Le VISAGE VERT
(Cadillon, France) Achevé d'imprimer : décembre 2017 Réédition Recueil de nouvelles, 288 pages, catégorie / prix : 19 € ISBN : 978-2-918061-39-7 Format : 15,5 x 23,5 cm✅ Genre : Fantastique
Couverture : illustration de Joseph Abbey pour la jaquette de Grand Guignol Stories de Maurice Level (Londres : A. M. Philpot, 1922).
Recueil dédié à Jean-José Frappa.
Quatrième de couverture
Après Les Portes de l’enfer (1910), Les Oiseaux de nuit (1913) est le deuxième recueil de contes terrifiants de Maurice Level, spécialiste du conte cruel acclamé par H. P. Lovecraft.
Ce recueil, qui n’avait jamais été réédité depuis un siècle, réunit trente contes d’épouvante – trente chefs-d’œuvre – parmi lesquels on peut citer « Le Chenil », « La Nuit et le Silence », « Sous le chloroforme » et « Dans les blés », des classiques de l’horreur traduits dans le monde entier, des États-Unis au Japon, et inexplicablement méconnus en France.
Adapté avec un énorme succès au Grand Guignol entre 1912 et 1938 et rejoué sans interruption aux quatre coins du monde depuis 1995, « Le Baiser dans la nuit » est un authentique sommet du conte d’horreur, lui aussi totalement oublié dans sa version originale, ici présentée avec les variantes de la première parution dans la presse.
Cette édition est complétée d’éléments bio-bibliographiques, documentaires et iconographiques retraçant les sources, les thèmes, la diffusion et l’immense vogue internationale que connurent ces récits brefs et percutants.
Il est temps de les redécouvrir et de redonner à leur auteur la place qu’il mérite parmi les précurseurs de la littérature d’horreur contemporaine de langue française.
1 - Philippe GONTIER, Préface, pages 7 à 25, préface 2 - L'Homme endormi, pages 29 à 33, nouvelle 3 - Félicité, pages 34 à 38, nouvelle 4 - Le Crime de la rue Pergolèse, pages 39 à 46, nouvelle 5 - Poussette, pages 47 à 52, nouvelle 6 - Confession, pages 53 à 57, nouvelle 7 - La Nuit et le silence, pages 58 à 62, nouvelle, illustré par Alfred SINDALL 8 - Solitude, pages 63 à 68, nouvelle 9 - Le Regard, pages 69 à 74, nouvelle 10 - Je m'accuse, pages 75 à 79, nouvelle 11 - Cette crapule de Miron, pages 80 à 85, nouvelle 12 - Savoir !..., pages 86 à 90, nouvelle 13 - Lâcheté, pages 91 à 95, nouvelle 14 - Les Yeux ouverts, pages 96 à 100, nouvelle 15 - Le Petit, pages 101 à 105, nouvelle 16 - Sous le chlororforme, pages 106 à 111, nouvelle 17 - Le Tapis vert, pages 112 à 117, nouvelle 18 - Un sage, pages 118 à 124, nouvelle 19 - Menteuse, pages 125 à 130, nouvelle 20 - Une erreur, pages 131 à 136, nouvelle 21 - Le Partage, pages 137 à 140, nouvelle 22 - Qui ?..., pages 141 à 145, nouvelle 23 - Le Bâtard, pages 146 à 152, nouvelle 24 - Le Baiser dans la nuit, pages 153 à 158, nouvelle 25 - L'Obstacle, pages 159 à 164, nouvelle 26 - Dans les blés, pages 165 à 169, nouvelle 27 - La Tare, pages 170 à 175, nouvelle 28 - Pour rien, pages 176 à 181, nouvelle 29 - L'Affranchi, pages 182 à 186, nouvelle 30 - Le Chenil, pages 187 à 193, nouvelle 31 - Mon homme ?..., pages 194 à 199, nouvelle 32 - COLLECTIF, Annexes, pages 202 à 222, dossier 33 - (non mentionné) & Maurice LEVEL, Le Baiser dans la nuit (1912 et 1913), pages 203 à 209, article 34 - (non mentionné), Les Beaux esprits se rencontrent, pages 209 à 209, article 35 - (non mentionné), Maurice Level journaliste, pages 210 à 213, dossier 36 - Sur l'échafaud, pages 210 à 213, article 37 - COLLECTIF, Dossier de presse des Oiseaux de nuit, pages 214 à 217, dossier 38 - Charles-Henry HIRSCH, Sur « Les Oiseaux de nuit » de Maurice Level, pages 218 à 222, article 39 - Jean-Luc BUARD, Postface, pages 223 à 243, postface 40 - Jean-Luc BUARD, Essai de bibliographie, pages 245 à 283, bibliographie
Critiques
Oublié chez nous, mais régulièrement traduit (notamment en anglais et en japonais), Maurice Level avait pourtant, en son temps, acquis une certaine renommée littéraire dans l’Hexagone, ceci alors même qu’il officiait dans un registre à même de scandaliser les bonnes âmes : le récit de terreur, et dans sa variante la plus grotesque — le Grand-Guignol. L’expression n’est pas employée à la légère, car nombre de ses petites histoires glauques ont été adaptées pour la scène, où elles ont rencontré un grand succès — la plus fameuse de ces pièces étant Le Baiser dans la nuit, d’après une nouvelle figurant dans ces Oiseaux de nuit, réédition d’un recueil de 1913.
Maurice Level, dans cette « première manière » (car il s’est ensuite tourné vers des récits plus légers), abreuvait les journaux et leurs lecteurs de brèves nouvelles (cinq pages en moyenne, ici), au style très travaillé, mais dans l’optique de l’épure, en retranchant tout le superflu. Et ces « contes cruels » étaient autant de condensés d’angoisse, de désespoir, de meurtre et de folie. Il ne s’agit pas de littérature fantastique (une seule nouvelle, « Qui ?… », pourrait éventuellement en relever) : l’inspiration de Level se trouve plutôt dans les faits divers sordides, qui égayent la presse et occupent les tribunaux.
Mais Level, sur cette base, peut tirer le récit, en apparence fort simple, dans des directions variées. Le lectorat bifrostien sera peut-être attiré, en priorité, par les histoires les plus typées Grand-Guignol, et ce registre outré produit des merveilles d’horreur — citons « Le Baiser dans la nuit », donc, mais aussi « Le Chenil », ou encore, très étrange, « La Nuit et le silence »… Des récits brefs, intenses, étonnamment graphiques ; pas forcément, cela dit, les plus appréciés par la critique d’alors — qui préférait des récits plus mélodramatiques, d’une douleur poignante. Dans ce registre également, Level livre des réussites saisissantes, qui nouent le ventre en exprimant un désespoir fatal et tellement humain — celui des filles-mères, ou des vieux qui n’ont plus personne, et une théorie d’époux déçus et trompés… Ailleurs, le récit dépasse la seule chronique judiciaire pour endosser des atours de policier — ou de thriller ? « Le Crime de la rue Pergolèse » en est un exemple frappant. Mais une même base peut aussi être traitée sur le mode du désespoir, donc — même ironique : ainsi dans « Je m’accuse ! ». Mais qu’on ne s’y trompe pas : ici, Level ne fait pas rire… Et, puisant dans sa propre expérience, il a aussi mis en scène bien des médecins, bien des patients atteints de la tuberculose — qui sont tous à même de susciter des scènes terribles et grotesques, ce dont « Une erreur » témoigne tout particulièrement. Sur ces bases, l’auteur dépeint la meilleure société comme les bas-fonds, avec un égal bonheur, dans l’angoisse et dans la douleur, ce qui confère régulièrement à ses récits une portée sociale subtile.
Très heureuse initiative, de la part du Visage Vert, que cette réédition, dans un écrin à la mesure : le paratexte est imposant, avec des études très savantes de Philippe Gontier et Jean-Luc Buard, incluant une (très) longue bibliographie. À ce stade, on fait dans l’édition scientifique.
Mais ces Oiseaux de nuit le valent bien. Forts de leur singularité, et de leur habile conception, ces récits faussement anecdotiques sont autant de cauchemars très humains, sous les éclats du Grand-Guignol. On comprend l’admiration de ses contemporains, et la nécessité d’y revenir.