« Douze filles engendrées par une succube. Trois anges exterminateurs pour les empêcher d'envahir notre terre. » Brrr, l'accroche fait froid dans le dos, la longue nouvelle qui suit aussi. Car ce n'est pas le suspense, ici, qui est insoutenable, c'est la lecture du texte. Torchée avec le tentacule gauche,
Les 12 filles de Lilith facilitera le transit intestinal de n'importe quel lecteur malchanceux qui trouverait cet opuscule dans ses toilettes. Pierre Dagon (un pseudonyme de a)
H.P. Lovecraft ? b)
Stephen King ? c) Sim ? d) Alain Pelosato ?) est un écrivain d'avant-garde qui fait fi des répétitions, de la concordance des temps, de la syntaxe, du style, de l'imagination et du ridicule pour se concentrer sur le défi qui consiste à chier trente-deux pages d'inepties fanfastico-laracroffo-sexuelles. Une véritable réussite qui, comme l'annonce la couverture, « dépasse les frontières même de l'imagination (sic). » Trêve d'analyse rigoureuse, tout n'est pas mauvais puisque le lecteur suicidaire savourera au détour des pages quelques touches fulgurantes d'humour animalier (« Les chiens se mirent à miauler »), de philosophie orientale (« Le courageux n'est pas celui qui n'a pas peur ; dans ce cas c'est un inconscient. »), de
hard science (« ...les murs formaient des angles non euclidiens, car l'espace, n'est-ce pas, est non euclidien... »), de morale vertueuse (« L'époux était pédophile. Il aimait beaucoup les petites filles. Il en avait deux, mais il ne les avait jamais touchées par terreur de l'inceste. »), d'érotisme (« Le gagnant se plaça devant Goula et sortit son membre de son pantalon. Le phallus ballottait, tête en l'air, preuve du violent désir de l'homme. — Eh ! Faudrait quelque chose pour mettre derrière son cul... »), de sagesse universelle (« Anatole en avait marre d'attendre. Bien sûr, il avait l'éternité devant lui, mais ce n'est pas une raison. »), de rudiments de gynécologie (« — Qu'est-ce qu'il avait son ventre ? — Il était gros et rond ! — Gros et rond ? — Oui, gros et rond : elle avait l'air d'être enceinte ! »), bref, foute l'artillerie lourde digne du fils spirituel de Max Pecas et du Messie Cosmoplanétaire du Mandarom. Pour conclure, Alain Dagon (oups, la boulette !) ne mérite certes pas le Goncourt de la nouvelle, mais se consolera bien avec un
Prix Ozone 2002. Les lecteurs accidentels seront, eux, inconsolables...