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Sacrements

Clive BARKER

Titre original : Sacrament, 1996   ISFDB
Traduction de Jean PÊCHEUX
Illustration de Bastien LECOUFFE-DEHARME

BRAGELONNE (Paris, France), coll. L'Ombre précédent dans la collection suivant dans la collection
Dépôt légal : octobre 2016
Roman, 664 pages, catégorie / prix : 25 €
ISBN : 979-10-281-0145-9
Format : 15,3 x 23,8 cm
Genre : Fantastique


Quatrième de couverture
     Will Rabjohns est un photographe à la spécialité un peu particulière : il capture les derniers instants d’animaux en voie de disparition. Il immortalise ainsi l’implacable avancée de la civilisation humaine sur une nature sauvage cruelle et désespérée. Un métier qui n’est pas sans risque : le jour où une ourse polaire l’attaque brutalement, il tombe dans un profond coma. Une expérience qui le replonge dans de troublants souvenirs d’enfance, où domine la présence fantomatique d’un couple inquiétant et immortel.
     À son réveil, Will sait que sa vie ne sera plus la même, tandis qu’il se met en quête de sa propre identité et d’une terrible vérité, dans un périple où l’horreur pure côtoie le merveilleux...

     Clive Barker, né en 1952 à Liverpool (Grande-Bretagne), est l’un des plus grands artistes du domaine de l’horreur. Il est aussi une industrie à lui tout seul avec ses livres, films, comics, tableaux et jouets fondés sur ses créations. Les Livres de sang ont lancé sa carrière, suivis des romans Le Royaume des devins, Cabal ou Le Voleur d’éternité, du cycle Abarat (illustré par ses propres peintures), et des films Cabal et Hellraiser, ou encore Candyman et Le Maître des illusions, tous deux tirés des Livres de sang, dont d’autres adaptations au cinéma sont en cours.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition RIVAGES, Fantasy (2001)

     Will Rabjohns est un photographe animalier de renommée internationale. Sa spécialité : la représentation d'une nature sauvage pervertie par les excès humains, le regard flou des derniers ambassadeurs d'espèces moribondes. Son art fascine, dérange : Will Rabjohns y excelle. Alors qu'il achève un reportage sur les ours polaires à Balthazar — de tristes créatures nourries des déchets de la petite ville d'Alaska — Will est grièvement blessé. Lors du coma qui s'ensuit, il revit un souvenir enfoui dans son subconscient, un événement de son enfance survenu peu après la mort de son frère, seule et unique idole de ses parents : la rencontre avec un couple fantastique, peut-être bien immortel, la sublime Rosa et son énigmatique amant, Jacob. Lorsqu'il sort du coma, Will a gagné deux choses. Un besoin de comprendre, d'abord, qui le pousse à tenter de retrouver le couple fantastique. Maître Renard, ensuite, une manière de seconde personnalité, un hôte mental sauvage, déroutant. Les pièces du puzzle sont nombreuses et éparses. Will va s'employer à les rassembler, quitte à contempler l'horreur.
     Difficile de définir un livre comme Sacrements — au-delà de sa couverture magnifique, ce qui est suffisamment rare pour mériter d'être signalé. Difficile car c'est un livre énorme (un « roman-fleuve », nous dit la quatrième de couverture) qui, en dépit d'un nombre de personnages somme toute restreint (mais quels personnages !) au regard de sa taille, aborde une foultitude de thématiques — la mort, la maladie (le Sida, en fait), l'écologie (surtout), l'homosexualité, l'enfance, la connaissance... Un livre dans lequel, c'est une évidence, Clive Barker a mis énormément de lui, de ce qu'il est, de ce qu'il sait, ce qu'il ressent. (Les exemples sont légions, mais je ne peux résister à l'envie de vous citer ce passage, p.262, où Barker, lui-même homosexuel, parle des homosexuels : « Des hommes que leurs pères et mères, si aimants, si permissifs soient-ils, ne pourraient jamais comprendre comme ils comprenaient leurs enfants hétéros, parce que leurs rejetons gays constituaient des culs-de-sac génétiques. Ces hommes-là se voyaient obligés de se bâtir eux mêmes leurs familles, avec des amis, des amants ou des divas. Ces hommes-là s'étaient inventés eux-mêmes, pour le meilleur ou pour le pire. ») Un livre construit autour d'une myriade de brefs chapitres où l'action connaîtra une ellipse en forme de flash-back de près de cent pages. Un livre, enfin, qui transcende les genres (fantasy ? fantastique ?) pour nous porter vers les rivages de la littérature, la grande, la seule, celle ou l'on prend le temps d'exposer, de creuser, de s'attarder sur le détail pour mieux révéler le fond.
     Dès le début de sa carrière littéraire, avec notamment ses nouvelles chocs réunies dans les Livres de Sang, Clive Barker laissait présager d'un avenir hors norme de créateur de mondes. Il a depuis fait feu de tous bois : une production nourrie qui, qualitativement, a connu des hauts et des bas (avec des romans comme Cabal, assez médiocres). Toutefois ses dernières œuvres, Imajica, le fabuleux Galilée et maintenant Sacrements, font montrent d'une maîtrise qui confirme Barker comme un auteur de tout premier plan, majeur, un point c'est tout. Et un auteur majeur qui donne toute sa mesure, ça vous fait un bouquin mystifiant, triste car lucide, d'une confondante sensibilité, lourd du poids d'un regard porté sur le monde et ce que nous en faisons. Un livre dont on ressort comme sonné, presque K.O., des étincelles derrière les yeux. Sacrements est de cette veine : le sacre d'un auteur-roi.

ORG
Première parution : 1/10/2001
dans Bifrost 24
Mise en ligne le : 8/9/2003

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