Né en 1952 dans le Nord de la France où il vit toujours, Pierre Gévart, qui mène par ailleurs une carrière de haut fonctionnaire, a écrit plusieurs romans, pas mal de nouvelles et quelques pièces de théâtre.
Lauréat 2001 du prix Infini avec Comment les choses se sont vraiment passées, il écrit parce que c'est pour lui « une évidence », et aime à rappeler que « ce qui compte, pour lui, ce n'est pas d'apporter des réponses, mais de poser des questions ».
Sagaï retrouve la Terre après six siècles de voyage. Mais c'est à présent un monde désertique, où les pluies sont quasi inexistantes.
De son côté, le cardinal Alvin Aaleigh revient d'un autre voyage, de six cents ans également. Lui qui était parti évangéliser les mondes lointains, il débarque en compagnie d'un extraterrestre sur une Terre où l'Islam règne en maître, où le Pape est appelé « Al Abbas ».
Deux hommes qui ont bien des choses en commun, et aussi bien des points de divergence. Aussi est-ce à la fois en alliés et en adversaires qu'il lanceront une croisade de reconquête. Cependant, la partie qui s'engage a plus de deux joueurs... et le véritable enjeu n'a rien de religieux.
Guillaume Suzanne : Le Livre Ultime
Prix Infini 2004
Il a passé plus de cinquante ans à écrire une œuvre magistrale. Son éditeur veut en faire « le plus immense, le plus gigantesque et apocalyptique succès depuis la Création ».
Deux voyageurs âgés de six siècles rentrent sur Terre, chacun de son côté. L'un, le cardinal Alvin Aaleigh, est accompagné d'un extraterrestre dont la religion, l'église, rappellent furieusement le christianisme. L'autre, Sagaï, souffre d'étranges trous de mémoire et de flashes de souvenirs qui le torturent. La Terre sur laquelle ils arrivent a bien changé en six cents ans : l'Islam y est la religion dominante et l'on pense que cela a peut-être un rapport avec sa désertification quasi-totale.
Pierre Gévart ose, avec La Décroisade, aborder des sujets « politiquement incorrects » comme les rivalités entre les religions. Il le fait avec un mélange d'enthousiasme et d'humour qui donne un roman captivant, dont le seul défaut est le grand nombre d'ellipses. Les lecteurs peu au fait des rites de l'église catholique, apostolique et romaine risquent d'éprouver quelque difficulté à suivre cette Décroisade et ce serait dommage, car l'intrigue est intéressante et les personnages attachants. Toutefois, l'histoire se suffit à elle-même. De plus, des allusions amusantes glissées ça et là — comme les noms de certains personnages secondaires, Marion Bradley ou Elijah Bailey, par exemple — contribuent à faire de ce livre un bon divertissement pour tous. Les lecteurs férus d'histoire des religions et/ou de politique internationale y verront en outre une analyse assez pertinente de la société actuelle.
Une nouvelle de Guillaume Suzanne, Le Livre ultime, prix Infini 2004, vient conclure l'ouvrage avec à-propos : les deux auteurs se répondent d'une façon tout à fait étonnante. N'en disons pas plus de peur d'en dévoiler trop.