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Yapou, bétail humain - Volume I

NUMA Shozo

Titre original : Kachikujin Yapu, 1956   ISFDB
Cycle : Yapou, bétail humain  vol. 1 

Traduction de Sylvain CARDONNEL
Illustration de FREDOX

DÉSORDRES
Dépôt légal : octobre 2005
Première édition
Roman, 448 pages, catégorie / prix : 24 €
ISBN : 2-268-05566-3
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
     Yapou, bétail humain, fresque postmoderne qui sera publiée en trois volumes, est l’un des textes les plus extraordinaires qui soient. À l’image d’un Jules Verne extravagant et pervers, Shozo Numa explore le système de domination que subit le Yapou (descendant de l’homme nippon rabaissé au rang de bétail) sur l’empire EHS, au XLe siècle. Un vaisseau spatial chute sur Terre, dans les années 196X, près d’un jeune couple (une Allemande et un Japonais). Après avoir porté secours à son occupante, ceux-ci entreprennent un voyage dans le temps pour rejoindre EHS, découvrant un univers dominé par une noblesse blanche d’origine germanique régie par les femmes, qui ont asservi les Yapous, voués à satisfaire leurs besoins et idolâtrer les Blancs. Ce voyage mènera à la transformation du jeune Japonais en Yapou au service de son ancienne fiancée, désormais membre de la noblesse d’EHS.

     Reprenant la tradition de Jonathan Swift et du voyage fictif, cette dystopie délirante, marquée par une feinte érudition et de constantes adresses au lecteur, représente la quintessence littéraire de la détestation de soi des Japonais traumatisés par l’Histoire. Yapou décrit un monde total, traversé par un humour noir et grinçant, où tout, de l’organisation sociale aux gadgets technologiques, en passant par le système philosophique et idéologique, est scrupuleusement répertorié. Grand texte du masochisme, hanté par les notions d’impérialisme, de suprématie raciale, d’eugénisme, de domination sexuelle, Yapou a été honni par le Japon d’après-guerre.

     Ce livre culte est considéré comme le texte le plus étrange jamais publié au Japon.

     Yapou, bétail humain est le plus grand roman idéologique qu’un Japonais ait écrit après-guerre.
     Yukio Mishima
Critiques
     L'éloge de la soumission
     Yapou, bétail humain, de Shôzô Numa, est une fresque qui mêle science-fiction et masochisme. Un hymne japonais à l'humiliation.

     Clara Von Kotwitz est allemande, Sebe Rinichiro est japonais. Ils s'aiment. Un jour de cette année 196X, comme l'écrit Shôzô Numa, ils se promènent en forêt quand un engin s'écrase, pas loin d'eux. Ils se précipitent à l'intérieur de cette espèce de soucoupe volante et raniment une femme, belle et fascinante. C'est Pauline Jansen, une aristocrate d'EHS, the Empire of the hundred suns, l'Empire des centaines de soleils. Pauline vient du futur. Et emmène le couple sur sa planète, plus de 2.000 ans dans l'avenir. Sebe et Clara y iront de découverte en découverte, à la manière du Gulliver de Jonathan Swift.
     Banal ? Pas vraiment. Car ce roman foisonnant est hanté par les fantasmes de soumission sexuelle et d'infériorité raciale. C'est un roman sur le masochisme, sur l'humiliation et le plaisir qu'on en retire. Jusqu'à la scatologie, finalité évidente de l'humiliation. Car Sebe est un Japonais. Et, dans le monde ultraféministe et ultrablanc anglo-saxon de Pauline, les Noirs sont des esclaves, mais les Yapous, une déformation de Japonais bien sûr, ne sont même pas des êtres humains : c'est du bétail, qu'on transforme, qu'on manipule génétiquement, dont on fait des pièces d'ameublement conscientes, des chiens ou des pégases, ou de simples objets sexuels. Sebe en fera l'expérience. Et celle-ci ne sera pas si amère.
     Car il y a un plaisir trouble à être humilié. A servir d'urinoir, d'engin à digérer les défécations ou de « cunnilinger » , ce meuble vivant dont la seule préoccupation est de faire jouir les femmes qui dorment seules grâce à sa langue en forme de pénis.
     L'imagination de Shôzô Numa est foisonnante. Il raconte ce futur avec inventivité et sérieux, ajoutant des extraits d'encyclopédies ou de livres d'histoire pour accentuer l'effet de réel, accumulant les références internes, les renvois de chapitre à chapitre. Non sans ironie, cependant, ce qui accroît la forte impression que fait le roman sur l'imaginaire du lecteur.
     Sade et Sacher-Masoch nous ont habitués à admettre les mécanismes du plaisir de l'humiliation. Reste à comprendre le cas particulier du Japon. Shôzô Numa vit toujours, à Tokyo, mais il a écrit ce long roman (ceci n'est que le premier tome, il y en aura trois) dès 1956. Il est paru en feuilleton dans une revue, Kitan Club. Aujourd'hui, ce roman est célèbre, il est adapté en mangas, on prépare un film. Cette traduction est la première en français. Ce que traduit en fait ce livre, c'est le séisme de la défaite japonaise, de l'humiliation de l'empereur, de l'occupation américaine. Shôzô Numa la fantasme façon S.M. Et ça secoue.

Jean-Claude VANTROYEN
Première parution : 16/12/2005 Le Soir
Mise en ligne le : 18/12/2005

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