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Sirènes

Laura PUGNO

Titre original : Sirene , 2007
Première parution : Einaudi, 2007   ISFDB
Traduction de Marine AUBRY-MORICI
Illustration de Rémi PÉPIN

INCULTE (Paris, France)
Date de parution : 3 juin 2020
Dépôt légal : juin 2020
Première édition
Roman, 172 pages, catégorie / prix : 16,90 €
ISBN : 978-2-36084-056-4
Format : 14,0 x 19,1 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture

Dans un monde post-apocalyptique, dominé par les yakuzas, l’humanité s’éteint peu à peu, victime du cancer noir provoqué par les rayons d’un soleil maudit. Les riches vivent désormais sous terre, réfugiés dans les bunkers d’Underwater. Pour le bon plaisir de la yakuza, on élève des sirènes destinées à être consommées sous forme de viande de mer. Mais dans ce monde qui se divise désormais entre ceux qui meurent et ceux qui jouissent, Samuel, simple surveillant dans un bassin d’élevage, se laisse un jour tenter par le plus dangereux des plaisirs : il s’unit à une sirène femelle. Ainsi naît Mia, mi-sirène mi-humaine, une créature hybride porteuse peut-être, d’un nouvel espoir.

L’écriture puissante, cruelle et délicate de Laura Pugno fait surgir les questions de l’exploitation animale, de l’asservissement des femmes, de la frontière de plus en plus trouble entre l’humain et le non-humain. Dans Sirènes, ce qui importe n’est plus la fin de l’humanité, mais de savoir si une nouvelle espèce consciente lui survivra.

Laura Pugno, née en 1970, est romancière et poétesse. Elle a été récompensée par plusieurs prix, dont le prestigieux Premio Campiello Selezione Letterati en 2017, il Frignano per la Narrativa, il Premio Dedalus, il Libro del Mare e il Premio Scrivere Cinema per la sceneggiatura. Son univers littéraire s'inspire largement du genre post-apocalyptique, du monde sauvage et des réflexions philosophiques sur le non-humain.
Sirènes est son premier roman traduit en français.

Critiques

    Premier roman traduit en France de la poétesse et autrice Laura Pugno, Sirènes nous immerge d’emblée dans un récit noir, oscillant entre métaphore et univers post-apocalyptique. L’argument prospectiviste se réduit en effet très rapidement à un prétexte, un décor laissant libre cours à un propos de nature plus éthique autour de la condition animale et des rapports de domination entre l’homme, la femme et la nature.

    Découvertes très récemment dans les profondeurs océaniques, les sirènes de Laura Pugni ne ressemblent en rien aux représentations romantiques colportées par Walt Disney et consorts. Elles n’empruntent pas davantage leurs traits aux créatures de l’odyssée d’Ulysse. S’il faut rechercher une origine à l’inspiration de l’autrice italienne, elle se trouve plutôt du côté du légendaire médiéval et scandinave. Les sirènes sont ainsi des animaux sauvages soumis à leurs instincts, mais non dépourvus de sensibilité, même si le sujet n’est pas ici central. Dans un monde en proie au rayonnement mortel du soleil noir et à l’agonie du derme blanc, où la part privilégiée de l’humanité, issue de la fusion du libéralisme et de la criminalité à la mode asiatique, s’est réfugiée à Underwater, les créatures aquatiques sont élevées pour leur viande et l’attrait sexuel qu’elles représentent pour les yakuzas. Mais tout cela reste de l’ordre du décor. Un paysage propice à l’histoire d’amour entre Samuel, un killer déchu devenu soignant dans un élevage de sirènes, et la progéniture hybride née de sa relation avec une sirène. Une idylle sacrément tordue, inavouable dans un monde violent et sans autre moralité que le droit du plus fort, et dont on anticipe rapidement l’échec patent.

    Sirènes fait aussi la part belle au côté sombre de l’humain, malmenant l’idéalisme des uns tout en confortant le cynisme des autres. On assiste ainsi au viol de la nature, dont les ressources sont pillées sans vergogne pour la satisfaction des vices. Cette profanation du vivant par la technique n’est pas sans évoquer certaines vidéos publiées sur Internet afin de dénoncer la condition animale dans les élevages et abattoirs. Sirènes nous renvoie aussi aux violences faites aux femmes, ravalées ici au rang d’objets sexuels ou de trophées échangeables comme des vignettes Panini.

    Dans un style imagé, fait de résonances funestes et lancinantes, Laura Pugni distille le malaise, nous renvoyant une image pessimiste de l’humanité, ce cancer mortel pour la Terre dont l’agonie ne marquera pas la fin du monde, bien au contraire. Avis aux amateurs, vous voilà prévenus.

Laurent LELEU
Première parution : 1/10/2020 dans Bifrost 100
Mise en ligne le : 26/4/2024

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