Voici le deuxième titre de la série de plaquettes fantastiques éditées par Olivier Raynaud. La Dame est un texte un peu à part dans la production de Pelot, qu'il faudrait peut-être rattacher à certains Fleuve Noir « Angoisse » de l'auteur. Il s'agit d'un fantastique campagnard, proche de la tradition du gothique, imprégné de littérature folkloriste, de relents du terroir. Le personnage de lan, par son côté marin qui a bourlingué et la simplicité virile qui en découle, fait songer aux stéréotypes de la littérature anglaise. Mais c'est là la manière de Pelot : il joue avec les conventions des genres (du western à la SF) sans jamais basculer dans le cliché. Ses variations sont habiles, plus profondes que ce qu'une lecture rapide pourrait le laisser supposer. La Dame apporte une preuve de plus du savoir-faire de l'auteur : le fantastique s'installe lentement, par touches, alors que Pelot s'applique à nouer des liens d'intimité de plus en plus serrés entre les deux personnages. Avec peu de moyens, il finit par tisser une toile de rapports riches et complexes. Le dénouement, dans le plus pur style du Grand-Guignol satanique, ne surprendra pas l'amateur averti de cette variété de fantastique. Quant au fan de Pelot, il retrouvera avec plaisir son style dynamique, à la fois elliptique et prenant, ce qui fait que les cinquante pages de La Dame s'avalent d'une traite. Le tout forme une belle brochure, très bien présentée, sous une couverture d'un rouge sanglant et flamboyant. Du bon travail, à se procurer au plus vite. Comme le disait Gaston Leroux : « Ça va finir par se savoir chez les veaux ». Il faudrait donc que les lecteurs de FICTION les devancent.