L'illustration de SF a longtemps été immature ; trop souvent, le dessinateur se contentait d'illustrer platement le texte. Heureusement, de véritables créateurs ont su apporter un souffle qui, parfois, manquait. Ces artistes-là sont identifiables au premier coup d'oeil : on reconnaît ainsi un Caza comme on reconnaît un Magritte, par exemple.
Certes, les puristes noteront que l'inspiration est souvent teintée de fantasy : ces créatures qui envahissent les pages de L'OEil du dragon ont parfois plus à voir avec un passé mythique qu'avec une science-fiction pure et dure. Rien de surprenant donc si les illustrations de Caza tournent autour du thème du monstre, qu'il soit succube, nécromant ou guerrière teintée de sado-masochisme... Qu'on se rassure : extraterrestres et mutants sont aussi au rendez-vous...
Qu'il s'agisse de personnages d'un jeu de rôles, de couvertures destinées aux éditions J'ai lu ou d'inédits rassemblés pour cet ouvrage, le futur et l'espace sont loin d'être peuplés d'êtres pacifiques. On pourra d'ailleurs, si l'on cherche à situer l'inspiration de Caza dans une tradition artistique (mais est-ce vraiment nécessaire, tant l'oeuvre se suffit à elle-même ?), songer à Dali ou à Goya. Et on notera avec intérêt, à de rares exceptions près, la prédominance du rouge, du vert et du bleu.
On peut supposer que la plupart de nos lecteurs sont familiers de l'univers de Caza (profitons-en pour signaler la sortie de Noone, le tome 6 du Monde d'Arkadi, aux Humanoïdes Associés) ; les autres auront une idée de son talent exceptionnel en découvrant — en couverture de ce numéro de Galaxies — , sa vision du Gritche de Dan Simmons.
Stéphanie NICOT (lui écrire)
Première parution : 1/9/1996 dans Galaxies 2
Mise en ligne le : 1/12/2001