Après La Massacreuse, roman inqualifiable, Axelman nous revient avec une oeuvre aussi délirante. Sous une histoire de vampire à la sauce humouristico-gore, Axelman s'en prend cette fois aux thèmes classiques de la littérature fantastique et les passe à la moulinette d'un humour grinçant et parodique Rien de sérieux dans ce livre. Qu'on en juge plutôt.
Page 13 : « II y avait dans son regard cette douce ferveur qu'autorise seulement la foi judéo-chrétienne ou l'irrésistible envie de pisser ». On appréciera à sa juste valeur le lien de parenté évident qui unit les deux termes de la comparaison. Pensée profonde.
Page 14 : (cela se passe à bord d'un avion) « Les lupanars servent aussi à s'envoyer en l'air, mon commandant... » L'humour d'Axelman atteint ici des sommets tels qu'après cela, on ne pourra plus dire de lui que sa prose vole au ras des pâquerettes ! Pensée haute.
Page 71 : « Bon sang ! qu'est-ce qu'on en aura à raconter à nos petits-enfants », pensa un pédéraste silésien dont le cul écorché macérait dans un clapotis de miasmes putrides... » A méditer profondément. Pensée mystique.
Page 85 : « C'est la superfétatoire perfection dans le mixage, le toujours primal cri des vierges lolitesques équalizé dans le big chaudron des dantesques studios ». Dante lui-même en perdrait son latin... Pensée dantesque.
Page 136 : « II raccrocha sans attendre que l'autre en fasse une diarrhée, parce que ces petits cons de demi-parvenus qui pensent que le nirvana testiculaire tient dans la constante érection du dollar... » Formule poétique qui démontre le rapport étroit qui existe entre les fluctuations de la bourse et la spiritualité du nirvana testiculaire... A méditer.
Voilà, j'en passe, des vertes et des pas mûres. Axelman, c'est avant tout un style coloré, corrosif, décapant, de l'humour à la pelle, des calembours, des jeux de mots et beaucoup d'autres choses inqualifiables. Notons aussi dans ce livre des références aux grands maîtres du genre (Bram Stoker, Joseph Sheridan Le Fanu,...) Ce livre sur le non-sens est évidemment à déconseiller aux rationalistes aigris et grincheux qui, de toute manière, ne sauraient l'apprécier à sa juste valeur.
Un bon moment de détente en perspective. De temps en temps, cela ne fait pas de mal.
Frédéric KURZAWA
Première parution : 1/7/1989 dans Fiction 410
Mise en ligne le : 1/3/2007