Nous avons été attaqués par les gens d'Algol. Peut-on dire « les gens » ? Ce sont des colonnes semi-transparentes, chargées d'étincelles qui se déplacent. Terriblement armées : leurs tentacules brandissent des sortes de fulgurants. Ils venaient de quelque part dans la constellation de Persée, et les Alciniens paraissaient les reconnaître comme une horreur familière. Ceux-là n'émigraient pas, ne colonisaient pas ; je crois que la guerre était pour eux une sorte de jeu. Les notions changent beaucoup d'un univers à l'autre...
Charles Henneberg (1899-1959) obtint le prix Rosny Aîné pour « La Naissance des Dieux », roman qui surprit par son souffle épique et la splendeur baroque de l'écriture. Toutes qualités qui éclatent dans ce « Chant des Astronautes », space-opéra selon la grande tradition, plein de tumulte et d'imagination.
Deux des plus grands romans de l'âge d'or de la SF française, par l'équivalent du couple Moore-Kuttner, parus l'un en 1958 dans « Satellite » (n° 10 et 11) sous la signature du mari, l'autre en 1961 au Rayon fantastique (n° 83) sous celle de sa veuve. Une science-fiction pas du tout scientifique, et très romantique : un style qui a parfois une grandeur hugolienne, parfois des raffinements parnassiens, parfois une crudité gouailleuse ; des héros qui sont très beaux-dans le danger et très désarmés devant la beauté, des héroïnes très belles aussi et très aimantes, des monstres extra-terrestres ou floraux plus beaux encore dont le baiser boit l'âme de leurs victimes pleines d'horreur et de désir ; un monde luxuriant, cruel et fascinant, où le passé et l'avenir se rejoignent en l'éternité des mythes.