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La Harpe des étoiles

Johan HELIOT


Illustration de MANDY

MULTIVERS , coll. Science-fiction précédent dans la collection n° (9) suivant dans la collection
Dépôt légal : octobre 2014
Roman, 366 pages, catégorie / prix : 2,99 €
ISBN : 978-2-8068-0024-4
Format : Numérique
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
     Le nomade Teer-Elben vogue sur les fils de la Harpe des étoiles, qui relient les planètes colonisées par les différentes castes de la post-humanité... Un mystérieux commanditaire l'a en effet chargé de retrouver l'Abelle, le vaisseau mythique à bord duquel les Primos, derniers survivants de l'humanité originelle, ses sont enfuis. Et voilà Teer-Elben, manipulé, menacé, traqué ! Il ne peut guère compter que sur son lignage et sur l'étonnante Si'Wu, jeune Diaphane au corps impalpable. Dans l'entrelacs des cordes de la Harpe des étoiles, l'affrontement entre castes posthumaines et humains originels va-t-il resurgir du passé ? La guerre des castes peut-elle détruire le fragile équilibre galactique.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition IMAGINAIRES SANS FRONTIÈRES, (2003)

     Johan Heliot écrit décidément beaucoup, avec la verve d'un feuilletoniste enthousiaste et débordant d'énergie. Après ses débuts dans l'uchronie et le steampunk, son penchant pour les grandes épopées aventureuses l'a tout naturellement conduit à se pencher sur le space opera, un genre justement situé dans la lignée du roman d'aventures.

     Dans un lointain futur, l'humanité originelle de l'ère « primo » a disparu dans l'humanocide des Guerres d'émancipation. Elle a été vaincue et remplacée par les « néos », ces castes d'humains modifiés et hyperspécialisés, adaptés pour la conquête spatiale. Parmi eux, les Mécanis, les Administrateurs, les Technos, les Domos, les Commandants, les Harpistes, les Cryptos, les Berserkers, les Mnemos, les Diplomates, etc. Ils ne ressemblent plus guère à des homo sapiens : par exemple, les Diaphanes ont une structure si évanescente qu'ils peuvent traverser la matière...
     La « harpe des étoiles » est un ensemble de « cordes nanotechnologiques » qui réunissent les différentes colonies et leur permettent une communication facile. Sur ces cordes cheminent inlassablement les Nomades, pour qui le voyage est une fin en soi : « nous sommes le voyage ». Ces éternels voyageurs clandestins sont cependant menacés d'extinction, car nombre d'entre eux sont tués par les cordes assassines du Maître des Mailles, le coordinateur du réseau des Harpes. Contrairement aux autres castes, les Nomades ne semblent pas avoir d'utilité définie et ils pourraient sans doute disparaître sans que personne les regrette...
     Teer-Elben est l'un de ces Nomades qui errent sans but. Lorsqu'on lui propose de partir à la recherche de l'Abelle, le vaisseau mythique qui aurait emmené les derniers « primos », il refuse tout d'abord cette mission. Mais, arrêté pour un meurtre qu'il n'a évidemment pas commis, Teer-Elben va vite comprendre qu'il n'a pas le choix et qu'il doit accepter cette quête pour conserver sa liberté.
     Il y apprendra entre autres quelle est la véritable place des Nomades dans ce jeu d'échecs cosmiques...

     A lire ce résumé, on pourrait se croire dans un roman de Bordage, chez qui le « nomade » est en effet un personnage récurrent. D'ailleurs, la harpe des étoiles est une vision musicale et poétique du voyage spatial qui ne serait certainement pas pour déplaire à l'auteur des Griots célestes.
     Comme Bordage, Heliot a un véritable talent de conteur. Son récit est habile et l'univers qu'il met en scène est riche en possibilités. Néanmoins, malgré de belles images, malgré quelques morceaux de bravoure, l'intrigue ne ménage que peu de vraies surprises. Son déroulement demeure assez conventionnel et son propos superficiel. Si l'on compare ce roman aux Enfants de l'éternité — un space opera des espagnols Redal et Aguilera, paru chez le même éditeur il y a environ six mois — , on ne peut se défendre de trouver Johan Heliot un peu trop sage, ce qui est surprenant de la part d'un auteur qui nous a habitués à des romans plutôt excentriques. Tout se passe comme si Heliot, paralysé par l'ampleur de son univers, avait bridé sa fantaisie coutumière au profit d'une trop grande rigueur.

     Malgré ce classicisme un peu froid, La Harpe des étoiles reste néanmoins un space opera distrayant, qui vaut largement bon nombre des productions anglo-saxonnes du genre.

Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 1/12/2003
nooSFere


Edition IMAGINAIRES SANS FRONTIÈRES, (2004)

     L'année dernière, la production de Johan Heliot s'est littéralement déployée, en s'affranchissant, pour un temps, des mannes de l'uchronie impériale qui avaient fait sa réputation avec La Lune seule le sait, réédité chez Gallimard (et dont la suite est annoncée chez Mnémos), pour investir d'autres champs de l'Imaginaire comme le thriller fantastique avec Obsidio et le merveilleux historique avec Faëries Hackers, deux réussites qui, toutefois, n'ont pas eu que des laudateurs. Voici qu'il s'attaque à un autre gros morceau, ce space opera sur lequel beaucoup d'auteurs francophones se sont cassés la plume. Et il le fait avec l'ambition et l'énergie qui le caractérisent.

     Teer-Elben est un virtuose de la Harpe des Etoiles qui relie entre eux les mondes humains, en puisant sa structure dans la trame même de l'Univers. Mais, à l'instar de tous ceux qui voyagent le long des cordes, Teer-Elben le Nomade est un Néo, un être synthétique créé par les Primos, les hommes originels qui se sont exilés dans les Confins après avoir perdu la guerre contre leurs créations. Aussi, lorsqu'un mystérieux commanditaire, surnommé Le Masque, le charge de retrouver l'Abelle, l'arche stellaire des Primos, Teer-Elben puise dans les sagesses de son lignage la force d'accepter une quête d'autant plus prégnante que le fragile équilibre des castes sur lequel repose la société des Néos est peut-être en train de s'effondrer.

     La Harpe des étoiles a les défauts de ses qualités et demeure un ouvrage à mi-chemin entre la réussite et l'échec, selon l'angle sous lequel on l'envisage. Sur le plan de la richesse thématique, le texte de Johan Héliot se pose là. S'il ne révolutionne pas le space opera, à l'instar du cycle de la Culture d'un Iain M. Banks, il en métabolise les composantes et fonctions traditionnelles et en invente de nouvelles. L'exploitation de la notion cosmologique de cordes, les fondements génétiques de la société des Néos, l'extraordinaire diversité culturelle des castes, etc. Heliot lorgne du côté d'Etoiles mourantes de Dunyach et d'Ayerdhal, sans jamais en rougir, tout au contraire. Mais il y a fort à parier qu'il aura les mêmes détracteurs que ses prédécesseurs, car une fois passée la flamboyance de l'idée, le lecteur doit encore digérer le récit. Et c'est bien là que casse l'une des cordes de La Harpe. Il y a tant de castes, tant de personnages hauts en couleurs aux motivations croisées, que le lecteur subit une sorte de pression qui écrase les enjeux, les rendant flous. Heliot est l'un des meilleurs auteurs de la nouvelle génération. Il a des moyens et des ambitions. Le problème est que la croissance des premiers est arithmétique, celle des secondes exponentielle. Peut-on vraiment lui en tenir rigueur, alors qu'il fait scrupuleusement ses gammes quand d'autres, vaniteux, s'imaginent écrire des symphonies ? Gageons que notre homme-orchestre n'a pas encore dirigé ses meilleures œuvres...

Ugo BELLAGAMBA
Première parution : 1/1/2004
dans Bifrost 33
Mise en ligne le : 1/3/2005


Edition IMAGINAIRES SANS FRONTIÈRES, (2003)

     Depuis 5000 ans, l'humanité d'origine a cédé sa place aux Néos : organisés en castes selon leurs variations sur le modèle humain, ils ont exterminé ou mis en fuite leurs créateurs et se sont approprié leur empire galactique. La cohésion en est assurée par un réseau de Harpes célestes, regroupant les faisceaux de communication à proximité de chaque planète. Au centre de la toile, le Maître des Mailles. Et, dissimulés dans ses fils, jouant à un cache-cache mortel avec les sbires du Maître, la caste rebelle des Nomades. Eux seuls maîtrisent un procédé de communication interstellaire instantané indépendant du réseau des Harpes.

     Le Nomade Teer-Elben a été contacté par un commanditaire mystérieux qui veut le lancer sur la piste de l'Abelle, le vaisseau à bord duquel avaient disparu les derniers primo-humains, et qui serait sur le point de réapparaître. Dans la plus pure tradition du roman noir, Teer-Elben refuse, est victime d'une machination judiciaire, et n'a plus d'autre choix que d'accepter et d'entreprendre un voyage qui va lui révéler les coulisses de l'univers (néo) humain. Se joignent à lui Si'Wu, une Diaphane qui peut à volonté se fondre dans le corps de ceux qui l'entourent, Vrinim'org, animal de compagnie extra-terrestre qui permet la communication de données mentales, et surtout un garde du corps aux ordres de son commanditaire, la mercenaire Berserker OgReï.

     Johan Heliot, qui a certainement lu Iain M. Banks (et d'autres), maîtrise brillamment les figures imposées du space opera : des plus anecdotiques (dans les noms propres, majuscules au milieu et apostrophes sont de rigueur) aux plus fondamentales (en train de passer à l'âge adulte -Teer-Elben souffre encore de la séparation d'avec son père -, le protagoniste est accompagné dans sa quête par un petit groupe de familiers). Il n'oublie pas de mettre en scène lieux extraordinaires (comme le Crâne, planétoïde artificiel où réside le Maître des Mailles) et forces de l'univers. Son usage de fragments d'astrophysique ne camoufle pourtant pas la nature poétique de l'univers mis en place — son réseau de Harpes, regroupant des « faisceaux » dont on ne saisit pas bien la nature, électromagnétique ou matérielle (ou sans doute rien de tout cela), en est un bon exemple. Grâce à des retournements de situation fréquents et à une galerie de personnages inhabituels, on est sans cesse accroché. Deux bémols : l'usage de l'ellipse narrative (passer sous silence des événements-clés pour ne les relater que quelques pages après au lecteur tenu en haleine) tourne au système ; les combats finaux m'ont paru emberlificotés.

     D'Heliot, on attend aussi du politique. Cette fois-ci, il est plus flou : le mouvement émancipateur anti-Castes ne joue qu'un rôle mineur. Plus intéressants, trois personnages féminins entourent et guident Teer-Elben, falot par comparaison. Et le statut des Nomades, clé finale de toute l'intrigue, ne peut manquer de renvoyer à celui des immigrés dans notre société (léger, le trait est souligné par l'habillement de Teer-Elben, qui ne se sépare jamais de sa chéchia). Pas de message direct, mais un livre riche et réussi, d'une étonnante efficacité comme distraction. Décidément, Heliot a plus d'une corde... à sa harpe.

Pascal J. THOMAS (lui écrire)
Première parution : 1/12/2003
dans Galaxies 31
Mise en ligne le : 7/12/2008

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