Quatrième de couverture
La créature jaillie d'un recoin sombre et se précipita sur les nouveaux venus. Ses mâchoires à la force surhumaine se plantèrent dans une épaule et arrachèrent un morceau de muscle écarlate. Une ivresse de mort s'empara du groupe. Des griffes éraflèrent visages et poitrines. Des dents claquèrent, broyant membres et gorges.
Critiques
Après Clip de sang qui nous avait présenté un groupe de rock aux prises avec une créature maléfique, l'auteur récidive dans la description d'un fantastique quotidien avec cette fois comme toile de fond l'univers de la drogue et de la prostitution, les camés qui se shootent, les accros qui s'éclatent à l'acide ou les junkies qui se bourrent de pétards pullulent à travers tout le livre. En somme, c'est la défonce complète et garantie. Et comme on l'aura constaté à la lecture de ces pages mémorables, la langue française se trouve enrichie d'un vocabulaire spécialisé, aussi diversifié qu'évocateur, digne de figurer un jour dans les pages du non moins prestigieux Littré, dictionnaire de la langue française. Mais arrêtons là cette digression et revenons à nos moutons. La mort noire, c'est évidemment une nouvelle drogue, une drogue révolutionnaire qui renvoie toutes les autres formes d'acides à des années-lumière de chez nous. Le pied, quoi ! Ce qui se fait de mieux dans le genre pour décoller, pour s'envoyer en l'air en prenant son pied. Le nec plus ultra de la toxicomanie. Mais attention ! La mort noire, c'est aussi une drogue qui se propage comme une épidémie (rien à voir avec la peste) et dont l'origine reste mystérieuse. On se perd en conjectures. Est-elle importée d'Asie, peut-être d'Afghanistan, à moins qu'elle soit d'origine extraterrestre ? Allez savoir... Toujours est-il que ses effets sont radicaux. Que dis-je ? Catastrophiques !... Il suffit de voir le résultat. Des dizaines de corps qui sont transformés en paquets de chair sanguinolente. Faut reconnaître qu'en matière de trip, cela fait plutôt tripes. No comment... Cela dit, toutes ces victimes ont en commun d'avoir acheté de la drogue miracle à la même personne, une étrange femme qui absorbe le flux vital des malheureux qui l'approchent ne trop près. Comme quoi, il est bon de tenir ses distances quand une femme que vous ne connaissez pas vous aborde. Cette créature maléfique se conduit comme une sangsue qui se nourrit des ondes vitales de ses victimes. Voilà qui est pour le moins insolite. Jusqu'à présent, Christian Vila ne m'avait pas vraiment convaincu, ses précédentes prestations manquent d'originalité, beaucoup trop calquées sur le modèle du gore traditionnel. Cette fois, son récit est plus fantastique, plus proche des productions de la défunte collection Angoisse. C'est sans doute son meilleur roman à l'heure actuelle. Il pourra sans doute faire mieux à l'avenir, mais en attendant ce livre n'est pas à négliger. Frédéric KURZAWA Première parution : 1/5/1988 dans Fiction 397 Mise en ligne le : 16/6/2007
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