Dans un Hong Kong futuriste, dominé par les riches firmes capitalistes dont les milices font régner l'ordre, à défaut de la loi, Sayn Shanda est policier. Un flic à l'ancienne, même si ses moyens sont modernes et sophistiqués. Un flic qui se bat pour la légalité et la justice. Il a une partenaire, Jiki, qui ne quitte jamais son appartement, d'où elle peut se connecter à la Trame qu'elle connaît et maîtrise à merveille. Tous deux forment une équipe efficace car ils savent pouvoir compter l'un sur l'autre. Mais ce qu'ils devront affronter — la barbarie des meurtres perpétrés — fera vaciller leurs certitudes et leur confiance mutuelle. Chacun à sa façon, poursuivant des buts à la fois semblables et opposés, ils plongeront, l'un dans l'horreur, l'autre dans la Trame, pour découvrir l'une des plus grandes machinations de la technologie moderne.
Un thriller haletant, des personnages hauts en couleurs et pleins de contradictions, ce qui les rend particulièrement enrichissants, voilà l'essentiel de Fils de la haine, à quoi il faut ajouter une vigoureuse dénonciation de la loi du plus riche. C'est donc un roman passionnant, mais la lecture en est malheureusement gâchée par l'excès des coquilles et des maladresses stylistiques. Certes, Rivière Blanche est une petite collection qui n'a pas les moyens de s'offrir les services d'un correcteur. Il n'empêche qu'actuellement, le manque de corrections est son défaut principal, préjudiciable tant aux auteurs qu'aux lecteurs.
Cependant, au bout de quelques chapitres, on fait abstraction de ces désagréments, et on se retrouve plongé dans une histoire bien plus complexe qu'il n'y paraissait tout d'abord, une de ces légendes urbaines qu'on se racontera, dans quelques décennies, sur la création de la Trame, cet univers virtuel tellement plus élaboré que l'ancien web. Les lecteurs sont tenus en haleine jusqu'au bout et, le livre refermé, ont bien envie de lire d'autres aventures de Sayn Shanda et Jiki, ou de voir le film qui pourrait en être tiré, car l'amour de Patrick Eris pour le cinéma se ressent au fil du roman, qui fourmille d'allusions et d'hommages.
À noter que Fils de la haine a été nominé pour le prix Lion Noir du Salon du Livre Policier de Neuilly-Plaisance en mars 2006. Pour un roman de science-fiction, c'est suffisamment rare pour mériter d'être dit.
Lucie CHENU
Première parution : 1/5/2006 nooSFere