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Léonid doit mourir

Dmitri LIPSKEROV

Traduction de Raphaëlle PACHE

AGULLO (Villenave d'Ornon, France), coll. Agullo Fiction précédent dans la collection
Date de parution : 14 janvier 2021

Réédition
Roman, catégorie / prix : 21,50 €
ISBN : 979-10-95718-88-8

Existe aussi en numérique au format ePub (ISBN : 979-10-95718-89-5).


Quatrième de couverture
En 1964, Léonid est un foetus doué d’une pensée extralucide, omnipotente. Acerbe et misogyne, il livre avec humour ses réfl exions métaphysiques et ses ambitions alors qu’il est encore dans le ventre de sa mère, Ioulia. Celle-ci morte en couches, et son père disparu, le petit Leonid passera son enfance dans un recoin perdu d’un orphelinat pour cas psychiatriques, où il se découvrira le don de voir à l’envers et plus tard, celui de lévitation.
En 2005, Angelina, 82 ans, tireuse d’élite à la retraite, est mannequin et sait pressentir la mort des hommes. Lors d’un contrôle de santé, son médecin fait une découverte étonnante : si sa peau est ridée et détendue, ses cellules ont gardé la vitalité de ses vingt ans…
Que peut-il advenir d’une rencontre entre Léonid et Angelina, deux êtres exceptionnels et au parcours si opposé ?
Sur leur route on croisera aussi un lézard magique ; des immortels et une féroce guébiste à moustaches. Nul romancier autre que Lipskerov n’aurait su concevoir des destinées où se mêlent métaphysique, érotisme et aventures fantastiques.
Critiques

[Critique parue exclusivement dans la version numérique de la revue]

 

    Né des œuvres d’un père criminel, exécuté dans les caves de la Loubianka, et d’une mère morte en couches, Léonid débute dans la vie sous des auspices funestes. Interné parmi les enfants attardés, oublié de tous en dépit de ses cris de soiffard, il a heureusement de la ressource à revendre, de l’intelligence à dispenser et une énergie vitale surnaturelle acquise aux tréfonds de la matrice de sa génitrice alors qu’il n’était qu’un embryon accroché à la paroi utérine. Il a aussi la haine pour cette comédie humaine dont il perçoit les effusions pathétiques par le truchement de sa mère. Bref, Léonid est un phénomène.

    À sa manière, Angelina Lébédiéva est aussi un phénomène. L’ancienne femme de guerre, ex-sniper de l’Armée rouge et héroïne de la Grande Guerre patriotique jouit d’une santé de fer dans le corps décati d’une octogénaire. Tout le contraire des hommes auxquels elle s’attache et dont elle pressent la mort prématurée avant qu’elle ne survienne. Refusant les outrages de la vieillesse, elle n’aspire qu’à un élixir de jouvence afin de retrouver la peau de pèche de sa jeunesse.

    Un peu passé sous les radars de la critique de genre, Dmitri Lipskerov est l’auteur de trois romans parus en France. D’abord publié aux éditions du Revif, les droits de son œuvre ont été cédés ensuite à Agullo pour sa collection « Fiction », lui conférant une plus grande audience. Écrivain remarqué de la Russie contemporaine, le bonhomme n’hésite pas en effet à flirter avec le fantastique comme le firent en leur temps Gogol et Boulgakov. Léonid doit mourir relève de cette tradition, permettant à Lipskerov de brosser un tableau caustique de sa terre natale. Entre URSS et Russie post-soviétique, il ausculte ainsi d’un œil goguenard, voire sarcastique, ses contemporains et la société russe. Un pays en proie aux spectres du KGB, à la pénurie, la pauvreté, la débrouille, la corruption et l’absurdité de l’existence. Rien de neuf sous le soleil de l’Est. Entre quête métaphysique et érotique, l’auteur dresse une série de portraits saisissants de drôlerie, ricanant de la médiocrité des rêves de grandeur des uns comme des autres. En dépit de la désillusion imprégnant les vies de Léonid et Angelina, Dmitri Lipskerov ne peut s’empêcher de montrer un peu de tendresse pour ces existences incomplètes, ployant sous le joug du destin, de l’Histoire et de la fatalité, laissant percer quelques fulgurances d’une cruelle lucidité.

    Léonid doit mourir est donc une fable truculente, un récit picaresque dont la beauté baroque et la drôlerie tragique nous submergent sans coup férir. Assurément, voici une œuvre à découvrir.

Laurent LELEU
Première parution : 1/4/2021 dans Bifrost 102
Mise en ligne le : 4/10/2024

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