Site clair (Changer
 
    Fiche livre     Connexion adhérent
Jade

Jay LAKE

Titre original : Green, 2009
Première parution : Tor, 2009   ISFDB
Traduction de Valéry REIGNAUD
Illustration de Daniel DOS SANTOS

PANINI BOOKS , coll. Éclipse précédent dans la collection suivant dans la collection
Dépôt légal : novembre 2013
Roman, 520 pages, catégorie / prix : 15 €
ISBN : 978-2-80943-456-9
Format : 12,0 x 19,0 cm

L'illustration de couverture est identique à celle de l'EO.


Quatrième de couverture
     Elle est née dans la poussière et la pauvreté d’un village écrasé sous le soleil de l’équateur. Elle ne se rappelle pas de sa mère, elle ne se rappelle même plus son nom. Son plus ancien souvenir remonte au jour où son père l’a vendue à ce grand homme au teint de lait. Dans la cour du Grenadier, où on lui a enseigné à devenir une grande dame et une courtisane accomplie, elle fut baptisée Émeraude, joyau parmi les beautés sélectionnées pour un duc immortel.
     Elle s’est choisi un autre nom : Jade.
     Au centre de ce monde, où les dieux s’immiscent dans les affaires des hommes, règne le duc immortel de la cité de Hautcuivre, qui contrôle tout le commerce de la mer des Tempêtes. Mais le duc n’est pas tout-puissant, et l’œuvre des siècles n’a pas éradiqué tous ses ennemis. Jade a été éduquée pour devenir le jouet des hommes. Certains voient en elle le moyen de parvenir jusqu’à lui, et de le tuer en brisant le sortilège qui le maintient en vie. C’est ainsi que Federo et la Chorégraphe deviendront les seuls amis de Jade, et que la réussite du complot visant à débarrasser Hautcuivre du tyran reposera entièrement dans les mains d’une jeune esclave rebelle.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition ÉCLIPSE, Fantasy (2011)

     Encore méconnu en France, Jay Lake signe avec Jade une bonne surprise, un portrait de (jeune) femme réussi doublé d'une intrigue solide, le tout situé dans un univers au parfum volontiers capiteux mais âpre avant tout.

     Débutant comme le « simple » (et classique) journal d'une petite fille arrachée à une famille pauvre découvrant un monde dont elle ne comprend pas les codes et qu'elle va devoir peu à peu apprendre à maîtriser tout en demeurant à la merci de ses « ravisseurs », le roman prend bien vite une toute autre ampleur... On remerciera d'ailleurs, au passage, les éditions Eclipse pour ne pas révéler les trois quarts de l'histoire via la quatrième de couverture, comme cela arrive encore si souvent. Le contraire eût été regrettable : le lecteur prend peu à peu ses marques, tout comme l'héroïne, dans cet univers qui évoque évidemment un parfum d'Orient, ses couleurs chamarrées et ses modes de pensée, tout en disposant d'une identité propre et même assez marquée. Il y a vite quelque chose de fascinant dans ce récit, tout comme dans le comportement et le témoignage de Jade, dont le caractère bien trempé s'affirme malgré de réelles failles qui ne la rendent que plus humaine, réelle. Elle doute, fait des erreurs. On pourra bien sûr la trouver particulièrement mature pour son âge, voire un peu trop, mais n'oublions pas de tenir compte des circonstances de l'intrigue.

     Divisé en trois grandes parties, l'histoire que brosse Jay Lake sait en tous les cas conserver un véritable fil directeur, tout en prenant le temps de s'étoffer ici ou là. A travers ses personnages — les seconds rôles marquants ne manquent pas — , mais aussi tout simplement via les lieux et les codes de ce monde, quand il ne s'agit pas de ses enjeux. Pour autant, il n'est pas seulement question d'un récit introspectif retraçant le passage à l'âge adulte d'une jeune fille ayant dû grandir trop vite...

     L'apprentissage ponctué d'épreuves que traverse celle-ci donne en effet lieu à plusieurs séquences d'action de haute volée, qui, n'en doutons pas, devraient contenter les amateurs du genre. Sans pour autant que le rythme en devienne échevelé. La question n'est pas là. Le voyage en lui-même compte finalement plus que ses diverses destinations.

     Mais au-delà de tout cela, le roman de Jay Lake ne se refuse jamais à une certaine amertume. Les erreurs se paient. Les regrets ne servent à rien. Le sang et les larmes ne font pas tout. Jade elle-même peut sembler parfois froide, afficher une démarche clinique, mais avec elle, c'est l'émotion qui bouillonne à fleur de peau. Il arrive même qu'elle nous prenne à la gorge sans crier gare au détour de certaines scènes.

     Son histoire nous est contée avec talent, l'auteur disposant d'une plume racée, rehaussée de quelques jolies images, parfois audacieuses, mais aussi régulièrement (trop ?) empreintes de tournures de phrases un peu lourdes. Lake ne s'interdit en tout cas aucun sujet. Le roman est donc avant tout centré sur ses personnages et bien entendu son héroïne en premier lieu, mais sans négliger pour autant tous les autres aspects qui font une bonne histoire.

     Reste une conclusion forcément frustrante — on s'attendait à accompagner Jade encore longtemps — , un troisième acte un rien déroutant qui pourrait bien ne pas convaincre tous les lecteurs et s'avère un bon cran en dessous de ce qui précède... Et pourtant, chaque partie du roman aurait presque pu alimenter un livre entier. La richesse de l'univers est là, de même que la complexité des personnages qui le peuplent.

     Le poids des enjeux se joue de la légèreté des êtres, de la vacuité des existences. Mais il y a des choses que l'on n'oublie pas, peu importe les vicissitudes du destin. C'est aussi le cas de Jade.

Emmanuel CHASTELLIÈRE (site web)
Première parution : 1/10/2011
dans Bifrost 64
Mise en ligne le : 21/2/2013

retour en haut de page

Dans la nooSFere : 87266 livres, 112118 photos de couvertures, 83701 quatrièmes.
10815 critiques, 47155 intervenant·e·s, 1982 photographies, 3915 adaptations.
 
NooSFere est une encyclopédie et une base de données bibliographique.
Nous ne sommes ni libraire ni éditeur, nous ne vendons pas de livres et ne publions pas de textes. Trouver une librairie !
A propos de l'association  -   Vie privée et cookies/RGPD