Il s'appelle Gaspard de la Nuit. Son premier livre, Mot de passe : passion a été composé en 48 heures sur un Grandjaspin Rocket flambant neuf avec Adverbes Flottants et Suspense à injection. Il lui a apporté la dernière touche avec un Supersabir Simon.
Ex-plongeur dans un restaurant français, Gaspard de la Nuit a élargi son expérience professionnelle comme steward d'astronef, aide-avorteur pour les Renseignements Généraux, chauffeur de taxi à Montmartre, élagueur dans les forêts du Canada français. Il a étudié le divorce interplanétaire en Sorbonne. Il a été missionnaire huguenot des martiens noirs et pianiste en maison de joie. Sous l'influence de la mescaline, il a revécu la vie infâmante de cinq célèbres proxénètes parisiens avant de passer trois années en hôpital psychiatrique.
Dans le style casse-cou de son compatriote le commandant Cousteau, il fut le témoin des rites sanguinaires des tritons vénusiens... Mais ce n'est pas Gaspard de la Nuit qui a écrit Génies en boîtes, c'est Fritz Leiber, l'un des écrivains les plus versatiles de la S.F. moderne, l'auteur du Vagabond et A l'aube des Ténèbres. Fritz Leiber qui, ici, met à feu et à sang la littérature, les écrivains, les éditeurs, en nous projetant sans égard dans un avenir où les romans sont produits en série, en tranches, en atomiseurs, par d'inquiétantes machines de lettres. Un avenir lointain ?...
Critiques
Critique tirée de la rubrique « Diagonales » signée par Alain Dorémieux
Aargh ! Encore de la grosse rigolade sur mesures. Lisez « Anti-mondes », la collection de SF qui fait pschitt ! Il faut reconnaître que le grand Fritz Leiber a souvent été mieux inspiré que dans cette laborieuse satire. Par exemple dans Un spectre hante le Texas, paru en feuilleton en 1971 dans Galaxie. Au départ du roman, dont le titre original est The silver eggheads, il y a simplement une expression prise au pied de la lettre. Les intellectuels aux U.SA. sont souvent qualifiés — avec dérision — de eggheads (têtes d'œuf). Dans la société dépeinte par Leiber, ils le sont vraiment devenus, car ils sont réduits à l'état de cerveaux encapsulés dans des boîtiers ovoïdes. A partir de cette donnée, prolifère une intrigue idiote, conçue par un Leiber en état de déglingue notoire, qui devait cette année-là (le bouquin date de 1961) forcer sur la bouteille à peu près autant que Dick à certaines périodes sur le LSD. Ce roman parut primitivement aux Etats-Unis dans la revue Fantasy and Science-Fiction, à laquelle Fiction était à l'époque reliée par contrat exclusif. Il aurait donc dû être traduit dans Fiction, qui en avait les droits, mais dont le rédacteur en chef jugea qu'il n'en valait pas la peine. Aujourd'hui il n'a toujours pas changé d'avis.