« Ne voulais-tu pas un crâne hydrocéphale ? Le voilà... ria-t-il. Tu peux le voir encore vivant, survivant grâce à d'ingénieux et expérimentaux procédés. Mais si tu préfères, tue-le et garde-le pour toi, égoïste monomaniaque.

     – Je dois avouer que je suis maintenant sur le point de me demander si ce n'est pas là la solution.

     – Vraiment ? »

     Ce n'est pas parce qu'il est à la fois pied-bot et cul-de-jatte que Francis Thievicz écrit, mais surtout pour faire croire qu'il fait quelque chose de ses journées.

     « ...Le Club de Curiosités a su piquer au vif mon appétit pour les fulgurantes étrangetés de ce monde. Même mort, j'adore. »

     — Aleister Crowley -

     Joli petit livre que ce Miroir noir et autres curiosités, illustré par Mélusine et publié aux éditions de l'Antre. On y fait connaissance avec le Club de curiosités, un groupe de personnes qui partagent le même goût pour les choses étonnantes, notamment autour de la nature humaine : les hydrocéphales et bicéphales, les « monstres ». Mais aussi les drogues nouvelles, des miroirs qui donnent sur un autre monde, des araignées gigantesques, des enfants aux pouvoirs paranormaux enfermés dans des cubes de verre... Une réjouissante galerie de portraits, où le grotesque le dispute à l'inquiétant ou à la falsification. Les membres du club eux-mêmes participent de ces effets, puisqu'on y retrouve un hydrocéphale, un syphilitique, un juif, une femme, Mycroft (sans doute Holmes, même si cela n'est pas mentionné), un vieux professeur... bref un aréopage assez invraisemblable. On pense parfois au Club Diogène de Jérôme Sorre et Stéphane Mouret, par la teneur des histoires et aussi leur cadre historique, qu'on imagine être la fin du XIXe siècle. Plutôt que d'un recueil, il s'agit plutôt ici d'un roman fix-up où chaque nouvelle découverte ou arrivée d'un membre supplémentaire fait l'objet d'un texte séparé. De ce télescopage d'incongruités et bizarreries naît une certaine poésie du macabre qui trouve son écho dans le style précieux et suranné de Francis Thievicz. Il faut néanmoins signaler qu'à vouloir trop travailler le style, l'auteur se prend régulièrement les pieds dans le tapis, puisque les coquilles sont assez nombreuses dans ce livre ; dommage donc que ce livre n'ait pas bénéficié d'une relecture plus attentive. Cela ne saurait toutefois trop gêner la plaisante lecture de cet ouvrage, que l'on placera sans hésiter dans le cabinet de curiosités de sa propre bibliothèque.