Site clair (Changer
 
    Fiche livre     Connexion adhérent
Perles

CHI Ta-wei


Illustration de (non mentionné)

L'ASIATHÈQUE (Paris, France), coll. Taiwan Fiction précédent dans la collection
Date de parution : 26 août 2020
Dépôt légal : 3ème trimestre 2020, Achevé d'imprimer : août 2020
Première édition
Recueil de nouvelles, 216 pages, catégorie / prix : 19,50 €
ISBN : 978-2-36057-253-3
Format : 14,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction

Le récit inédit « Perles » a été écrit spécialement pour ce recueil.
Dans le recueil original publié à Taiwan, les titres en français « La guerre est finie » et « L'après-midi d'un faune » figurent à côté des titres en chinois.
Chaque nouvelle est suivie d'une postface de l'auteur.


Quatrième de couverture

Une foule d'êtres insolites, sirènes, faunes, androïdes, mangeurs d'insectes, enquêteurs intergalactiques, rôdent dans les pages de ce recueil de nouvelles. Avec son écriture expérimentale mais toujours sensible, Chi Ta-wei invente des mondes à venir qui, tout en ressemblant étrangement au nôtre, révèlent les poisons qui le rongent et s'efforcent d'en trouver les antidotes. Après Membrane, roman de science-fiction puissant et poétique sur les mutations du corps et de la mémoire, il interroge ici les dérives de nos sociétés techniciennes et la normativité de nos identités.

Chi Ta-wei (né en 1972) est l'une des voix les plus singulières de la littérature mondiale de l'imaginaire. Il est l'auteur de plusieurs romans et de nouvelles fantastiques et de science-fiction. C'est une figure importante des mouvements de défense de la cause homosexuelle sur l'île de Taiwan. Membrane (publié en français par L'Asiathèque en 2015 et par Le livre de poche en 2017) est considéré comme le premier roman « SF queer » de langue chinoise.

Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Gwennaël GAFFRIC, Avant-propos, pages 7 à 8, introduction
2 - Perles (珍珠 [Zhenzhu], 2020), pages 9 à 36, nouvelle, trad. Gwennaël GAFFRIC
3 - L'Après-midi d'un faune (牧神的午後 [Mushen de wuhou], 1995), pages 39 à 49, nouvelle, trad. Gwennaël GAFFRIC
4 - La Guerre est finie (戰爭終了 [Zhanzheng zhong le], 1996), pages 53 à 87, nouvelle, trad. Olivier BIALAIS
5 - Éclipse (蝕 [Shi], 1995), pages 91 à 125, nouvelle, trad. Pierrick RIVET
6 - Au fond de son œil, au creux de ta paume, une rose rouge va bientôt s'ouvrir (他的眼底,你的掌心,即將綻放一朵紅玫瑰 [Ta de yandi, ni de zhangxin, jijiang zhanfang yi duo hong meigui], 1995), pages 127 à 170, nouvelle, trad. Gwennaël GAFFRIC
7 - La Comédie de la sirène (美人魚的喜劇 [Meirenyu de xiju], 1995), pages 173 à 206, nouvelle, trad. Coraline JORTAY
Critiques

Après Membrane, paru en 2015, Perles est le deuxième livre édité en France de Chi Ta-Wei, écrivain taiwanais. C’est un recueil de 6 nouvelles dont 5 écrites au milieu des années 90, avant que l’auteur s’installe aux Etats-Unis, et d’une sixième datée de 2020, alors que Chi est revenu à Taiwan. Comme l’explique dans sa préface Gwennaël Gaffric, anthologiste et traducteur d’une partie du recueil, l’auteur est aussi investi dans les mouvements LGBT locaux. Le pays, sorti de la loi martiale en 1987, découvrait depuis peu la démocratie et les premières associations LGBT apparaissaient lorsque Chi Ta-wei a commencé à écrire. Revendiquant son homosexualité, l’auteur utile la science-fiction pour aborder le sujet, en construisant des sociétés post-patriarcales où les hommes peuvent, entre autre, fonder une famille.

Le recueil commence justement par ce texte éponyme, « Perles », certainement le plus expérimental. Dans ce monde où des extra-terrestres ont supprimé tous les parents (car source de traumatismes des enfants), nous suivons un couple homosexuel, Grand Ours et Petit Lapin, leur adéquation sexuelle déterminée par la Fréquence des Pulsions D’Intimité (FPI), la rencontre de Petit Lapin avec un autre être et leur « imbrication ». Texte original et surprenant, voir déroutant. La nouvelle suivante, « l’après-midi d’un faune », nous fait vivre la rencontre de deux garçons autour d’un dessin. Si l’écriture de ce texte « fantastique onirique » selon l’auteur permet de le lire avec un certain plaisir, il parait néanmoins un peu vain.

« La guerre est finie » est un retour à la science-fiction la plus mainstream, avec cette androïde femme de soldat, véritable esclave ménager, dont la seule évasion est une relation naissante avec une autre androïde, relation qu’elle ne s’explique pas vraiment.  Un texte efficace aux métaphores assez transparentes. « Eclipse » fait aussi dans la métaphore, avec la relation ambigüe entre deux frères, dont l’un est atteint d’une maladie, l’AITS, qui le conduit au tabou ultime de cette société : manger des insectes.

« Au fond de son œil, au creux de ta paume, une rose rouge va bientôt s’ouvrir » est certainement la nouvelle la plus vertigineuse du recueil. Drogue, mythologie grecque et références à Blade Runner font de cette utopie queer une expérience singulière, pas forcément toujours compréhensible mais toujours stimulante. Enfin, « la comédie de la sirène » est une variation humoristique sur la Petite Sirène, agrémentée de références shakespearienne.

Perles est un recueil riche et provoquant. Ses thèmes, son esprit et son écriture ne parleront certainement pas à tous les lecteurs, mais raviront les amateurs de textes originaux.

 

René-Marc DOLHEN
Première parution : 5/2/2021 nooSFere


    Deuxième ouvrage publié en France de Chi Ta-Wei, auteur taïwanais à l’imaginaire si original, Perles est un recueil de six nouvelles : l’une datée de 2019, les cinq autres écrites entre 1995 et 1996 – un quart de siècle d’écart, période pendant laquelle l’écrivain a laissé de côté l’écriture.

    « Perles », nouvelle éponyme, a été spécifiquement écrite pour ce recueil français. Elle est très proche de Membrane, long texte paru en 2015 par chez nous (cf. Bifrost n°81). On y retrouve cette même idée de produit apposé à même la peau, comme une sorte de crème, et qui, une fois retiré et analysé, livre des myriades d’informations sur la personne ainsi enduite. Les protagonistes de « Perles » subissent ainsi une pluie étrange, projetée par des extraterrestres dont on n’aperçoit que les vaisseaux. Une fois séchée, la gangue qui les a recouverts est aspirée et analysée par ces formes de vie supérieures. Conclusions de cette observation : les parents sont à l’origine de la plupart des cauchemars de leurs enfants. CQFD : les extraterrestres font disparaître les parents. C’est le Ravage, à l’origine de bouleversements sociétaux gigantesques. Chi Ta-Wei met alors en scène des hommes et des femmes, rétifs à tout engagement, mais poussés par le gouvernement à se marier pour permettre à l’humanité de perdurer. La sexualité y est libre, d’autant que les corps sont modifiés. Les personnages principaux sont mutilés : lors de leurs rapports sexuels, ils s’imbriquent l’un dans l’autre, comme dans un Meccano. Ode à la tolérance et à l’autre, « Perles » est un texte d’une richesse folle, preuve de la capacité de l’auteur à créer des mondes originaux en peu de pages.

    Qualité qu’on retrouve dans « La Guerre est finie ». Le personnage principal est une « personne artificielle à usage domestique », créée pour servir de compagne aux soldats pendant une guerre longue et lointaine. Ces aDomes sont censées tenir la maison en l’absence de leur époux et, quand ils sont là, les nourrir et satisfaire à tous leurs besoins. On peut bien évidemment penser à la série suédoise Real Humans (2012 contre 1996 pour la nouvelle). Le propos est le même : ces êtres artificiels, fabriqués par l’homme, ont-ils droit à une existence autonome, indépendamment de leurs « créateurs » ?

    Court passage par le polar expérimental agrémenté de drogue avec « Au fond de son œil… », qui utilise à nouveau le pronom « tu » pour plonger le lecteur dans un récit hybride, perturbant au début, mais extrêmement maîtrisé. Le réalité n’est décidément pas ce qu’elle paraît être.

    Autre société originale et pourtant si proche de la nôtre avec « Éclipse », qui met en scène deux frères très liés, dont un mangeur d’insectes. Pratique dangereuse, parfois, car certains peuvent être atteints d’AITS (acronyme rappelant le SIDA). Le regard porté sur les protagonistes, dans un pays où l’homosexualité est la règle, fait un écho décalé avec ce que vivent les Taïwanais.

    Un thème de la sexualité omniprésent dans ce recueil, qui interroge sans cesse nos rapports avec l’homosexualité – entre autres. Dans « La Comédie de la sirène », réécriture amusante du conte d’Andersen, elle est présentée comme une solution évidente face au machisme débilitant d’une partie de la société taïwanaise. La petite sirène ne s’y laisse pas détruire par le prince, grossier personnage imbu de lui-même. Une petite dose de happy end bienvenue en fin de recueil.

    Gwennaël Gaffric fait beaucoup pour la découverte, en France, des littératures de l’Imaginaire taïwannaise. On lui doit notamment la traduction de La Guerre des bulles de Kao Yi-Feng (Bifrost n°91), ou bien encore celle de Membrane évoquée plus haut. Ici, il s’avère à l’origine de l’écriture de la nouvelle « Perles ». Une implication remarquable qu’on ne peut que saluer, surtout lorsqu’elle permet de lire un auteur de la trempe de Chi Ta-Wei, original, cultivé et sensible, ô combien bienvenu dans la littérature actuelle.

Raphaël GAUDIN
Première parution : 1/1/2021 dans Bifrost 101
Mise en ligne le : 16/6/2024

retour en haut de page

Dans la nooSFere : 87299 livres, 112251 photos de couvertures, 83735 quatrièmes.
10815 critiques, 47167 intervenant·e·s, 1982 photographies, 3916 adaptations.
 
NooSFere est une encyclopédie et une base de données bibliographique.
Nous ne sommes ni libraire ni éditeur, nous ne vendons pas de livres et ne publions pas de textes. Trouver une librairie !
A propos de l'association  -   Vie privée et cookies/RGPD