MOLTINUS
(Bordeaux, France), coll. Le Rayon vert Dépôt légal : novembre 2019 Première édition Encyclopédie / Dictionnaire, 302 pages, catégorie / prix : 49 € ISBN : 978-2-490972-21-0 Format : 18,5 x 26,2 cm✅ Genre : Science-Fiction
L'illustration de couverture est faite d'après l'illustration de couverture de Space Happy Coloring Book (The Merrill Company, 1953) dessinée par Tran J. Mawicke. Édition reliée.
Quatrième de couverture
L'histoire secrète d'une décennie de science-fiction d'expression française !
Au lendemain de la guerre, certains amateurs de la première heure étaient persuadés que la science-fiction, ce genre qui faisait fureur aux États-Unis, pouvait s’imposer chez nous.
Cet essai, fortement illustré, rapporte le travail de fond que menèrent ces précurseurs pour définir la science-fiction et l’installer dans le paysage éditorial français des années 50, au travers des premières revues et des séries littéraires qui lui furent consacrées : Fiction et Satellite, le Rayon Fantastique, Présence du Futur, Anticipation, Les Horizons Fantastiques, la collection Cosmos, etc. À la suite des Anglo-saxons, on publia ainsi des auteurs du cru qui, après bien des débats, composèrent les écoles modernes de la science-fiction française.
Si certaines de ces collections furent le fruit de la passion, d’autres n’étaient que l’œuvre d’aventuriers de l’édition qui n’agirent que par simple mimétisme éditorial. Parfois brouillonnes et souvent dispersées, ces tentatives firent des années 50 un terreau d’une exceptionnelle richesse pour la science-fiction.
1 - 1950 et 1960. Apparition et décennies d'inspiration pour la science-fiction française, pages 5 à 10, article 2 - V Magazine, pages 11 à 30, article 3 - Boléro, Del Duca, pages 31 à 43, article 4 - "Les Horizons Fantastiques". Éditions Le Sillage, pages 44 à 51, article 5 - "Galaxie". Del Duca, pages 52 à 53, article 6 - Le Retour de Jean de La Hire !, pages 54 à 61, article 7 - Les Auteurs vedettes du Fleuve Noir des origines, pages 62 à 116, article 8 - Petit regard vers les autres collections spécialisées de la période : "Visions Futures", Éditions de La Flamme d'Or, pages 117 à 123, article 9 - Le Mystère Keller-Brainin, pages 122 à 134, article 10 - "Temps Futur" chez Jean Froissart et "Sciences Anticipation" aux Éditions Le Trotteur, pages 135 à 141, article 11 - Apparition des revues : Fiction, pages 142 à 147, article 12 - Les Spéciaux de Dorémieux, pages 148 à 152, article 13 - L'Apparition du mot "science-fiction", pages 153 à 155, article 14 - Autres revues de 1953 : riche année ? Sience-Fiction Magazine, pages 156 à 161, article 15 - Galaxie, pages 162 à 165, article 16 - Super Policier, Super Western Magazine, pages 166 à 169, article 17 - Lisez-Moi Aventures et Le Maître de l'Invisible, pages 170 à 175, article 18 - Quelques autres collections spécialisées : La Série 2000, pages 176 à 189, article 19 - C.P.E., pages 190 à 192, article 20 - Les Éditions du Grand Damier, pages 193 à 203, article 21 - Un premier bilan, pages 204 à 204, conclusion 22 - "Espions de Demain" Éditions de l'Arabesque, pages 205 à 209, article 23 - "Science-Fiction-Suspense" chez Daniber, pages 210 à 215, article 24 - Ditis, pages 216 à 219, article 25 - L'Apparition de Satellite, pages 220 à 229, article 26 - La Science-fiction française dans d'autres collections, pages 230 à 231, introduction 27 - Le "Rayon Fantastique", pages 232 à 250, nouvelle 28 - "Présence du Futur", pages 251 à 261, article 29 - Et ailleurs..., pages 262 à 284, article 30 - Les Décennies du grand partage, pages 285 à 286, conclusion 31 - Index, pages 289 à 297, index 32 - Remerciements, pages 299 à 299, notes
Critiques
[Critique parue exclusivement dans la version numérique de la revue]
Quand le terme de « science-fiction » est apparu en France, dans l’immédiat après-guerre, on a vu naître des supports qui ont fait date, comme les revues Fiction et Galaxie, et les collections « Anticipation », « Le Rayon fantastique » et « Présence du futur », mais aussi des entreprises moins durables ou moins convaincantes. Le but premier de ce livre est de les examiner en détail, d’évaluer leur contenu et de présenter leurs créateurs et animateurs, souvent tombés dans l’oubli.
Deux principes ont guidé son auteur : traiter une période s’étendant de la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à Mai 68, et composer non pas « un ouvrage savant mais (…) plutôt une œuvre d’amateur » et « une promenade curieuse ». Sur le premier point, rien à dire : Mai 68 a représenté une rupture, y compris pour Notre Club. Sur le second, mon opinion est plus nuancée, car il détermine à la fois l’intérêt de l’ouvrage et ses limites.
Cet intérêt – indéniable – est de nous faire découvrir par le menu des collections et des revues éphémères et oubliées : s’appuyant sur une abondante documentation, l’auteur ressuscite toute une galerie d’acteurs du genre, doublés parfois « d’aventuriers de l’édition ». Pour chaque support, on peut lire un historique détaillé de son évolution, des biographies de ses animateurs et un aperçu critique de leurs productions. On découvre alors un véritable bouillonnement créatif, en lequel Francis Saint-Martin voit le creuset de ce qu’est devenue la science-fiction en France, ainsi que des écrivains, des éditeurs, etc., à la trajectoire parfois fascinante, même si les biographies émaillant le texte sont parfois – l’auteur le reconnaît lui-même – de longues digressions.
Mais là où le bât blesse, c’est que le tout ne fait pas vraiment un ouvrage d’histoire, fût-elle seulement éditoriale. La période traitée a été le théâtre de grands questionnements dans la société française, dont la science-fiction s’est souvent fait l’écho. On pense au rapport d’amour-haine avec les États-Unis (voir, par exemple, les réactions de certains lecteurs de Fiction aux textes de Poul Anderson), à la décolonisation (voir, toujours dans Fiction, la polémique autour du roman de Francis Carsac, Ce monde est nôtre), etc. Or, cet aspect de l’histoire du genre est ici passé sous silence, ainsi que la revendication de légitimité qui parcourt cette histoire comme un fil rouge, sans parler des querelles internes à Notre Club, qui eurent parfois leur importance : on pence à celle, célèbre, qui suivit l’interview de Robert Kanters, directeur de « Présence du futur », dans Le Monde en 1967, interview que l’auteur ne cite que brièvement – oubliant au passage qu’elle fut donnée à l’occasion de la parution du centième volume de la collection, le premier roman français publié depuis belle lurette, et omettant de mentionner la tribune libre que rédigèrent en réponse Alain Dorémieux, Jacques Goimard et Gérard Klein. Autre sujet d’insatisfaction pour un ouvrage qui se voudrait documentaire, l’auteur cite rarement ses sources et se dispense de bibliographie. Et s’il y a bien un index, il est uniquement onomastique et tous les noms n’y figurent pas.
En fait, La Science-fiction en France dans les années 50 a été écrit par un collectionneur pour d’autres collectionneurs. En attestent le soin presque maniaque avec lequel sont énumérées toutes les variantes de couvertures de la « Série 2000 » (« vingt-quatre parutions (…) pour plus de quarante volumes physiquement différents ») et le recours au vocabulaire de l’héraldique pour décrire les différents logos de « Science Fiction Suspense ».
Bref, un ouvrage réservé aux initiés souhaitant parfaire leur initiation, et que ne rebuteront ni la maîtrise hasardeuse de la conjugaison, ni la fréquente maladresse du style, ni le caractère incongru de certaines illustrations – je ne parle pas des couvertures de livres et de revues, dont l’abondance et la richesse méritent des louanges, mais des photos de lampadaire, de fauteuil, de transistor, etc., style années 50, et des fonds de page reproduisant, je présume, des motifs de papier peint de la même époque.