétitions qu'il serait injuste de les imputer au traducteur, méritant Claude Ligny. Et cette faiblesse de style, qu'on voudrait excuser par la force d'une fiction qui emporte avec elle son auteur et le prive du temps de faire dans la dentelle verbale, cette indigence formelle n'expose en fait qu'un récit décousu, erratique, sans le moindre sérieux et sans la dérision tragique qu'on y augurait. Les caricatures d'écrivains d'Etat sont tellement grossières qu'on ne peut y croire ni s'en amuser, et cette histoire de diable voyageur, dans le temps et l'espace, n'a pas la puissance admirable du fantastique russe, mais plutôt la facilité et l'inconsistance des fantaisies slaves, leur inclination gratuite au flou de l'instant.
Ainsi donc, on le regrette, Le Maître et Marguerite restera, toutes catégories confondues, comme le modèle du roman illisible. En retrait subsiste le drame de Mikhaïl Boulgakov, écrivain fourvoyé, ainsi qu'un dépit accessoire, celui de constater l'efficience irraisonnée du marketing éditorial français. Car ce livre vient en tête des ventes de livres de poche. Vouloir contribuer à ce succès serait vraiment tenter le diable...