Il écrit des livres qui remportent un agréable succès.
Il est simplement à la recherche d'un nouveau sujet. La succession d'un certain nombre de petits incidents étranges l'amène à décider d'un thème qui le fascine : les coïncidences.
Comment peut-il prévoir le cauchemar dans lequel il va alors être plongé ?
Un cauchemar de mensonges et de trahisons qui menace son mariage, son équilibre mental, et sa vie même...
Sa vie et/ou celle de ce double, soudain surgi sur sa route, et qu'il va devoir affronter dans un combat fatal à la conclusion aussi stupéfiante qu'inattendue...
Après des études de droit à Oxford, David Ambrose a débuté une carrière de scénariste avec Orson Welles, à Hollywood où il a continué à travailler pour des stars telles que Kirk Douglas ou Sharon Stone. Il a beaucoup écrit aussi pour la télévision et le théâtre. Coïncidence est son quatrième roman.
Alors qu'il trie de vieux documents appartenant à son père, récemment décédé, George Daly, écrivain new-yorkais, a la surprise de découvrir une photographie qui le représente, enfant, en compagnie d'un homme et d'une femme qu'il ne se rappelle pas avoir jamais rencontrés. Sur d'autres clichés, il voit ses parents plaisanter avec ce couple d'inconnus dont ils semblent très familiers. Après quelques recherches sommaires, George identifie ce couple : il s'agit de deux acteurs britanniques complètement oubliés, Jeffrey Hart et Lauren Paige. Mais le mystère reste entier : qui est ce garçonnet qui pose avec eux sur la photo ? Le doute de Daly tourne vite à l'obsession lorsqu'il se trouve au centre d'une avalanche de coïncidences stupéfiantes, qui toutes lui évoquent ce couple d'acteurs disparus. Pire, il s'aperçoit qu'à chaque instant, ce sont des coïncidences plus improbables les unes que les autres qui viennent altérer sa vie. Autosuggestion inconsciente ? Destinée qui lui échappe ? Le phénomène lui semble en tout cas suffisamment bizarre pour qu'il décide de lui consacrer son prochain roman. Première étape : identifier le jeune garçon représenté sur la photo...
Plutôt alléchante, l'idée de départ du roman de David Ambrose devrait parler à peu près à tout le monde : comment interpréter les petites ou grosses coïncidences dont nous sommes tous témoins à un moment ou un autre de notre vie ? Cette personne que nous n'avons pas revue depuis des années, à laquelle nous pensons inopinément et contre laquelle nous butons l'instant d'après... Ces impressions de déjà vu, ces rêves récurrents ou prémonitoires, ces signes que l'on décrypte dans tout et n'importe quoi, ne sont-ils que des manifestations de notre subconscient ?
Pour raconter son histoire, David Ambrose (par ailleurs scénariste de quelques dispensables séries B hollywoodiennes) a pris le parti de brouiller les pistes, en imbriquant divers traitements littéraires les uns dans les autres. Ainsi, le récit empruntera successivement, et de manière assez subtile, au fantastique paranoïaque sauce Quatrième dimension, au roman noir-thriller, ainsi qu'à la science-fiction « matrixienne ». Et il le fait tant et si bien que le roman en devient rapidement impossible à classifier, même avec la meilleure volonté du monde. Pour compliquer encore plus la situation, le point de vue narratif navigue incessamment entre trois protagonistes aux identités parfois ambiguës... Il y aurait largement de quoi égarer le lecteur en diagonale ! Pourtant, l'intrigue n'en est pas pour autant dénuée de cohérence ; sous des aspects éclatés, la narration obéit bien à une forme de logique interne, qui peut rejoindre certaines des thématiques développées par ses personnages : l'existence d'un ordre suprême qui préside — ou ne préside pas — à la destinée humaine. Une chose paraît toutefois acquise : on s'amuse beaucoup plus à aborder ces questions philosophiques sous la plume de David Ambrose qu'à travers l'objectif de Claude Lelouch. Même si, dans un cas comme dans l'autre, on s'adresse au plus large public.
Précisons-le, le dénouement du roman pourra décevoir quelques lecteurs, qui n'y verront qu'une énième déclinaison d'un poncif de la science-fiction contemporaine. Ce jugement serait un peu hâtif, car la singularité de ce texte me semble beaucoup plus évidente dans le déroulement de son intrigue, plutôt inattendu, que dans sa conclusion, qui, prise isolément, ne brille en effet pas spécialement par son originalité. Malheureusement, l'impression générale que l'on conserve d'un livre dépend souvent de ses dernières pages...
Coïncidences appartient à cette catégorie de romans qui parvient à susciter l'intérêt dès les premiers chapitres, et sait l'entretenir, de rebondissement en rebondissement, jusqu'à la toute dernière ligne du texte. Sans garantir qu'il laissera immanquablement un souvenir impérissable à tous les lecteurs, ce récit n'en est pas moins digne de leur curiosité, et mérite d'être découvert, ne serait-ce que pour les quelques agréables heures de lecture qu'il offrira à chacun.
En se penchant sur les faits divers (dans Le Degré zéro de l'écriture), Roland Barthes avait déjà noté que ce qu'on retenait dans ceux-ci tenait à l'étonnement qu'ils suscitent et à la suspicion sous-jacente du hasard se confondant avec le destin. Les coïncidences troublantes participent de cette pensée magique et c'est pour en avoir été victime que Georges, un auteur de livres ésotériques, décide d'enquêter sur le sujet. Au passage, le lecteur a droit à un bel aperçu des coïncidences extraordinaires recensées par l'auteur, comme la fameuse comparaison des biographies de Lincoln et Kennedy. L'esprit critique et rationaliste de Georges table sur des phénomènes de synchronicité mais s'efface progressivement devant la difficulté à justifier les coïncidences, non pas qu'elles soient impossibles, mais parce que leur quantité les rend suspectes. A force de les traquer, ne finit-on pas par les provoquer ? Ainsi, il découvre sur de vieilles photos de famille un enfant jumeau dont il ignorait tout. Parvenant à retrouver sa trace, il apprend qu'il aurait été donné par ses parents à un couple ami sans enfants. Mais ce jumeau est un escroc qui a la pègre aux trousses. Ce dernier saisit là une bonne occasion d'échanger sa vie avec celle de l'écrivain qui n'y voit pas malice et devient la victime des tueurs à gage...
C'est ici que tout dérape. L'intrigue, qui semblait prendre la voie d'un thriller forcément décevant vu les fantastiques attentes du début, débouche sur un vertige spéculatif qui n'est pas sans rappeler Simulacron 3 de Daniel Galouye et Le Maître du haut-château de Dick. Malgré une lenteur de mise en place, la narration est suffisamment bien menée pour soutenir l'intérêt. Coïncidence se révèle cependant un cran en-dessous de L'Homme qui se prenait pour lui-même et Superstition (également chez J'ai Lu), deux des quatre romans (Ambrose est aussi l'auteur de Cyber Killer, disponible au Livre de Poche) traduits à ce jour de ce scénariste de cinéma (D.a.r.y.l., Amityville 3) qui excelle dans la remise en question de la réalité.