Marchant dans les traces de Michael Crichton, Douglas Preston et Lincoln Child semblent vouloir s'affirmer comme des spécialistes du thriller scientifique d'ambiance fantastique. Ils y parviennent d'ailleurs fort bien, avec des romans malins, rapides et distrayants, bien que le spectaculaire l'emporte trop souvent sur la rigueur du propos.
Dans
Le piège de l'architecte, ils nous rejouent avec un certain bonheur l'air de l'île au trésor, avec son cortège de pirates, de cadavres et de mystères. L'intrigue est à la fois simple et astucieuse : comment une construction du XVIIème siècle peut-elle tenir en échec une équipe de chercheurs munis des toutes dernières technologies ? Plus que dans les pierres, c'est peut-être dans la personnalité de l'architecte que réside la clé de l'énigme du puits maudit...
La première partie est particulièrement stimulante pour l'imagination. On est tenté de rêver à ce qu'auraient pu en faire des auteurs comme Umberto Eco ou Arturo Perez-Reverte : une énigme ésotérique, un jeu symbolique où philosophie, sciences et Histoire auraient eu la part belle... Mais Preston et Child n'ont pas cette ambition, préférant manifestement le frisson et le grand spectacle. Et de fait, ce roman pourrait directement être adapté pour Hollywood...
En effet, après une remarquable mise en place des personnages et de l'atmosphère fantastique, le récit perd de son intérêt, car les auteurs privilégient le rythme de l'intrigue principale au dépens des nécessaires à-côtés qui font le sel d'une histoire et mériteraient plus ample développement. S'ils décrivent un peu les moyens techniques utilisés, la question n'est abordée que sommairement. Par exemple, au lieu d'approfondir nos connaissances sur la cryptographie et son utilisation au cours des siècles — sans tomber dans les excès de didactisme d'un Eco —, ils ne font qu'effleurer ce sujet pourtant passionnant. C'est ainsi que, malgré quelques difficultés initiales, le piège de l'architecte nous paraît somme toute assez peu résistant et rapidement mis à mal...
Suit alors un finale spectaculaire autour d'une épée aux étranges propriétés... A ce moment, le jeu intellectuel est oublié, et nous nous trouvons plongés au coeur d'aventures trépidantes que n'aurait pas reniées Indiana Jones.
Le résultat demeure donc un thriller sympathique et captivant, qui se lit d'une traite, même si l'on éprouve la légère déception des possibilités mal exploitées. Mais si le but est avant tout de distraire le lecteur, il est parfaitement atteint.
Pascal PATOZ (lui écrire)
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