GOATER
(Rennes, France), coll. Rechute n° 1 Dépôt légal : 2ème trimestre 2016, Achevé d'imprimer : octobre 2016 Première édition Novella, 128 pages, catégorie / prix : 14 € ISBN : 978-2-918647-74-4 Format : 13,0 x 21,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
l'intervieweur est nommé de manière erronée : Terry Brisson
Quatrième de couverture
Comme une critique des chrétiens fondamentalistes et du corporatisme des syndicats américains, une « grève infernale » est le compte-rendu des combats menés pour améliorer les conditions de travail en enfer, notamment celles des démons.
Qui accepterait de travailler 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 et en plus sans salaire ? Emmenés par Jimmy DiAngelo dit Le Pourri, on y retrouve César Chavez, Jimmy Hoffa, John L. Lewis dans un rôle sur-mesure. Cette novella est suivi d’un essai et d’un entretien.
Norman Spinrad est un des écrivains américains de Science-Fiction les plus importants. Il vit désormais en France.
Né le 15 septembre 1940, il est un représentant de la Nouvelle vague littéraire qui a révolutionné le genre dans les années 60 et 70. Il a été rendu célèbre par des livres perçus à l’époque comme de véritables bombes, principalement Jack Baron et l’éternité et Rêve de fer, mais aussi Ces hommes dans la jungle ou les Pionniers du Chaos.
1 - Terry BISSON, « Aucun regret, aucune retraite, aucune reddition » ("No Regrets, No Retreat, No Surrender", 2014), pages 79 à 94, entretien avec Norman SPINRAD, trad. Antoine MOTTIER 2 - L'Anormale nouvelle réalité (The Abnormal New Normal, 2014), pages 97 à 122, essai, trad. Antoine MOTTIER 3 - (non mentionné), Bibliographie, pages 123 à 125, bibliographie
Critiques
Grève infernale est le tout premier titre d’une nouvelle collection « SF » lancée par les éditions Goater. L’éditeur annonce la parution de textes inédits d’auteurs engagés, au format novella, suivis d’entretiens ou d’essais (voire des deux).
Pour avoir dirigé de son vivant un syndicat honni (celui des travailleurs temporaires, autrement dit des « briseurs de grève »), voilà Jimmy Di Angelo projeté en Enfer, dans le cercle réservé aux leaders syndicaux borderlines.
L’enfer selon Spinrad est un empilement de réalités alternatives totalement virtuelles, faites « à cent pour cent d’effets spéciaux ». Les caprices de Lucifer tiennent lieu de règles : il en est le scénariste, le réalisateur et le chef décorateur. Chaque pécheur reçoit un châtiment personnalisé, des sévices à la carte. Pour les syndicalistes : une usine ressemblant à s’y méprendre à un camp de concentration, du charbon à pelleter, des fourneaux à alimenter. Tout cela sous les brimades des démons. Éternellement.
Qu’à cela ne tienne. Afin d’adoucir leurs tourments, Di Angelo et ses camarades n’auront dès lors qu’une seule idée en tête : pousser les démons à se mettre en grève et à revendiquer de meilleures conditions auprès du patron (Lucifer himself). Pas facile pour ces êtres que le Tout-puissant a privés statutairement du droit de penser et d’agir par eux-mêmes…
Sous ses atours de manifeste cégétiste, Grève infernale apparaît comme une parabole sur le libre-arbitre, où la figure du diable se révèle dans toute son ambiguïté : à la fois omnipotente et esclave. Innervée de bout en bout d’un humour pince-sans-rire, la lecture s’avère toujours plaisante. Le seul bémol concerne le niveau de la traduction, qu’on qualifiera poliment de… discutable.
S’ensuit une interview de Spinrad, qui revient sur quelques épisodes marquants de sa vie et sur son parcours d’auteur. L’ensemble est complété par un essai (à charge) couvrant un large pan de l’histoire économique étasunienne : le tableau d’une économie de marché gangrenée par « la finance » et l’impuissance (ou le cynisme) des politiques publiques y font froid dans le dos. La solution de sortie de crise suggérée par Spinrad, bien qu’empreinte d’une certaine naïveté, nous rappelle fort opportunément qu’un autre projet de société, basé sur le partage des richesses et la valorisation du travail, est toujours possible.
Sam LERMITE Première parution : 1/7/2017 dans Bifrost 87 Mise en ligne le : 4/1/2023