Marié à une scientifique, père de deux enfants, Kerian Alister est un bon inspecteur de police, et ses promotions suivent leur cours jusqu'au jour où il arrête un Alphan pour un meurtre dont le seul mobile serait la passion amoureuse. Sauf que ce mobile ne peut pas tenir car les alphans, sorte d'évolution génétique naturelle de l'espèce humaine, sont habituellement incapables d'éprouver la moindre émotion. Sûr de son enquête, Kerian ira jusqu'au bout, jusqu'au procès, jusqu'à sa perte. Désavoué par les juges, il est alors rétrogradé, séparé de sa femme et de ses enfants en raison de son échelon social insuffisant selon les lois en vigueur. A la mort, soit disant accidentelle, d'un généticien de renom dans un accident de la route, l'instinct de Kerian refait surface. Mais le jeu en vaut-il la chandelle ?
Génération Alphane est un polar de science-fiction, genre inauguré par Alfred Bester avec L'homme démoli, suivi de peu par Isaac Asimov avec Les cavernes d'acier. Fan du bon docteur, Frederic Llop s'en inspire largement. Ainsi, on retrouve le détective assisté par une intelligence artificielle — Vicky — à la place de R. Daneel ; tout comme Lije Baley, notre héros est agoraphobe ; la planète où les humains pensent s'expatrier s'appelle Aurore et les habitants seront donc des Aurorains bénéficiant de grands espaces. Ces clins d'œil appuyés ne sont heureusement pas gênants, mais un peu trop présents cependant pour qui est amateur d'Asimov.
Cette œuvre d'anticipation nous présente un avenir assez sombre, où les lois de la cité sont devenues extrêmement contraignantes, où l'apparition d'une mutation génétique importante crée un fossé de plus en plus large entre les Anciennes Souches et les Nouvelles Souches Alphanes, où la seule issue pour repartir du bon pied est l'exil et où, enfin, la nature rappelle qu'elle a des droits et les moyens de les faire appliquer. L'histoire reste quant à elle assez classique, tout comme le style. L'écriture fait la part belle aux aspects visuels, mais s'appuie sur des bases scientifiques visiblement bien documentées.
Génération Alphane se lit comme une très longue nouvelle, facilement, sans embûche majeure. C'est un premier roman qui se veut sans prétention et qui plaira à tous les amateurs des Asimov, Simak et autres « classiques ». Quoi qu'il en soit de ses qualités et de ses défauts, il mérite beaucoup mieux qu'un tirage à 500 exemplaires ! Coup de chapeau au passage à Cap Bear Edition, car rares sont aujourd'hui les petits éditeurs qui acceptent de prendre des paris sur de nouveaux auteurs de science-fiction avec le peu de moyens de promotion dont ils disposent
Fabrice FAUCONNIER (lui écrire)
Première parution : 17/10/2006