Un nagevide, une créature titanesque qui parcourt l’espace profond au gré des vents cosmiques. Sauf que celui-ci est mort, réduit à l’état de carcasse en décomposition capturée par la gravité d’une géante gazeuse orange et violette, un chaos instable de chairs boursouflées grouillant de créatures parasites aussi létales que fascinantes. De quoi éveiller l’intérêt de Yanna et Hilleborg, contrebandiers en mal de fortune embauchés par deux jumeaux aussi fusionnels que richissimes pour explorer la bête. Yan, qui a grandi sur un nagevide et connaît leur écologie par cœur. Hilly, dont ne subsiste que la tête après un séjour forcé dans une prison dérivante… Un attelage étonnant pour une expédition qui ne l’est pas moins, et qui pourrait rapidement virer au cauchemar. D’autant que le corps du nagevide abrite un secret, et qu’il n’est pas le seul…

« Une SF vive, saillante, politique, parfois acide, toujours surprenante. »
LA MÉTHODE SCIENTIFIQUE - FRANCE CULTURE

[texte du premier rabat de couverture]

Rich Larson est né au Niger. S’il a vécu aux États-Unis, en Afrique du Sud, en Espagne ou à Prague, il a pour l’heure posé ses valises à Montréal. Entre ses débuts en 2011 et aujourd’hui, il a publié plus de deux cents nouvelles, souvent reprises dans les Year’s Best les plus prestigieux du domaine, et saluées par plusieurs prix de lecteurs. En France, le recueil La Fabrique des lendemains (Le Bélial’, 2020) a d’emblée raflé le Grand Prix de l’Imaginaire, avant que le roman Ymir (Le Bélial’, 2022) confirme le stupéfiant talent de cet auteur de 31 ans désormais considéré comme le fer de lance d’une SF post-eganienne survitaminée qui pulvérise les codes du genre. Barbares, ici publié en avant-première mondiale, en est la parfaite illustration : un planet opera à nul autre pareil, manière de chasse au Snark résolument punk shootée au sense of wonder.

Rich Larson, l’une des figures montantes de la science-fiction contemporaine, s’est fait connaître en France grâce à la compilation de ses nouvelles publiée sous le titre La Fabrique des lendemains.

Avec Barbares, nous retrouvons la touche Larson : un univers sombre et très organique, où la technologie et la biologie se mêlent de manière fascinante.

L’histoire suit deux mercenaires, Yanna et Hilleborg — ce dernier arborant une particularité physique pour le moins singulière — chargés d’escorter deux jumeaux, X et Y, dans l'exploration d'un nagevide : une gigantesque créature spatiale dont l’allure évoque celle d’une baleine dérivant dans le vide, morte et en pleine décomposition. Sa carcasse offre un écosystème foisonnant de parasites et de formes de vie opportunistes accrochées à sa surface. Un terrain hostile, certes, mais loin d’être une première pour Yanna.

Toutefois, les commanditaires dissimulent un objectif bien plus personnel : retrouver un héritage familial perdu, le biocaveau de la Maison Novak, enfoui quelque part dans les profondeurs du nagevide. Ce qui semble au départ une simple exploration morbide se transforme rapidement en une quête à haut risque, jalonnée de péripéties qui entraînent l’équipée jusqu’au cœur même de la créature.

Bien qu'il s'agisse d'une novella, le récit remplit parfaitement son objectif. L'environnement est décrit avec une précision vivante, si bien qu’on visualise sans effort les personnages arpentant le dos du nagevide. La traduction y joue un rôle clé, et Pierre-Paul Durastanti — jusqu’à présent le seul à avoir traduit Rich Larson en français — parvient à trouver les mots justes pour restituer les néologismes et la richesse de l’univers sans trahir le ton de l’auteur.

Je recommande d’ailleurs une interview de Rich (en anglais) disponible ici. Elle offre un éclairage intéressant sur son processus créatif et sur les différentes inspirations derrière les créatures de Barbares.

En résumé, Barbares offre un univers riche et original qui ne dévoile qu’une petite facette du talent de Rich Larson. Je ne peux que vous encourager à découvrir ses autres œuvres.

Dakow (lui écrire)
Première parution : 30/4/2025 nooSFere