Tomi Motz, un ingénieur d’une cinquantaine d’années, est mandaté par Energya pour contrôler les ins-tallations du barrage de Seyvoz. Situé en altitude, au beau milieu des Alpes, ce dernier fut édifié de façon arbitraire, quelques décennies plus tôt, à l’époque où la France entrait dans la modernité. Son lac artificiel a recouvert le village qui se trouvait là, occasionnant la dispersion d’une communauté.
Ceux qui vivent ici savent que quelque chose est là, sous la surface du lac. Quelque chose d’effacé, qui ne subsiste que dans la mémoire d’une poignée de personnes et dont les vestiges invisibles gisent au fond des eaux. Quelque chose, toutefois, dont la présence insiste et modifie – de façon presque magnétique – l’environnement et les gens qui le perçoivent.
Pendant trois jours, Tomi va faire l’expérience de ce dérèglement. En se penchant au-dessus de ces eaux énigmatiques, en arpentant ces lieux hantés, en rencontrant leurs habitants, il va voir sa mission pertur-bée par une série de troubles sensoriels et psychiques. L’histoire remonte des profondeurs, le réel se dérobe ; autour de lui tout vacille, les paysages et les comportements, et peut-être jusqu’à sa propre raison.
Dans ce roman Maylis de Kerangal et Joy Sorman interrogent les strates de mémoire historiques, techniques, mais aussi intimes qui se tiennent dans les plis du paysage et qui composent notre rapport à la réalité.

Maylis de Kerangal est l’auteure, entre autres, de Corniche Kennedy (2008), Naissance d’un pont (2010, prix Médicis, prix Franz Hessel), Réparer les vivants (2014, lauréat de dix prix littéraires), Un monde à portée de main (2018) et Canoës (2021), tous parus aux éditions Verticales.

Joy Sorman publie son premier roman en 2005, Boys, boys, boys, lauréat du prix de Flore. Suivent notamment, chez Gallimard, Du bruit (2007), Gros œuvre (2009), Comme une bête (2012), La Peau de l’ours (2014), puis Sciences de la vie (Seuil, 2017) et À la folie (Flammarion, 2021).

Elles sont toutes les deux membres du collectif Inculte.