A la suite d'une erreur de manipulation - produits dénaturés : la probité n'est plus ce qu'elle était - un magicien transforme en microbe le héros de cette aventure, alors qu'il tentait de le transformer en oiseau. Ce microbe - un vibrion cholérique - découvre avec émerveillement et nous décrit sa nouvelle planète : le corps d'un vagabond, nommé Blitzowski, et ses habitants, les autres microbes, avec leurs croyances, leurs dynasties, leurs aristocraties, leurs sociétés savantes, leur clergé, leur petit peuple.
Les Mémoires du vibrion couvrent trois mille ans du temps microbique - à peu près trois semaines de temps terrestre -, assez pour faire fortune en exploitant les formidables richesses constituées par une dent en or, au septentrion du trimard.
Notre microbe est un personnage très vaniteux, sentimental, égoïste, verbeux et bien souvent incohérent dans son discours - ce qui permet à Mark Twain d'introduire dans son récit une ironie glacée - qui pourrait être voltairienne (on songe à Micromégas) si elle n'était poussée au noir comme celle de Swift. Récit d'humour implacable, critique objectivement impartiale de la vie des microbes et, partant, des hommes dont ils reproduisent les errements, Trois mille ans chez les microbes appartient à la lignée des grandes proses pessimistes et ne déparerait pas une nouvelle Anthologie de l'Humour noir.
Mark Twain (1835-1910), de son vrai nom Samuel Langhorne Clemens, est un des plus célèbres écrivains américains. Il a écrit en 1905 Trois mille ans chez les microbes. Le texte appartient à la série des récits noirs, inédits en France, dont les Editions de la Différence publieront prochainement un choix.